Dimanche matin, bleu si violemment lumineux que le reste est noir, avec quelques nuages bourgeonnés largement, qui flottent, si lentement qu'imperceptible est leur déplacement, indifférents au léger vent qui ne se sent qu'au retroussis des bannes et à mon réflexe de monter le grand col roulé de mon chandail sur mon menton.
Les dames de Maya, chez Ducastel (je me demande ce qui arrive à l'encadreur et quand j'aurai nouvelles des cadres qui devraient être prêts depuis plus d'une semaine), exhibent leur bienheureuse et extrême rondeur et me persuadent d'accepter le kilo conquis de haute lutte et de le sauvegarder.
Les petites décorations florales éparses dans la ville ne sont pas encore au mieux de leur forme,
mais les branches des platanes ébauchent très vaguement la naissance de bois neuf, ou du moins je le crois.
Je vais chercher patates et autres impedimenta pour mon embonpoint chez Carrefour et non aux Halles (tant pis ce seront coquilles surgelées et non vrai poisson) pour pouvoir y joindre eau de cologne pour la cuisine et bonbons industriels infâmes pour mon goût régressif.
Les fleurs de la place de l'horloge sont un peu plus drues, ou mon humeur s'améliore.
mais je me casse le nez à l'espace Vaucluse, où je voulais passer parce que j'ai réalisé vendredi soir que c'était le moment des hivernales de la danse, et que, si mon léger manque de pesettes et de vrai désir me fait tirer un trait sur les spectacles au Thor, à Maurière et même à Benoit XII (vu deux sur trois) et au théâtre des hivernales, il y en a peut-être un au Dom et certainement trois aux Pénitents blancs que j'aimerais voir (et tant pis pour les stages trop chers, trop tard, hors de mes capacités physiques maintenant, quoique une initiation au butô m'aurait fortement tentée)
En me promettant d'y passer lundi après-midi, j'ai dégringolé vers l'antre.
Déjeuner, sieste, réveil hébété et moulu, pas grand chose d'autre qu'une paresse légèrement coupable. France-Musique avec une attention fluctuante, commencement d'un polar et abandon parce que son écriture me désespère, partage entre le début d'un autre qui accroche habilement mon attention sur des histoires qui, à priori, n'auraient pas dû m'intéresser, mais qui collent bien à ma vacance totale et sont écrites souplement, avec un peu d'attendrissement, une ironie de belle tenue... et le fil des évènements en Lybie sur le Monde. Je m'extirpe un paragraphe pour le convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/ et j'en reprends deux anciens
Quand on avançait dans la petite rue, passées les façades nobles ou remarquables, l'enfilade de maisons ordinaires, ni vraiment petites ni assez amples pour afficher une aisance de notable, cette succession qui se révélait un peu trop longue pour mon goût, chaque fois que je l'arpentais, n'était jamais monotone, et contre la maison blanche de Paul se collait une façade, de mêmes proportions, d'un rose un peu incongru, rappel des prétentieuses « villas » des banlieues du littoral, mais un peu passé, assourdi, pour ne pas trancher de façon trop choquante, et sa porte, aussi enfoncée dans le vieux mur épais que celle des précédentes façades, s'étirait en hauteur ce qui lui donnait l'allure touchante d'un adolescent dégingandé, peinte qu'elle était d'un bleu gris doux candide, sous un vasistas vaguement décoratif.
17 février
Face aux trois simples maisons que je supposais de la fin du 18ème siècle, après l'hôtel particulier, la seule boutique de la petite rue occupait le rez-de-chaussée d'une maison renaissante, presque gothique, à demi-restaurée, noircie par l'âge, gardant trace de destructions de sculptures, exhibant sa décrépitude, et ses réelles robustesse et solidité, en jouant un peu comme d'un menton toujours mal rasé, et l'entourage de la petite porte qui donnait accès à l'escalier et aux étages, présentait de fermes et discrètes moulures.
19 février
10 commentaires:
C'est vraiment le printemps chez toi ! (moi, je ne fais qu'essayer de me persuader qu'il viendra un jour chez moi)
Bravo pour la prise du kilo. Ce n'est pas rien (comme dit ma copine d'Angers).
Comment dire à quel point j'adore ces petits compte-rendus qui, minent de rien, enrichissent nos quelques minutes de lecture et de rêverie d'un beau pays en devenir de printemps, Avignon
La porte Velebrequin comme borgne...
Moi aussi, le butô me tenterait bien... mais je m'en tiens pour l'instant à l'expression primitive. Dimanche je danse avec Henri Samba !! Youpi !!
Le temps des fleurs revient, celui des parasols s'annonce, mais le temps des portes, lui, est permanent...
Le temps des portes...
Celle de l'hiver à franchir
quelques fleurs chez toi
des boutons ici
blanchis de givre matinal
le printemps n'est pas pour demain
après-demain, c'est certain
Belle promenade printanière.
les fleurs s'ouvrent mais les portes toujours fermées..voire renfoncées comme ce 22 qui a dû enjamber quelques marches protégées?
C'est bon parfois un regard "vacant"de petits riens
j'aime bien les rondeurs de Maya
Enregistrer un commentaire