Puisque dans ma tartine d'hier, il y avait « les illuminations » de Rimbaud, puisque ce samedi matin j'étais rongée par petit mal, et que carcasse fuyait dans l'engourdissement, la stupidité, je me pare abusivement de fulgurantes images qui ne m'appartiennent pas, et reprend ma tentative de répondre
au « Rimbaud/Remix » de Liminaire, l'autre jour, m'autorisant de son exemple : « L’idée est simple.
Je vous propose de relire le texte de Rimbaud (en texte intégral ci-dessous mais vous pouvez aussi bien mener cette expérience confortablement assis chez vous, avec l’ouvrage que vient de mettre en ligne sur Publie.net), et d’en proposer ensuite votre version remixée.
L’écriture comme lecture. C’est une expérience qui vaut le détour.
Ne relevez dans le texte que je vous propose de survoler que les phrases qui attirent vraiment votre attention, celles qui retiennent votre intérêt, vous surprennent ou vous troublent, notez-les sur une feuille de papier (en cuisine on dirait réservez-les), et à la fin, après 30 minutes de lecture (forcément rapide), mettez en forme ces phrases disparates et fabriquez votre texte (servez chaud).
Le sien étant plus étendu, plus complexe, plus beau, http://www.liminaire.fr/spip.php?article1178 que cela :
Tels qu’un dieu aux énormes yeux bleus et aux formes de neige, la mer et le ciel attirent aux terrasses de marbre la foule des jeunes et fortes roses.
Sur les passerelles de l’abîme et les toits des auberges l’ardeur du ciel pavoise les mâts
Même des cercueils sous leur dais de nuit dressant les panaches d’ébène, filant au trot des grandes juments bleues et noires.
les vieux qu’on a enterrés tout droits dans le rempart aux giroflées.
les brasiers et les écumes. La musique, virement des gouffres et choc des glaçons aux astres.
Du détroit d’Indigo aux mers d’Ossian, sur le sable rose et orange qu’a lavé le ciel vineux, viennent de monter et de se croiser des boulevards de cristal -
impossible d’exprimer le jour mat produit par le ciel, immuablement gris, l’éclat impérial des bâtisses, et la neige éternelle du sol.
Ô le plus violent Paradis de la grimace enragée !
Avivant un agréable goût d’encre de Chine, une poudre noire pleut doucement sur ma veillée.
J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse.
Ah ! songer est indigne,
La musique savante manque à notre désir.
Les nuées s’amassaient sur la haute mer faite d’une éternité de chaudes larmes.
la Mort sans pleurs, notre active fille et servante, un Amour désespéré et un joli Crime piaulant dans la boue de la rue.
Qu’est-ce pour nous, mon cœur, que les nappes de sang ?
Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour
P.S. beaucoup trop tarif (moi et l'esprit d'escalier) si vous voulez retrouver "les Illuminations" en leur totalité (j'avoue que je n'avais jamais lu l'ensemble) et vous familiariser (cela ne fait que 54 pages aérées) allez vers http://www.publie.net/fr/ebook/9782814500051/les-illuminations et téléchargez contre 2,99 euros
17 commentaires:
Vous dites : je me pare abusivement de fulgurantes images qui ne m'appartiennent pas.
Faites donc. Pour mon plus grand bonheur, paresseux que je suis d'en oser le tri ;-)
Les vieux qu'on a enterrés tout droit dans le rempart aux giroflées... Quelle musique harmonieuse!
Belle rimballade ...
"l'idée est simple", justement c'est dans le simple que la beauté naît, et cette sélection est un bijou !
tout est accrochant là dedans, mais plus encore pour sa brûlante actualité:
"Qu’est-ce pour nous, mon cœur, que les nappes de sang ?"
Une magnifique idée... à laquelle je me tente ... mais surtout surtout merci pour m'avoir donner l'occasion de relire cette magnificence.
...
Le sang, les fleurs, le feu, les bijoux.
L’eau était morte.
Je suis maitre du silence.
Cela commença sous le rire des enfants, cela finira par eux.
Cela finira par eux, puisque tout ici ressemble à ceci.
C’était bien plus triste qu’un deuil.
Rumeurs des villes, le soir, et au soleil et toujours.
Les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent.
Un goût de cendres vole dans l’air.
Comment n’auraient-ils pas pu en mourir ?
Rouler aux blessures, par l’air lassant et la mer ; aux supplices, par le silence des eaux et de l’air meurtriers ; aux tortures qui rient, dans leur silence atrocement houleux.
Mes désespoirs d’été. Rouler aux blessures.
Elle riait et tremblait.
Je vous trouverai. Je vous étoufferai. Je suis un éphémère et je suis à vos genoux
- draps noirs et orgues -
Il parlait aux amis de révélations, d’épreuve terminée.
Ce ne peut être que la fin du monde, en avançant.
Des sifflements de mort et des cercles de musique sourde font monter, s’élargir et trembler comme un spectre ce corps adoré ; des blessures écarlates et noires éclatent dans les chairs superbes.
L’énorme passade du courant à la lumière diluvienne.
C’est aussi simple qu’une phrase musicale.
Cela commença sous le rire des enfants, voici que cela finit par des anges de flamme et de glace.
La musique savante manque à notre désir. Était-ce donc ceci ?
"m'avoir donné" bien sûr
contente que cela vous ait provoquée
Je prends, engourdie que je suis en ce matin froid, c'est un bonheur à ne pas laisser passer, donc je m'arrête avec gourmandise. Bises.
Nous rêvons de bateaux...
Et nous laisserons l'appareil pour l'appareillage...
L'homme aux semelles de vent
rien de tel pour rêver d'une pause
le vent dans les voiles
J'ai connu Rimbaud au lycée, il me parlait d'un trou de verdure et des haillons de lumière. Mais il est reparti et ses potes m'ont bousculée fort, très fort. Ils braquaient leurs vers contre mes tempes. J'avoue que j'étais contente de les voir repartir.
Tes vers chantent un air neigeux d'antan.
D'un coup, je retrouve mes quinze ans.
J'aime beaucoup le texte d'aujourd'hui.Bravo.
Mais je viens de voir la pièce de Feydeau..et là...je n'ai pas aimé;c'est un peu lourd par moment et les pantalonnades un peu répétitives.Dommage.
Jocelyne du Pontet.
oui mais à vrai dire la pièce, comme les curtes de Feydau, n'est pas terrible - l mécanique n'a pas le temps de se mettre en route, et les metteurs en scène ralentissent un peu pour que ça fasse un spectacle
"Choc de glaçons des astres .....
....une éternité de chaudes larmes "
tout est beau chez Rimbaud
Mais ne suis pas si dégourdie que Maria qui dégaine avec force
je me laisse brasser insouciant par les vagues...
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