« Loin dans l’âme, les solitudes s’étendent
Sous le soleil mort de l’amour de soi.
À l’aube on voit monter dans la torpeur
Du marais, les bancs de brouillard immenses
Qu’emploient les poètes, par impuissance,
Pour donner le vague à l’âme et la peur.
Il faut les respirer quand ils s’élèvent
Et jouir de ce frisson inconnu
Que l’on découvre à peine dans les rêves,
Dans les paradis parfois entrevus ;
Les médiocres seuls, les domestiqués
Ne pourront comprendre son amertume :
Ils n’entendent pas, perdu dans la brume,
Le cri farouche des oiseaux traqués.
C’était le pays des anges sauvages,
Ceux qui n’avaient pu se nourrir d’amour ;
Comme toutes les bêtes de passage,
Ils suivaient les vents qui changeaient toujours... »
Dans les oeuvres complètes de Patrice de La Tour du Pin (que n'avais pas lu depuis bien trop longtemps - « cinquième livre » « la quête de la joie - Prélude » découvert sur Poezibao http://poezibao.typepad.com/poezibao/2010/12/anthologie-permanente-patrice-de-la-tour-du-pin.html, mots lus à l'heure où l'on renonce à prolonger les doux plaisirs du café et des mini toasts grillés à la confiture de poires à la vanille (où je renonçais) – et m'en suis pénétrée, en douceur amère.
Et le ciel, les remparts, les pigeons étaient en accord quand suis allée dans la matinée jeter la masse de paperasses accumulée en quinze jours, qui, malgré internet, prolifèrent, font belle masse, comme les feuilles dans ma cour, maintenant que les arbres n'en ont plus depuis longtemps. Les minimes exceptions au bon ordre du monde.
La tant attendue revue de Publie.net «D'Ici là» devait paraître le 21 ou le 22 (le n°6 : «L’immobilité de celui qui écrit met le monde en mouvement.» et comme, pour nous faire patienter Pierre Ménard avait mis en ligne des extraits (http://fr.calameo.com/read/0000072772772146d58d9 ), je me suis, en début d'après midi, amusée (j'implore les auteurs de m'en excuser, parce que je dénature ainsi leurs textes) à prélever une phrase de chacun en tentant d'en faire un tout (avec l'aide de quelques mots en italiques)
«Écrire est mouvant, aire ouverte de part en part, du fait même de la main qui remue l'ombre avec l'encre»
«Faire advenir l'imprévisible. Les lieux et le temps de sa venue» - «tiroirs et portes qui grincent, l'opercule du plat cuisiné, le bip du micro-ondes, le verre et les couverts sur l'assiette, la cuisine collective non» -«La vie à travers les murs/ Invisible/ sans empreinte», «ouvrant un abîme de la mémoire, abîme la plupart du temps composé d'un mélange d'images à même la peau qui semblait d'obscure et épaisse, devenir béante et kaléidoscopique»,
«À partir de là ça bouge, les lignes et le reste»
«Est mobile l'amorce immobile le reste/ à l'arrêt et au guet nous sommes transportés»
et s'écrit :
«Ils marchaient devant moi dans les couloirs de la souffrance»;
maintenant
«Ils restent debout près des baies, face au parc».
«Un rêve inachevé de renaissance défie la mort annoncée» «sans qu'on puisse rien dire de leurs rêves ni même s'ils en ont et, s'ils ne rêvent pas, pourquoi ?»
Oui, ce n'est pas extraordinaire...
Mis à contribution : Michèle Dujardin, Pierre Ménard, Christophe Grossi, Charles Dionne, Laurent Margantin, Grégory Noirot, Anne Savelli, Emmanuelle Gabory, Margueritte Duras, Heré Gasser, Joël Baqué et capture d'une partie de la couverture empruntée à Laurent Margantin, http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article757
et, en fin de journée, revenant vers l'ordinateur, je l'ai trouvée la revue, avec sa mis en page raffinée, les photos, la bande son et les textes d'écrivains appréciés, aimés ou à découvrir. M'en vais la déguster, au gré de mes envies (et vous incite à en faire autant)http://www.publie.net/fr/ebook/9782814503946/d-ici-là-n-6
10 commentaires:
bonjour à toi paumée - et pardon
Cette poésie me parle, tout particulièrement en ce moment.
merci Fardoise
Merci pour l'invite ! Peut-être irai-je voir pendant les vacances (mais c'est pas encore pour aujourd'hui)...
douceur amère de rencontrer chez l'autre une mise en mots de nos soleils morts
Non seulement on excuse, mais on encourage!
merci à vous pour l'indulgence et le passage
Reprendre des mots ,des phrases les faire cohabiter .... osé mais grand bonheur
les corbeaux sur les remparts..
les si jolies feuilles habillées de bleu ...
Tour d'horizon délectable d'instants éphémères
Le temps et mon humeur ont peu de liaison ; j'ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi.
Pascal
Ce beau collage de mots ou de phrases génère un concept qui se tient bien et qui montre une belle consistance, ma foi. ;-)
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