Internet, même en dehors des blogs (et de la lecture d'El Watan pour compléter ou corriger ce que disent les merveilleux journalistes francaouis), est d'une richesse un tantinet excessive en ces jours. Il y a les gracieuses mises en ligne de Laurent Margantin sur « oeuvres ouvertes » http://www.oeuvresouvertes.net/ qui m'ont permis de lire dimanche « l'oeuvre et la vie de Delacroix » par Baudelaire, et surtout « le cas Wagner » de Nietzsche que, dans mon ignorance colossale, je n'avais jamais lu malgré l'envie que m'en avait donnée les allusions qu'il y fait dans ses dernières lettes (ne sais plus où j'ai mis le livre)
Et Publie.net, après les publications de la semaine dernière, après Sade, pour lequel je n'arrive pas à vaincre l'impression d'ennui qui m'est venue en le découvrant à seize ans, sort, en ce début de semaine, un livre de Crouzet mis de côté pour l'instant, le mythique « droit à la paresse » de Paul Lafargue dans lequel je vais me plonger http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504189/le-droit-à-la-paresse et « accident de personne » de Guillaume Vissac, dont j'avais suivi les prémisses sur twitter http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504196/accident-de-personne, suite de sentences qui apportent à l'idée d'en finir la petite touche salubre d'ironie (qui ne dissuaderait que ceux pour lesquels c'est velléité, les autres pouvant aussi être retardés par la recherche de l'heure adéquate afin de ne pas gêner trop d'usagers, qui pourrait être celle du dernier métro, celui où une partie d'un wagon est réservé à la collecte à chaque station, s'il n'y avait immédiatement culpabilité envers les silhouettes lasses et effondrées qui le hante), et qui, par le regroupement des éléments par personnages, les notes ajoutées et la circulation créée de textes en notes, et les renvois de celles-ci à d'autres groupes de sentences, les choix ouverts chaque fois, est un nouveau livre (lire la présentation qui en est faite et qui retrace l'élaboration de ce qui est vraiment non plus un livre numérisé mais réellement « littérature numérique » (et admiration pour le boulot que cela a dû être))
On peut partir de « celui (ou celle) qui... dit « regarde » sans pour autant guider »
et comme il y en a deus, choisir le premier
« comprends-moi : je dois lâcher ta main car elle me brûle : tu vas devoir aller sauter tout seul 68, ou en tout cas sans moi »
cliquer sur 68 : « Sans peau pour me guider, sans corps devant le mien pour faire écran aux autres, comment saurais-je où fondre et même où sauter ? (Celui ou celle qui suit sans se poser de question) »
et de la même façon arriver chez … sans se poser de question, choisir, cette fois, le second, et lire :
« on a tagué au sol des flèches 242 pour savoir où : pour savoir où sauter »
242 : « Encore quelques mètres, quelques pas, quelques minutes... On y est presque (Celui ou celle qui a les jambes lourdes)
soit, le seul :
« tout piétiner 12 dans ces couloirs : humeurs, visages & même 13 marches d’escalier »
lire : 12 : « Mais moi qui n’ai pas les bonnes chaussures, comment faire ? (Celle qui se loupe) »
le négliger et regarder :
13 : « Même ! (Celui ou celle qui voudrait être optimiste mais qui peine) »
qui donne le choix entre
« cette saloperie de ligne 14 265, véritable empêcheuse de suicider en rond »
et
« tout est passé au broyeur, le vide recouvre tout ; ne me reste que l'envie incomplète 266 de m'arracher le visage »
et cela peut continuer, avec sourire tendrement noir, avec grimaces, avec face murée, pendant long longtemps comme un désir d'en finir avec lequel on s'installe dans la vie.
Mais après le dernier de ceux qui sont déjà morts
« le même mec prend, chaque jour, depuis le train, la photo (88) d’un pont depuis lequel il s’est tué, il y a longtemps (89) »
j'ai regardé le bleu du ciel, les plantes couchées, écouté la radio qui nous disait dans le froid, et décidé de ne pas aller plus loin que la place pour poster une lettre, et le mistral ne faisait que mollement danser les pavillons mais pénétrait avec belle décision petite parka et col roulé.
Je les ai rencontrés chez Ducastel, les ai salués, les aurais bien rejoints, aurais suivi avec les femmes et des chèvres, aurais mangé un peu de semoule et de lait caillé, aurais appris à faire du fromage, à débarrasser la vie, à la réduire pour l'essentialiser, à grandir, mais me savais trop étrangère, pesante, inutile – alors, juste les ai salués - eux ils trouvaient que derrière les remparts l'herbe était très verte, et l'air piquant et impur.
et puis suis rentrée les yeux dans le froid et dur bleu du ciel.
Je pense que les sculptures sont de C.Lionnet mais n'en suis pas certaine
13 commentaires:
Ta blogosphère est pour moi comme un autre monde. Merci beaucoup.
même si j'ai du mal à lire sur un écran, merci beaucoup pour le lien "œuvres ouvertes" où il y a une multitude de choses intéressantes !
peuple sculpté dressé vers le ciel comme l'arbre vers l'essentiel.
débarrasser la vie, ça aussi c'est une école !
(le mot de passe : "scousi" :)
Merci. Vos lectures je vais les faire miennes, mais pas sûre que cela suffise à les faire nôtres. Je vous. Ce qui est sûre c'est que ma lecture de vous m'enchante souvent au matin. Ou me fait déchanter - mais chaque fois avec plaisir de lire.
J'ai entendu (où ?) qu'il fallait dire "les" Internet(s ?)...
Au pluriel internet
chacun ayant le sien
entre nous en échange
entrenet à plusieurs branches
chandelier
comme il y a des sociétés, des mondes
Quelle heureuse idée que de parler des Internets... Le propos de Brigetoun l'illustre fort bien.
Paul Lafargue, hélas, possédé depuis longtemps déjà en plusieurs exemplaires papier : paresse de le télécharger en plus !
Maintenant, il pousse des lanternes dans les arbres d'Avignon ?
et il leur arrive même d'être allumées le jour, et chaque fois l'ami Michel Benoit ou moi nous le repérons et rouspétons
accident de personne, alors tout va bien.
tu ne prends pas le métro ?
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