Avignon – Gabrielle Roy – danse non – danse oui - gymnases
Je suis partie vers dix heures dans la ville en suivant très jeunes pas, sans arriver tout à fait à croire posséder leur fraîcheur.
dans un tout petit aimable début d'animation de la rue, chez mon teinturier/blanchisseur.
Ai déposé mon tas et comme les draps à ramener n'étaient pas prêts, comme j'étais presque ferme, j'ai décidé de tenter d'aller voir, en flânant un peu pour ne pas être trop en avance, «la détresse et l'enchantement» à l'espace Saint Martial (le théâtre éphémère à la bonne programmation abrité par le temple)
Les Pénitents blancs se dotaient d'un auvent et d'un rempart de tulle (ou le semblaient)
J'ai rencontré (repérés là, croisés et salués ensuite) deux de mes bons samaritains de la veille,
suis passée sous la porte d'affiches,
et j'ai grimpé, avec la petite trentaine de spectateurs, de mon âge ou plus, vers la petite salle pour m'assoir devant un plateau très noir, dans une semi-pénombre, avec sur la gauche un pupitre de commande derrière lequel est installée Marie-Cécile du Manoir qui outre cela (et parfois c'est Emmanuel Galliot, le musicien, chargé aussi des voix masculines, qui le manipule) joue la mère et les silhouettes féminines, des instruments de musique dont un grand gong qui servira aussi de support à de petites projections, et des caisses multi-usage.
Arrive Laure-Marie Laffont, qui a adapté le livre, assure la mise en scène et joue Gabrielle Roy, parvenant à évoquer une jeune femme.
Un jeu au début, surtout de la mère, neutre, sobre, au service du texte, peut être excessivement, légèrement scolaire, mais peu à peu Laure-Marie Lafont trouve plus de luminosité, de vie. (cette jolie phrase dans le texte : «la joie a sauté sur son visage»)
Sur la feuille qui m'avait été donnée : «En pleine crise financière, celle de 1929 en Amérique du Nord, Gabrielle Roy n'en peut plus de sa province natale. Elle veut se libérer de l'emprise familiale.... Aller voir comment est le monde de l'autre côté de la colline. Incertitudes, combats, exils, itinérance, humour, désarroi de la passion, conquête de soi... Sur scène, l'inextricable mélange de détresse et d'enchantement qu'est l'existence humaine.»
retour – cuisine, déjeuner tardif, sieste, renoncement las et peureux à partir vers 16 heures 30 pour la première séance au gymnase du Lycée Mistral des spectacles de Cindy Van Acker (deux spectacles à 17 heures et deux à 19 heures, différents mais parents par sa recherche d'une certaine abstraction) dont j'avais assez peu aimé le sujet à vif «Rosa» avec Mathieu Bertholet. Fait un peu de ménage, cuit des patates, et m'en suis allée vers le gymnase.
Cette année ils nous font entrer par l'ombre (d'ordinaire c'est la fournaise qui règne sur la terre battue de l'autre côté) – j'ai un peu frémi, impressionnée par les beaux gros tuyaux.
mais en fait, en s'installant en haut des gradins la climatisation/glaciation est supportable.
Je regrette un peu d'avoir renoncé aux deux premiers de ces quatre soli, parce que même si on sait à quoi s'attendre, la beauté hallucinatoire de ces danses lentes, où on ne sait plus trop ce qu'on voit, est passablement prenante.
une photo provenant du site du festival et, paresseusement, plutôt que de trier mes notes et souvenirs je reprends leur texte
«NIXE : Emportée dans un hypnotique ballet de bras, Perrine Valli tournoie devant un tapis de lumière. Une tension s'installe jusqu'à ce qu'elle y plonge les mains et s'y engage toute entière. Évoluant entre les néons telle une nymphe dans les eaux, s'offrant à l'espace, à la lumière comme à la partition électronique de Mika Vainio, son corps se fond dans les éléments, jusqu'à se soustraire à toute réalité» parce que, très résumé, c'est cela.
et après l'entracte (assez bref)
«OBTUS Une ligne de néons, un trait de lumière sur lequel le corps se place en équilibre instable jusqu'à flotter dans l'espace, entre méditation, obstination, vol et bascule vers un autre univers de perception. D'apparitions en disparitions, Marthe Krummenacher, ancienne danseuse de William Forsythe, fait preuve d'une expressivité étonnante.» En fait elle est parfois à une certaine distance derrière la ligne et ce corps, éclairé chaudement, doré, dans les mouvements lents des bras et jambes semble celui d'un crabe ou d'un énorme insecte. Parfois elle est très près et on ne voit qu'une jambe, qu'un bras, ou la silhouette brusquement dressée, faiblement éclairée, bleue comme un très étrange poisson. Ma petite douleur s'était réveillée mais je lui imposais calme, toute au spectacle.
