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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, février 27, 2011


Dans un coin, derrière un fauteuil, à demi caché puisqu'il n'est là que parce que trop encombrant pour la cuisine à cause de sa forme, un panier rond – idée de panier rond, qui en fait ne l'est pas, ne l'était pas exactement quand il fut tressé, et porte trace des déformations causées par l'entrée en force de plateaux un peu trop grands – tressage de couleurs pour faire penser à une Afrique imaginaire, tranchées et sans éclat, d'une retenue élégante, avec l'illusion qu'il diffère par le jeu des teintes, l'épaisseur accordée à chacune, de tous ceux que je croise dans la rue. Un panier rond, d'une rusticité revendiquée, et tellement appréciée qu'elle est un poncif. Des joncs assez épais, et une anse - des brins qui partent en patte d'oie de chaque côté d'un diamètre, brins raides, cylindriques, réunis, serrés, par un lien plat entortillé - large pour tenir bien en main, renforcée par une bande de cuir, d'un brun un peu roux, assorti, presque, pas tout à fait, ce ne serait pas bien, au lien et au feston d'osier qui borde le panier. Anse citadine, bourgeoise, confortable.
Un panier que l'on imagine porté (mais sans ces couleurs) par Perrette, celle du pot-au-lait. Un panier dont je croise les frères aux halles, qui accueille avec une certaine grâce les premiers légumes, dont je ne comprends pas pourquoi les autres femmes persistent à se servir, parce qu'il est extrêmement malcommode pour la marche.
Et dans la cuisine sont ceux que j'utilise, un brave panier rectangulaire en cannage blanc, reprenant la forme des sacs en toile enduite des ménagères du début de l'autre siècle, le mien ; un de ces petits paniers de même forme en fin tissage orange (le mien, mais il pourrait être prune, ou bordeaux ou grège), qui nous ont envahis depuis l'Italie, je crois, et qui sont à la fois charmants et pratiques.
Surtout un brave couffin, en forme de : couffin, triangle coupé pour lui donner une base miraculeusement stable, forme souple imprécise, malmenée par les contenus,entrelacements blanc-blond s'enroulant jusqu'à la couture du bord, l'héritier de tous les couffins de mon enfance algéroise, de tous mes sacs de vacance de jeune-fille, jeune-femme, etc... grâce à la lanière qui sert de bretelle, et scie cruellement l'épaule nue, compagnon indispensable qui se laisse oublier, prolongement.

Ma contribution à la nocturne de la BU d'Angers jeudi dernier http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2434. Après avoir lu avec plaisir et attention le texte de François Bon, les extraits de Ponge et de Detambel, j'ai cherché un objet autre que ma vieille cocotte orange au fond éraflé qui s'imposait à moi et que je refusais, ai trouvé cette photo et suis partie, trop vite, publiant bien avant les autres (sauf les bols de Christine Jeanney et mon souvenir des bols à anse et coq quimpérois), oubliant un peu trop en route de prendre le parti du panier, y mettant un peu beaucoup de Brigetoun (pour me consoler, les autres textes, qui pour certains me rendent très humble, tombaient un peu dans le même défaut, entraîné par le désir de faire l'archéologie du présent comme le demandait François Bon)

journée calme, petites incursions ménage dans la cour, vagues envies de sortir de la terre pour la martyriser mais il fait encore trop frais, ou plutôt suis trop noiseuse. Contemplation crispée et bavarde du match de rugby (30 ans sans en voir et malheureusement constaté pour France Ecosse que je pouvais les regarder, régression ravie). Et le soir, pantalon plus élégant que mon velours côtelé noir, richelieu en place des bottes de rufian déguenillé, et départ


pour l'opéra, pour un spectacle de la Trisha Brown Dance Compagny avec en première partie « Set & Reset » qui date de 1983 et dont j'ai trouvé des vidéos en rentrant
plaisir de cette inusable fluidité

en seconde partie « il you could'nt see me » de 1994 : musique planante de Raushensberg – une scène noire, un danseur en long pagne baigné de lumière rouge – gymnastique danse harmonie - contradictions entre bras et jambes – enchaînements incessants – un silence vibrant – retour musique avec des souvenirs de cloches, des ébauches de sauts, des arrêts figés, un embryon de discontinuité – beau
et puis, plus récent (2009), l'Amour au théâtre – sur des extraits d'Hippolyte et Aricie de Rameau garçons en pantalons blancs et tee-shirts gris clairs, filles débardeurs blancs à pan flottant en aile et souples pantalons pèche – duos et ensembles – recherchant plus l'athlétisme que le « gracieux », un côté mutin, beaucoup de charme, une belle géométrie mouvante des corps, des groupes et des mouvements sur le plateau et une parfaite osmose avec la musique. Cela finit sur une chevauchée réjouissante, gracieuse et improbable.

Retour, en laissant éclater la toux retenue, et en me disant « pas mal du tout ».
Bruits d'une fête à l'hôtel d'Erope, dans la nuit de ma rue.

13 commentaires:

Michel Benoit a dit…

J'en ai un comme ça aussi (de panier rond, panier d'Avignon).

Anonyme a dit…

je suis une femme à couffins aussi ... toute une armada qui me met du soleil à les voir se bousculer près de la porte. Et 'bruit d'une fête à l'hôtel d'Europe dans la nuit de ma rue" je l'emporte pour rêver ...

tanette2 a dit…

Je suis fan des paniers, de toute sorte, j'ai depuis longtemps envie d'apprendre à les tresser...quand m'aura passé l'envie de couture et de tricot, peut-être..

Pierre R. Chantelois a dit…

Il y avait - dans mon enfance - un panier d'osier appelé panier à tricot dont se servait ma mère pour repriser nos bas de laine. Il y avait des petites et grandes broches qui créaient chez moi une forte impression. j'ai encore ce panier avec tout son contenu. Un souvenir. Pour ne pas oublier, je crois.

Brigetoun a dit…

Il y avait chez ma grand mère de fabuleux paniers-colonnes siamois je crois que nous sommes arrivés à détruire à force - j'ai toujours eu beaucoup de vanneries et il m'en reste un tout petit assortiment assez moche mais ça ne fait rien (j'achetais ça chez un chinois du quartier des Halles à Paris)

Lautreje a dit…

Ce voyage autour du panier m'emmène dans mes souvenirs.. c'est vrai que les paniers ronds sont attirants mais tellement peu pratique pour marcher.

D. Hasselmann a dit…

Je connais mal ce quartier de Marseille.

Mais pour le grand Francis Ponge, je me souviens d'un texte que j'avais écrit pour remue.net.

micheline a dit…

bien jolis ces couffins, ces cabas, ces paniers tressés, présentés dans toutes leurs délicates diversités mais pour le lait de Perrete il y a bien risque qu'il ne s'écoule avant d'arriver!!

Brigetoun a dit…

le lait il était sur la tête dans mon imagination d'enfant, mais pour beurre et fromage le panier

joye a dit…

J'aime beaucoup ce panier et son historique.

La danse, beaucoup, beaucoup moins.
Sorry.

Mais je parie que tu étais bien belle dans ton pantalon de velours !

jeandler a dit…

Au Portugal, on trouve de tels paniers ronds et joliment colorés...

Une note en forme de panier où j'ai trouvé plus qu'un régal pour danser maintenant.

Gérard Méry a dit…

mieux que le couffin d'Amérique

arlette a dit…

Un régal de paniers ,couffins panières et autres cabas je vois que nous aimons tous cela ......??
Enfances? vacances ? petit animal lové au creux d'une corbeille