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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, novembre 27, 2010

Hibernante et pilleuselonguet (prévenir)

Je suis réellement une ourse, simplement légèrement insomniaque, ce qui a mis provisoirement fin à mon profond sommeil un peu avant dix heures (et internet, lui aussi tout engourdi de désirs de langueurs, faseillait) – en tentant désespérément d'émerger de mon coton, parce qu'on nous a appris que le nirvana, s'il n'est pas spirituel, est condamnable, en jetant un coup d'oeil sur twitter, avant de voir que fidèlement elle me citait, avant de rêver aux découvertes superposées de la fichaise du jour http://tentatives.eklablog.fr/fichaises-c399152, j'ai découvert ce que Christine Jeanney avait vu en ouvrant les yeux de sa maison. Et me suis rencognée, engourdie, enfouie.

J'ai fait un demi pas dans la cour, pris la gloire dans les yeux, frissonné de tout mon corps, suis rentrée, ai fermé, me suis massé pensivement le bas du dos au dessus du radiateur, suis revenue avec un toast au miel sur internet, ai trouvé encore de la neige, plusieurs fois, et puis j'ai lu les premières contributions à la construction fictive d'une rue lors de « Livre au centre », http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2354, et, en écho, l'après-midi, chez Pierre Ménard http://www.liminaire.fr/spip.php?article1180&var_mode=calcul, ai admiré souvent, ai renoncé à tirer des mots de moi, suis revenue sur mes dernières lectures, ai établi un long pillage, (tant pis pour les visiteurs), un peu au hasard, et l'ai posé, tout cru, comme ça, paresseusement, sans ordre autre que la chronologie de mes découvertes ou re-lectures, ni tentative de présentation, en ponctuant d'un peu de notre ciel, tel que le voyais ce vendredi matin, ou les jours récents quand la lumière nous visitait

« Elle balbutia à travers ses larmes :

– C’est... c’est... c’est donc fini d’être une honnête femme !

Certes, je fus à ce moment sur le point de faire une bêtise, une grande bêtise !... Je ne la fis pas.

Je quittai Berthe en rentrant à Paris. J’aurais peut-être été trop faible, plus tard. »

Maupassant - « Joseph et autres coquineries » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503809/joseph-et-autres-coquineries

« Jamais il n’avait cessé d’écrire et de dialoguer avec ses lecteurs. Il était devenu l’animateur d’un réseau de chercheurs de vie, toujours insatisfaits, toujours en mouvement. Ils ne partageaient aucune idée particulière, sinon la certitude qu’il ne fallait pas s’enfermer. »

Thierry Crouzet «La thune dans le caniveau» http://librairie.immateriel.fr/fr/ebook/9782919248360/la-tune-dans-le-caniveau

«Le champ s'étendait devant eux. Rien n'y poussait, rien d'utile aux hommes c'est-à-dire. On ne voyait pas très bien non plus en quoi ce champ pouvait intéresser les animaux. Les oiseaux devaient y trouver des lombrics. Il était de forme fort irrégulière et entourée de haies malingres, composées de vieilles souches d'arbres et de fourrés de ronces. Il y avait peut-être quelques mûres sauvages en automne. Une herbe bleue et aigre disputait le sol aux chardons et aux orties. Ces dernières auraient pu servir de fourrage, à la rigueur. »

Beckett - « Mercier et Cadmier », si contente de les rencontrer à nouveau ces deux là, et j'ai déjà évoqué ces retrouvailles http://brigetoun.blogspot.com/2010/11/je-suis-allee-chez-le-pharmacien-ce.html

« Une jeune fille grandit dans mes yeux. Plus je les ouvre, plus elle s’étend, se déploie comme un long et large fleuve qui les irrigue. Mes regards purs et pleins d’eau inondent le monde et les choses mouillées ramollissent, prenant leur forme vraie. »

Nikòlas Evandinos – ne sais pourquoi celui-ci parmi les « douze jeunes poètes traduits du grec » par Michel Volkovitch http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503755/douze-jeunes-poètes