Hésitant à en rester là, j'ai tout de même suivi la rue des Lices en attrapant toute source de diversion à ma portée, et n'en manquait pas.
jusqu'à la rue des teinturiers, relativement plus calme cette année (j'ai l'impression qu'il y a un peu moins de gens, même si les spectacles du in sont presque tous complets (pas le cas pour Cassiers à l'opéra)
Voyant la porte des Pénitents gris ouverte, (ils sont annexés à un restaurant ou bar ou je ne sais quoi de provisoire) j'ai eu le temps d'y passer le nez avant que l'on m'indique que les photos étaient interdites
j'ai fendu le groupe des spectateurs en quête de billets pour la vingt cinquième heure d'Antoine Defoort et Julien Fournet, «Cheval» qui a lieu à 21 heures, ce qui, avec les tampons d'oreille distribués à l'entrée de la salle constituent les premiers gags, attendu dans le jardin, sous une ombre agréable, hésitant toujours
me suis installée à côté de la porte, et j'ai jubilé.
«Traité abstrait du ricochet», à propos aussi d'accords musicaux, de l'importance du fa dièse, et du la mineur, entre autres, de leur correspondance avec des paysages, à l'aide de réjouissants bidouillages techniques, d'aspirateurs conducteurs de sons, d'une main-interrupteur, de panneaux intelligents qui réagissent à la frappe d'un ballon, d'un canon à balles de tennis musicales, d'un piano ressort etc... de musique et d'un dialogue slam/dissertation.
retour à travers les tables de la rue des teinturiers, la danse de rue de la rue de la République, le calme de Joseph Vernet, les tables pleines de ma place.
Je pense que je vais abandonner l'expédition à Védène, même si cela me tentait et me contenter du spectacle du soir à l'opéra.
10 commentaires:
Et puisque le spectacle continue..bonne journée à venir...avec ou sans puissant climatiseur
Merveillesssss ces clins d'oeil captés de ci -de -là intervenants entre les spectacles Merci pour cette fraîcheur de pensée
"détresse et enchantement de l'existence humaine"
Arlette
Quelles journées !
Riches balades !
Je te suis...
ben moi je n'arrive pas à te suivre, tu es partout !
Tu es partout dans Avignon, en extérieur, en intérieur, entre deux tu passes chez le teinturier, mais tu te balades aussi rue des Teinturiers, et je ne pense pas que ton teinturier se trouve dans la rue qui porte le même nom et tu te fais cuire des patates par dessus le marché ! Tu me rends dingue !!! Je traine péniblement mes pieds de la rue de la République à chez moi et une fois que j'ai fait cette performance, je m'affale et je ne bouge plus !!!
Et c'est pour nous foutre la honte que tu nous annonces glorieusement que tu vas peut être laisser tomber Vedène au profit de l'opéra, après avoir vu 185 spectacles dans la journée ?
Pffouff, té... j'arrête de taper sur le clavier et je vais aller m'étendre sur le canapé devant le ventilo !!!
n' rien fait qu'une rencontre ce matin, des cheveux lavés, un sommeil depuis (et mes cheveux sont toujours mouillés) tente de me réveiller pour repasser et nettoyer un chouya (et j'ai pris 300 gr hier, sans garantie sur leur persistence mais en gros je grossis, ce qui est lourd à porter, ou un peu)
Mais tu nous laisses dans de beaux draps, aurais-tu récupéré les tiens !!!
Cela dit, tu profites pleinement de tout ce qui est aux bouts de tes doigts, c'est d'une sagesse incroyable.
Sans parler de ton courage, je pense qu'après un seul évènement, je rentrerais, saoulée et heureuse d'avoir vu un beau truc.
A vos côtés je parcours ces rues d'Avignon dans lesquelles j'ai marché, manifesté, flâné, respiré l'air du Sud durant de nombreuses années et je vous remercie de vos belles impressions ; je ressens souvent un peu de nostalgie.
De ce Golfe morbihannais ensorcelant, je vous salue cordialement.
Bonjour brigetoun,
en me baladant sur le net j'ai (re)trouvé votre blog et me suis reconnue sur une photo à la lecture de Sami Frey : merci pour ce cadeau involontaire ! je vous la vole pour la mettre dans mon blog... sourire... ainsi que le début de Molloy dont la lecture a immédiatement fait revivre en moi la voix de Sami Frey.
lireaujardin
http://lireaujardin.canalblog.com/
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