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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, novembre 22, 2010

Recyclage paresseux – de paragraphes de récents convois des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/

Je danse et tu joues de l'accordéon, dans la rue, au pied des immeubles, et on nous jette des pièces depuis les balcons, alors nous partons en laissant les pièces, parce que simplement j'avais envie de danser. Un agent nous verbalise, pour désordre. Je danse et tu joues de l'accordéon sur le parking de la cité, et les minots applaudissent et puis nous rient au nez et nous traitent de bouffons, alors nous les regardons danser et c'est beau mais pas possible, je ne saurais pas. Je danse et tu joues de l'accordéon sur la plage, nous sommes seuls, le soleil est tendre, mais je me tords les pieds sur les cailloux, alors nous nous asseyons, nous regardons la mer, nous nous embrassons.

On se serait enfoncé dans une forêt, vers la fin de son dépouillement. On marcherait entre les arbres noirs, sur ciel gris neutre, griffes plaintives sans agressivité pour vous, dentelle jouant sur un néant soyeux pour moi qui me sentais d'humour douce. On marcherait sur une petite couche élastique de feuilles. On se parlerait comme hors du monde, délivrés, peut être pas sincèrement, mais dans d'autres conventions, comme des étrangers. Et puis on rencontrerait un lampadaire qui nous rappellerait à la réalité.

Ce serait aux confins de la ville. Ce serait, devant tes fenêtres, un espace défait. Tu apprendrais à l'aimer, à décider de l'aimer, à te permettre de l'aimer, malgré son ingratitude, sa banalité morne, selon les critères que tu croirais être tiens, que tu aurais appris inconsciemment, qui auraient flottés dans l'air qui t'avait nourrie, fait grandir, faite, que tu croirais avoir décidés. Et tu chercherais des mots pour te justifier : évidents : l'espace, la lumière, l'absence de vis-à-vis, les rares passants - un peu plus creusés : la géométrie, ce symbole de maison se détachant sur le grand rectangle noir, et puis, pour la touche d'irrégularité nécessaire, pour caler cette image que tu affronterais jour après jour, l'ouverture vague sur la droite, ce coin d'immeuble, le chemin qui menait on ne savait où – et tu n'avais jamais trouvé l'issue, buttant sur d'autres immeubles, des murs. Mais en réalité, d'emblée, tu l'avais aimée cette non-vue, peut être pas aimée mais faite tienne, et la regardant sans la voir, comme on met sans y penser un vieux chandail pour entreprendre un travail familier, en apparence ingrat, structurant, tu pouvais laisser ta pensée ou ton imagination prendre leur envol, ou se déployer lentement, buter, revenir, être.

10 commentaires:

Lautreje a dit…

Ah ce baiser sur la plage... Un délice !

micheline a dit…

j'y vois toujours recommencé ce va et vient de soi et de l'ailleurs et à la croisée:un baiser sur la plage

D. Hasselmann a dit…

Cette photo de maison étrange ou cette photo étrange de maison...

Un mystère capté.

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup le début, la danse, j'en avais très envie aujourd'hui ...
c'est dans l'air.

Michel Benoit a dit…

La troisième photo a-t-elle été prise à Maréchal Brune ?

Brigetoun a dit…

en cherchant la sortie oui, quelques jours avant la tienne

joye a dit…

BBdeB : Belles Brèves de Brige

DUSZKA a dit…

On aurait qu'on était là...

Gérard Méry a dit…

plus la cote le piano du pauvre

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

oh, très très joli ce conte, il me plait beaucoup ! Très doux !!!