« Au coin de la rue Louis-Blanc, les autopompes de la ville de Paris déchargent les excréments dans les égouts. Les employés sont africains. À cent mètres au nord, ils peuvent apercevoir la coupole blanche de la nécropole étrusque du colonel Fabien qui accueille parfois des défilés de haute couture. Le nom de Louis Blanc ne peut plus réveiller mon père malgré leur commune passion pour l'utopie. Sinon il l'entendrait rappeler que la foule est devenue peuple et ajouter deux, trois phrases bien senties. Voilà qui est décidé : le peuple ne se battra plus si le lendemain doit ressembler à la veille. Préparer le lendemain est donc la préoccupation invinciblement commandée aux gens de bien. »

Bernard Chambaz - « Ghetto » cet hommage/discussion

«Sortie de chez soi et de soi ;

Obligation de se détacher de ses préoccupations

Refus de céder à la pression de la rumeur (une communauté fabriquée par les marchands et la réclame) ;

Entrée dans le monde de la discussion, du dialogue qui fait jouer les rapprochements et les éloignements. »

Christian Ruby «Notes sur le travail du spectateur et sur le spectateur au travail de soi» http://www.publie.net/fr/ebook/9782814501935/notes-sur-le-travail-du-spectateur-et-sur-le-spectateur-au-travail-de-soi

« - Tu touches ici à la thèse opposée, lui dit l'abbé. Certains commentateurs déclarent en effet que l'histoire ne donne à personne le droit de juger le portier. Quel qu'il nous apparaisse, il n'en reste pas moins un serviteur de la Loi ; il appartient donc à la Loi ; il échappe donc au jugement humain. Et dans ce cas on doit cesser aussi de le croire inférieur à l'homme. »

Franz Kafka – « le procès »

« Autrement dit un « mot » ne fut jamais isolé (on l'isole après coup au dictionnaire) mais toujours « total refait » (i.e. phrasé) et en formation, « expans-i-on » ouvrant, opérant, le champ figuratif en figures de son « pouvoir-dire quelque chose ; il peut dire « quelque chose » avec les autres : « toute chose », la « chose », n'est pas isolée, mais chose de choses, « nuage » »

Michel Deguy - « De l'illisibilité » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814502178/de-l-illisibilité

« Un projet de roman attisait, si besoin était, ma curiosité du Pays des Aigles. Despotisme, dictature et décervelage serviraient de toile de fond à une intrigue ethno-socio-policière. Le héros, écrivain du dimanche, héritier d’une famille de haute noblesse et fonctionnaire au Ministère des affaires étrangères, allait être invité au colloque. Il y ferait convier son amant, un prolétaire de La Courneuve, deux cents mots de vocabulaire et une syntaxe bancale, en le présentant comme un homme de lettres terriblement taciturne»

Michèle Kahn - « les prunes de Tirana » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503823/les-prunes-de-tirana

«Nous admettrons cette hypothèse : que tout groupe cherche à se maintenir dans l'état dans lequel il se trouvait précédemment.»

Raymond Queneau «Une histoire modèle»

Vous n'avez pas un peu le mal de mer, avec ces sauts par dessus des vides, d'un monde à l'autre, vous qui avez suivi ? Je vous que ça tombe bien (pardon, mais c'est vraiment le hasard)

« S'arrêter face à la mer. Hésiter, un peu, au moment d'affronter les éclats de coquillage qui scintillent et menacent à l'intérieur des rouleaux. Se décider, enfin. Entrer dans l'eau chargée d'écume, forcer, sans tarder, jusqu'aux mollets, jusqu'à la taille, jusqu’aux frissons. Progresser, en sautillant, les mains appuyées sur la peau verte et mouvante. Guetter la prochaine vague, celle qui fera perdre contact avec le fond sableux»

Nicolas Bleusher - «Fictions et confidences » http://librairie.immateriel.fr/fr/ebook/9782919248209/fictions-et-confidences

« La mer commença de se pommeler d'écume alors que nous naviguions en vue de Butachauques, une grande île au pied de la cordillère des Andes, qui protège un groupe de ses petites soeurs.

