Air piquant sur le gras des joues, mais ciel qui se dégageait ce matin, quand j'ai forcé carcasse à s'ébranler, charrier deux grands sacs de papier et cartons et un petit de bocaux divers et nombreux jusqu'au rempart.
Et j'ai continué, remontant régulièrement mes bottes qui tombaient décidément encore plus de sommeil que moi, vers la pharmacie, pendant que le bleu fragmentait de plus en plus les moutons blancs, en photographiant quelques uns des murs souffrant depuis siècles sur mon chemin, parce que voulais une photo de pierres pour un éventuel (pas certaine, je trouvais le contenu mauvais ce matin) petit recueil à proposer à Oeuvres ouvertes. (et quelques photos témoins de cette sortie vont me servir de ponctuation).
parce que, au risque de dilater mon ego envahissant, Laurent Margantin, qui avait déjà eu la gentillesse de reprendre des petits textes issus d'ateliers ou du convoi, m'a demandé si je n'avais rien pour son infatigable mise en ligne d'e-books gratuits (acceptant ainsi de descendre des marches par rapport au reste du catalogue, http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article798 où je ne figure d'ailleurs pas et où le butinage est hautement recommandable) et que, un peu ahurie, un peu perplexe, je lui ai proposé un petit rassemblement fait à l'initiative de Nicolas Vasse, il y a près de deux ans –(retrouvé d'ailleurs cela que j'avais oublié http://levivier.wordpress.com/brindilles-brigitte-celerier/ ) et que lundi matin ai vu arriver sur son site http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article827
et j'en étais toute contente, au point de chercher dans les moments où carcasse me voulait du bien, ou ma perplexité devant les textes qui s'offraient à moi était trop grande pour que j'ouvre un fichier plutôt qu'un autre, de quoi tenter d'autres regroupements de mes ouvrages de dame, au moins pour ma gouverne, avant, pour trouver vrai plaisir, de feuilleter livres et faire collecte, un peu au hasard, plus ou moins faux :
« Il y aura toujours dans mon oeil cependant
une invisible rose de regret
comme quand au-dessus d'un lac
a passé l'ombre d'un oiseau » Philippe Jaccottet « champ d'octobre »
« O le blé vert dans une terre qui n'a pas encore sué, qui n'a fait que grelotter ! À distance heureuse des soleils précipités des fins de vie. Rasant sous la longue nuit. Abreuvé d'eau sur sa lumineuse couleur. Pour garde et pour viatique deux poignards de chevet : l'alouette, l'oiseau qui se pose, le corbeau, l'esprit qui se grave. » René Char « dans la nuit giboyeuse »
« depuis tant d'eau depuis tout
le sol et l'air et les arbres
je marche immobile d'odeurs
le soleil dans une main une
nuit dans l'autre en équilibre.. » Henri Meschonnic « puisque je suis ce buisson »
«on espère parfois un
nuage qui s'émeut au désastre, ou bien c'est lui que la
Déesse-aux-Yeux-Fermés envoie, il remonte le drap
subtil, souffle le divin songe, une sorte d'oubli, trois
pétales soyeux d'oubli qui réveillent la langue » Hélène Sanguinetti « une pie » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814502932/une-pie
« nous n'atteindrons jamais le pays du silence
où les arbres craquent avec le vent
où la nuit tombe
sur la blancheur des pierres » - Jacques Ancet « la ligne de crête »
« avec le premier lancer de couleur de la nuit sur la plaine, nous sommes arrivés à une cabane qui allait nous accueillir pour la nuit.
J’observais ce soir-là la lune qui montait sur l’horizon, assis sur un petit banc, dehors, contre le mur de pierre. adossé à la surface tiède, je regardais, j’écoutais la fraîcheur et la nuit se diffuser dans les choses et les gens après la forge du soleil. » Fred Griot « Visions » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814500822/visions
« Le monde est un vaste pays inconnu que l'on contemple depuis les terrasses. On choisis les chambre avec vue, celles qui donnent sur la mer, même si l'on sait que la mer ne se donne pas. On l'entend crier derrière les volets : elle est la gorge de la nuit, la voix de ce qui ne parle pas, la récitation muette des lointains, la causerie assourdie du silence, une belle alliance de mots posés comme un emplâtre sur le vide de la langue... » Jean-Michel Maulpoix « une histoire de bleu »
« Bonne écurie de l'aube
repos des arbres qui peignent le crin des nuages
boirai-je ton grand seau d'eau fraîche
sous le soleil chargé d'épis à pleins râteaux. ? » Michel Leiris « haut-mal »
et puis, intruse, j'ose
« ciel qui se décolore ;
lumière gris bleue sur nous ;
les arbres s’unissent dans la nuit ;
nuages en débandade
non pas gris mais sans couleur
eux qui accrochent pourtant
les derniers rayons pour se sculpter
d’éclairs blancs ;
on regarde sans penser ;
on frémit un peu du frais ;
on se retire. » Brigitte
11 commentaires:
La mention de Brindilles dans la catalogue actualisé ne saurait tarder !
la brindille frêle tient bon le vent, elle danse et joue avec les rayons du soleil !
Faire couper le haut des bottes et les transformer en bottines pour parcourir la ville plus aisément !
Brins d'îles...
Me suis imprimer ces brindilles pour les apprécier tranquillement ; aime déjà, en avant-goût, ce surgeon poétique en ligne ici...
Si carcasse est lasse, l'esprit est vif et drôle
charrier deux grands sacs de papier et cartons et un petit de bocaux d'hiver..quoi de plus normal !
encore des épis à pleins râteaux
Bravo l'auteure !
grrrrr moques toi de moi
"mes bottes qui décidément tombaient encore plus de sommeil que moi" j'adore !!! Trop forte !!! Toi, pas les bottes évidemment !!!
En condottiere ou en garde papal
les bottes tombant
Paumée fatiguée
carcasse bien lasse
mais Brigitte sur la brèche
" frémissant un peu du frais "
A la fin de l'envoi, je touche.
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