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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, février 23, 2011

Le troisième réveil, mardi matin, ne voulait pas en être un. Le sommeil, le vague, la vision du monde réduite à ce qui filtrait entre mes cils que j'ai spécialement courts, la douce bouillie intérieure résistaient au café, au reste de thé froid, à la douche froide, chaude, froide, au massage. Me suis vêtue en ermite, ai tenté de lire, ai tenté d'écrire, ai arpenté l'antre avec balai.

Me contenterai de reprendre ce qui est sorti lundi sur Babelio de ma lecture, un peu craintive au début, mon maniement maladroit des concepts, de la langue philosophique post-antiquité me semblant rédhibitoire, du « manuel anti-onirique » d'Isabelle Pariente-Butterlin, http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504318/manuel-anti-onirique parce que si je trouve beaux ses billets sur http://yzabel2046.blogspot.com/ je suis parfois larguée, je l'avoue humblement, surtout les jours languissants – mais j'ai été rattrapée et :

Cela commence par un exposé moral et philosophique, et tourne au conte. Ce qui est sous la non-communication, la solitude, la communication formelle, les petits gestes pour faire lien, et la dérision de cela. Les élans, et les pensées du elle (le je est interdit, avec ce résultat que elle, le sujet des « petits exercices » sonne je, d'autant qu'il énonce l'intime) face aux autres, à ceux qui l'agressent, à ceux sur lesquels elle comptait, qu'elle pourrait aimer. Des animaux humains et de leurs rapports, et Nathalie Sarraute qui rode. Le même charme d'ailleurs dans ce constat, mais justement ce n'est qu'apparenté, c'est plus sensuel, presque lyrique par moment.

« Tout est parfaitement réglé. Tout geste sera maladroit, toute protestation inutile. Elle est éclaboussée de leurs rires, tout le monde rit, autour d’elle, elle les regarde, cherche un appui, un visage qui simplement resterait étranger à la scène, tout le monde rit, le cercle s’est refermé autour d’elle, elle ne sait plus comment leur échapper. »

« Il parle, elle écoute avec une attention si fine, si transparente, qu’autour d’eux, la fête s’est retirée. Les bulles montent, parfaitement verticales, dans la coupe qu’elle tient, et qu’il a rempli à nouveau. Leur attention l’un pour l’autre, ils s’y réfugient, a créé tout autour d’eux un lieu du monde où elle est à l’abri du désordre et du bruit de la soirée. »..

Une langue au plus près des choses, en longues phrases, qui arrive à la fois à faire sentir le contact d'un objet, une sensation à la lumière, à la vibration de l'air, et à dire, pas à suggérer, non, à formuler, ce qui se déroule à l'intérieur du « elle ».

« Dans un labyrinthe coloré, des éclaboussures immobiles de lumière explosent silencieusement. En suite de quoi, elles restent en suspens, mouvement arrêté, dans le rayon de soleil qui les traverse et les rabat sur le sol et en même temps les tient dans l’air chaud de l’après-midi d’été. Vibrations sonores du jaune, dans toutes les nuances possibles du paradoxe de Zénon, que personne n’aurait pu imaginer. »

Et, ce que j'aime moins (mais suis certaine que cela m'est personnel) revient au premier plan parfois une théorie, une réflexion plus explicite et qui alors devient impersonnelle, ne semble plus émaner de la même source, mais surplombe ce qui était narration. Et cela débouche en paraboles qui retissent lien avec le « elle », ou de façon plus impersonnelle avec le « on » ou le « nous ». Sur cet accord au monde, aussi, qui vient quand, par épuisement, ou par grâce, on se tient vide contre, dans lui, et que la solitude n'existe plus, ou n'importe plus, pour un temps, qui ne dure pas, avant que la quotidienneté n'instaure un autre vide, ne ramène la conscience de l'échec, de la finitude. Sur la condamnation, l'abandon du « elle » comme l'a été le « je » ou le « moi ».

Ne reste que l'écriture. La tenter, pure, pour le rythme de la vie. (et retrouver des paraboles, en descendant dans les souvenirs, de la mémoire qui se dérobe)

Juste, encore, une citation :

« La solitude condamne à l’obstination. Traverser la ville inconnue au matin, comprendre les cheminements possibles, dessiner les traits possibles de son inscription dans le monde et alors, affronter la suite de la journée, jusqu’au soir, d’un seul trait de plume, parfaitement rectiligne., que seule une main parfaitement maîtrisée peut dessiner. Un trait de plume, à l’encre noire, celui qui a tracé cette rue, quand elle n’était qu’un faubourg, il y a de cela plusieurs siècles, celui qu’elle tracera à main levée. »

Et je vous fait grâce de mes lectures de ces jours, qui ont souvent été belles, ou agréables, ou distrayantes, ou importantes, dont pouvez trouver trace, si le désirez ou êtes curieux sur http://www.babelio.com/mabibliotheque.php

J'aurais eu, pourtant, grand plaisir à citer, mais cela déborderait, certaines des longues phrases, jeu de mots, de notions, intelligentes et réjouissantes de « temps zéro » de Calvino, surprise de ces deux dernières nuits (dont il me reste quelques pages à savourer).