Le Pumalin, notre goélette de trente tonneaux, était lourdement chargé de sacs d'huîtres, de moules, de cholgas et de choritos, que nous avions collectés au cours d'une tournée des parcs à coquillages des îles Chauques. »

Francisco Coloane - « le golfe des peines »

« Tels qu’un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.»

Arthur Rimbaud - « Les illuminations » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814500051/les-illuminations

« J’ensevelis les morts dans mon ventre. Cris, tambour, danse, danse, danse, danse ! Je ne vois même pas l’heure où, les blancs débarquant, je tomberai au néant.

Faim, soif, cris, danse, danse, danse, danse ! »

Arthur Rimbaud - « Une saison en enfer » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814500044/une-saison-en-enfer

« quand à la blancheur de cette feuille, c'est encore une épaisse couche de peinture comme celle de ce rectangle, au dos du livre que j'ai sous les yeux, au dos du livre que j'ai acheté en plein hiver dans une librairie d'occasion de Chapel Street ; mais ce qu'elle recouvre c'est un miroir, cette épaisse couche de peinture que ma plume gratte, telle une pointe de couteau, que ma plume fait s'écailler, telle une flamme de chalumeau, pour me révéler peu à peu, au travers de toutes ces craquelures que sont mes phrases, mon propre visage dont mes malheurs et mon acharnement lavent peu à peu le noyau de quartz hyalin, mon propre visage et le tien derrière lui, Bleston, le tien miné de guerre intime, le tien qui transparaîtra de plus en plus fortement, au point que l'on ne distinguera plus pour ainsi dire, de moi-même, que le brillement des iris autour des pupilles, et celui des dents autour de la langue, le tien se consumant enfin dans son incandescence amplifiée, cette blancheur que je dénonce, semblable au silence du dormeur que lézarde après coup le souvenir de ses rêves. »

Michel Butor - « L'emploi du temps » - pourquoi diable étais-je passée à côté ?

Bon, vous fais grâce de Lautréamont, parce que le passage merveilleusement éructant que j'avais choisi dans « Poésies » était tout de même vraiment trop long...

Et puis, après une montagne (enfin une colline, un monticule, un tas) de repassage, et diverses autres choses, me suis endormie, ai eu envie de musique, ai regardé « la flûte enchantée », ai réalisé, juste un peu trop tard, avec une confusion à moitié sincère que j'avais un billet pour la représentation « tout public » d'un spectacle de danses pour enfants et plus « zafari et fantasmo ».

Me suis maudite, sans virulence.

9 commentaires:

Lautreje a dit…

un ciel bleu, les volets ouverts, une flûte enchantée, un travail de dentelière... mais point d'ourse à l'horizon !

micheline a dit…

chippé ceci;
"le peuple ne se battra plus si le lendemain doit ressembler à la veille" et une image :l'avant dernière:ces volets ouverts sur le soleil d'une façade..en contrepoint d'un rideau noir

Michel Benoit a dit…

Sortir de chez moi, je sais faire.
Sortir de moi, j'ai pas encore trouvé...

andree wizem a dit…

"prendre la gloire dans les yeux" c'est une belle entrée en matière

joye a dit…

Papa égaya, j'espère !

arletteart a dit…

Sauts par dessus des vides.....pas si vides
la tête me tourne un peu
Saute -nuages- saute -pages

Pierre R. Chantelois a dit…

Un voyage initiatique - selon ma perception - qui va droit au coeur des mots et dans les profondeurs abyssales des émotions. Un peu de neige est tombé sur cette quête habituelle de l'auteure. Toujours passionnante, par ailleurs. Des livres ne sont pas très loin pour accompagner ce cheminement...

nathalie a dit…

Je suis allée voir Zafari et Fantasmo, ai espéré t'y voir, espérais aussi que tu prendrais quelques photos, moi qui pour une fois n'avais pas apporté mon APN.
Un spectacle un peu foutraque qui part dans tous les sens, monté en 4 semaines et donc encore tout en approximations, manquant de cohérence mais amusant, fourmillant de bonnes idées, très joyeux. Les enfants ont été séduits, les adultes aussi.

Brigetoun a dit…

zut tu agrandis mon remords de regrets