Jour de ciel nettoyé par Mistral de petite force, sans méchanceté. Jour de réveil guilleret et de projets mélangeant, en proportions judicieuses, corvées et agréments. Jour où je commence à les réaliser. Mais honte, à moi, courte honte, à laquelle me résigne facilement, montée tranquille d'une brume rêveuse, qu'on pourrait qualifier de paresseuse, mais qui n'en serait pas vraiment, ou pas uniquement. Gardé le faubert, sur sol très rapidement balayé, détruit un début de billet, et recyclage de trois paragraphes du convoi des glossolales. http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/
Il n'était que rides, mais rides lumineuses qui disaient, autour des yeux, les jours passés en mer, le soleil et l'attention, qui disaient autour de la bouche et sur les tempes l'ouverture, l'accueil, la bienveillance, qui disaient sur les joues l'usure des jours, et l'acceptation.
(29 décembre 2010)
On s'ennuierait un peu dans cette station. On entrerait chez le marchand-de-journaux-tabac-papeterie-club-internet-bazar-souvenirs, on flânerait un moment, on prendrait une revue et le Canard enchaîné et puis on s'arrêterait, un peu étonnée, stupidement ravie, devant le comptoir de papeterie, les petites ardoises bordées de bois, les boites de craie, les grandes gommes blanches comme on en aurait voulu pour frimer au temps des nattes dans le dos et chaussettes tirées, les cahiers de brouillons à couverture en papier pastel. On les retournerait pour vérifier que les tables de multiplication figuraient bien au verso. On s'émerveillerait de leur bel état, on déplorerait que, puisqu'ils étaient toujours fabriqués, eux et les boites d'éponge, les étiquettes bordées de deux lignes bleus etc... ils soient abandonnés partout ailleurs. Et puis, devant les fagots de petits crayons de couleurs, d'une rusticité excessive, on comprendrait que cet attirail n'était pas destiné aux enfants des moniteurs, épiciers etc... mais à vous ou plutôt aux skieurs ou autres vacanciers, comme tout ici, à leur permettre d'étaler leur nostalgie devant leurs enfants, généralement parfaitement rétifs à l'idée d'utiliser ce qui finalement leur était offert, sauf, avec un petit sourire agacé, les élèves de quelques boites très privées. On demanderait au marchand s'il avait aussi des petits classiques Garnier – malheureusement ce ne serait pas le cas. On chercherait entre les exemplaires du prix Goncourt et des derniers livres d'ex ou futurs ministres. On trouverait deux polars. On espérerait qu'ils vous aideraient à atteindre la fin de votre séjour.
(27 décembre 2010)
Chercher le matin du 24 décembre, dans les halles, des nourritures simples et bonnes, par goût et pour ne pas être contraints par votre, relatif et léger, manque de chevance de se contenter d'aliments prétentieux mais médiocres, et, à travers les dos excités, tenter d'en découvrir dans un coin des étals, attendre, et lorsque votre tour arrivait, fraterniser avec les vendeurs dans votre choix.
(25 décembre 2010)
11 commentaires:
Tes recyclages sont meilleurs que les éditions originelles chez certains !
Le temps file ses couleurs dans ces 3 paragraphes, il les patine et c'est vivant !
2010 fut un bon cru.
De la fraicheur, de la lumière, du pétillant, on dirait...du champagne cette publication !!!
dans ces stations où l'on s'ennuie un peu ..le cahier la gomme et l'ardoise comme un peu d'enfance retrouvée..font encore rêver
grand merci aux vaillants passants
Et ces ardoises d'écoliers (une véritable ardoise) quelle tristesse lorsque tombant elle se cassait! La division réussie mais l'addition fausse.
J'ai retrouvé une ardoise ....dans le grenier comme cet objet est beau dans sa simplicité c'est vrai elle se cassait ...
Tu as reçu une coup d'œil par en dessous...au super marché
oui, me sens un peu coupable de ce vol d'image - mais PAS SUPERMARCHE
Belle observation de Gérard et réponse savoureuse de Brigetoun. C'est le photographe qui commente ;-)
Enregistrer un commentaire