Je me suis donné une indigestion avec « le ventre de Paris » de Zola, en écoutant quelques enregistrements d'airs d'Eugène Onéguine (vidéos you-tube au hasard) pour me motiver (moue dubitative – préjugé un rien sot - au nom de Tchaïkovsky : je n'ai jamais écouté cet opéra), j'ai ressorti jupe de velours, justaucorps noir et richelieus, pris encore un peu de thé vert bien sombre et m'en suis allée à l'opéra, ragaillardie par la criée

« Une buée d’humidité montait, une poussière de pluie, qui soufflait au visage de Florent cette haleine fraîche, ce vent de mer qu’il reconnaissait, amer et salé ; tandis qu’il retrouvait, dans les premiers poissons étalés, les nacres roses, les coraux saignants, les perles laiteuses, toutes les moires et toutes les pâleurs glauques de l’océan. »

une très agréable surprise. De la bonne musique, sans beaucoup plus, mais bonne et qui allait bien à notre orchestre. De bons chanteurs, pas des vedettes mais bons et même très, selon moi. De belles lumières. Un joli jeu blanc et crème ou de couleurs foncées et sourdes dans les costumes.

Pour les tableaux du premier acte un décor à la fois simple et complexe, peu illustratif, qui introduisait dans un monde de représentation : un grand plateau circulaire de bois clair posé en pente sur le plancher blond du plateau, calé visuellement par de hautes gerbes debout, un fond de scène bleu ciel tirant sur le gris, une lumière dorée, un tau de tissu blanc sur le devant, qui s'abaissait, drapait le sol et le cercle, venu vers le devant, comme un gigantesque lit (et à un moment un arbre taillé en pointe descendait en biais comme un grand stylo donnant à la scène de la lettre un petit côté onirique qui, sans lui enlever de force, la rendait « jeune fille »). Pour le reste selon les cas, des miroirs, des rideaux neutres ne laissant qu'un bout de plateau...

Une belle mise en scène, simple, et distanciée, sans acrobatie et sans platitude, un rythme qui unissait. Avec une réussite : la scène du bal, et au début ce moment où le choeur en costumes de soirée de tons sombres et chauds se tient en bloc au centre pendant que les jeunes filles en robes blanches et leurs danseurs en fracs valsent autour d'eux, ou, avant, pendant l'ouverture, la danse d'une Tania si faible que pâmée dans les bras d'un Monsieur Triquet méphistophélique, les déformations incessantes, au gré de la musique, des ensembles danseurs/choeurs pendant tout l'acte qui ne sont jamais ostensiblement à la recherche d'un effet, mais jamais sots ni vraiment réalistes.

Pour Tatiana, Nataloya Kovalova, une jolie voix goûteuse, forte et ronde. Une jolie Olga Marie Lenormand, avec une voix un peu vibrante qui devient délicieuse en descendant, les deux autres rôles féminins, jolies voix et bonnes incarnations. Un Onéguine grand et mince Armando Noguera dont j'ai aimé la voix. Davantage que celle de Florian Laconi, parfois un peu trop métallique (mon manque d'amour pour les ténors), mais j'ai beaucoup aimé la ligne simple et l'accord de leurs voix dans le duo avant le duel et il joue fort bien Lenski - un habitué d'Avignon comme la belle basse de Nicolas Courjal en Grémine.

Un gros défaut : les deux entractes de vingt minutes chacun.

PS.

Mais dans le défilement accéléré des billets pour repartir à zéro ce mercredi matin, cela qui se suffit, parfait, sur un pouvoir (sur les quand ne sont pas maîtrisés) http://www.arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article586

7 commentaires:

Michel Benoit a dit…

Tes nuits sont plus belles que mes jours !

joye a dit…

J'aime tes lunettes !!! :-)

JEA a dit…

Autoportrait photo : même la lumière réfléchit...

micheline a dit…

en contre jour d'un très beau contraste noir et d'or, ton regard et tous tes muscles sont à l'affut ( 3ème image)

jeandler a dit…

Ah, les entractes!
Elles s'éternisent
comme en Lybie et ailleurs...

Gérard Méry a dit…

j'ai mis un moment pour décrypter ta première photo.

Pierre R. Chantelois a dit…

Il me semble que vous traverser une ville qui ne vous est pas inconnue au matin. Avignon vous habite autant que vous l'habitez. Et cela, des torpeurs matinales aux reflets crépusculaires de fin de jour ;-)