commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, février 15, 2011

Avignon – courir – baigner dans l'humide – se réfugier dans le flotoir

Sur le chemin du retour de la Civette, cigarillo au bec, sous les grands restes de bleu moutonneux, me suis trouvée prise dans un des petits groupes très échelonnés des coureurs des 10 kms d'Avignon, joyeux mélange de puissances, techniques, âges et tenues. En haut de la rue Saint Sébastien, descendant du trottoir symbolique, dans la dégringolade qui l'amorce, leur ai emboité le pas, mais sans style et vêtue de façon par trop tranchée. Comme de toute façon j'aurais été disqualifiée pour parcours trop limité j'ai regagné le trottoir élargi sous l'oeil approbateur du responsable au gilet jaune et j'ai regagné mon antre autour duquel a continué leur ronde.

Mardi nous sommes réveillée dans l'humide, une succession de bruine, d'averses, de pauses trempées,

un temps qui semblait faire écho à ceci, lu dans ces dernière lignes des billet du flotoir de Florence Trocmé, qui tant me plaisent http://poezibao.typepad.com/flotoir/ (j'espère que me pardonnera ce pillage)

glue-linceul

s’affaisse le talus, s’effondre par pans entiers le temps en fleuves et gouffres noirs de nuit – glissent les terres solides en magma et boues, glue-linceul – heure du basculement passé derrière la terre, ouverture et fermeture des ports, des accès – l’ombre est une brume noire, dépôt sur toutes choses, ce qui semblait couleur ternit, l’éveil retourne à l’irréel – crâne et cœur tout se résout en sable balayé par la mer, grande redistribution générale déjà. (le 11 février)

ai rencontré cet écho décrépit au camion et à la fière brouette que photographie Martine Sonnet (un peu un private-joke, pardon, mais c'est un petit refrain sur twitter)

et salué la joie avec laquelle se lustrait la végétation qui tente, infatigablement, de coloniser la ville.

suis sortie pour vérifier l'évacuation de la cour après qu'un paquet d'eau serrée, entêtée, s'y soit écrasée, et immédiatement la pluie s'est calmée jusqu'à disparaître, mais l'humidité morne s'était installée sur nous et en moi, me donnant pulsion de fuite,

et comme ne pouvais m'évader dans le soleil, comme sur ce tableau (avec les modifications qu'y apportent distance, habituelle désinvolture de la teneuse d'appareil et reflet) de Lionnet (je suppose) qui m'a ensoleillée quelques minutes dans mon humidité), suis revenue au flotoir et à ceci qui clos le billet du 14 février

sable d’os

sève encore dans l’arbre presque mort, braise du feu éteint, regard vivant dans un visage ravagé, dans les flots noirs et putrides, l’éclat d’un poisson et sur les nuées soufrées, le vol d’un oiseau – sous le talon, sous la botte, sans aucune cesse, le petit, le faible sans-défense et néanmoins : farces et attrapes, pied de nez aux impératifs catégoriques, pousse minuscule descellant la chape de béton – en deçà alluvions infinies, cendres, sable d’os et à perte de vue, grise & froide, l’eau des larmes

P.S. Je pense que le tableau (faut que j'aille le revoir) est beaucoup plus vraisemblablement de Bevan http://www.oliverbevan.com – pardon imploré

16 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Parcourir les 10 kms d'Avignon, cigarillo au bec, est plutôt singulier. L'oeil approbateur du responsable au gilet jaune visait-il la personne ou le cigarillo? ;-)

Brigetoun a dit…

le retour sur le trottoir

JEA a dit…

3e photo : sous les pavés la plage, mais sous les galets ?

Lautreje a dit…

un paquet d'eau serrée, un paquet de soleil sur ce tableau, un paquet de cailloux, un paquet de cigarillos... je rêve, je laisse les autres courir.

micheline a dit…

ô dernière consolation! croire que la nature pleure à nos côtés une souffrance humaine quand le soleil s'éteint

Michel Benoit a dit…

Les mousses vertes sur les calades sont du plus bel effet...
Point de course pour nous en ce dimanche mais longue promenade le long de la mer.

Brigetoun a dit…

si pas trop humide, je t'envie - quoique mon dimanche/lecture ne fut pas sans charme

D. Hasselmann a dit…

La dernière photo reflète un fleuve de soleil : au choix, comme accord tunisien ou égyptien.

lireaujardin a dit…

Je me souviens de Florence lorsqu'elle animait, pendant des années, la partie poésie de feu Zazieweb.fr. A l'époque, déjà cette passion. Beau travail actuel que son Poezibao et son flotoir.

Brigetoun a dit…

indispensable (pour les ignare comme moi) Poezibao), trop discret le flotoir, ses textes et son "décorticage" des autres quand elle s'y attache

andrée wizem a dit…

lecture du "flotoir" partagée

à la question...la lecture et alors?...florence trocmé laboure...
pour moi qui ait du mal à exprimer le jus d'une lecture je vois là ce que lire peut faire et comment une lecture active pousse à la création...c'est du corps à corps avec une écriture(avec les connexions en branle)...
depuis janvier je vois une manière pragmatique et sensible de découvrir un auteur avec une morphologie des annotations qui font sens et en fin de séquences de travail ce qui émerge de tout le remuement c'est le résultat d'une extraction qui condense tout ce qui est apparu en amont et est déposé là comme une météorite...
c'est d'une vigoureuse complexité...
..........................
photo du pavage: la déambulation par temps de pluie doit être un peu casse gueule...peut on porter des talons aiguilles à avignon

Florence Trocmé a dit…

Infiniment touchée et encouragée par ces commentaires, merci !

lireaujardin a dit…

Bonjour Florence, heureuse de te rencontrer ici, et encore bravo pour ton travail sur poezibao !
A bientôt peut-être...
Martine (alias Paulina. sur zazieweb)

jeandler a dit…

Si Avignon aussi reçoit des " paquets d'eau " qu'allons-nous dire, sur les bords de la Loire, quand c'est le bain journalier ?

joye a dit…

AM'est avis qu'une certaine nénette d'Avignon devrait se munir d'une sarbacane...

;o)

Gérard Méry a dit…

Chacun son camp, certains courent, d'autre tire sur le cigarillo ! ! !