commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, mars 28, 2011

Je ne sais si c'est mon humeur ou celle du ciel, qui imposait à l'arbre suppliant le bienfait de son humidité, mais j'étais très très fiu dimanche – et carcasse confirmait,

rechignée, aussi morose que le faux bois qui prenait avec cet éclairage une fausse apparence de vraie souche pourrie.

Suis partie acheter patates et navets, suis rentrée, me suis nourrie, ai laissé passer le jour en regardant le fin crachin épisodique maquiller la cour.

Ai tout de même trouvé de la grâce, ou de la force, ou de l'intérêt à quelques billets, ai décidé de ne pas trop imposer mon humeur de dogue (dans la mesure où quelqu'un aurait fait suffisamment attention pour la percevoir) sur les « sites sociaux », ai taillé des petites branches mortes avec des ciseaux ce qui n'est certainement pas recommandé, passé un faubert trop mélancolique pour être efficace, envoyé quelques lignes au convoi http://leconvoidesglossolales.blogspot et décidé de reprendre ici deux anciens paragraphes :

Je regardais à côté de moi le plat de pyrex et le reste de gâteau au chocolat. Je regardais mon assiette en carton, les quelques miettes qu'avait laissé le morceau, guère plus grand, que je m'étais servi et la ravissante cuillère en argent. Je regardais la nappe multicolore. J'écoutais Pierre qui s'était levé et jouait une partita de Bach. J'ai levé les yeux. J'ai fait le tour des visages. Nous sourions. Et pour une fois j'ai cru que le bien-être que nous éprouvions tous, assemblée hétéroclite, était sans arrière pensée. Les rêves s'entrecroisaient, sans se reconnaître, avec un respect courtois.

18 mars

Ils étaient partis. Elle débarrassait, lentement, avec des arrêts pour tenter de retrouver des moments de la soirée. Elle était fatiguée, tension retombée, et le plaisir qui avait suivi, quand elle avait cru sentir que tout se passait bien, ce mélange de gens, les rares connus... - et elle qui avait si peu l'habitude de.. - ce plaisir qui restait là, mais apaisé, s'évanouissait doucement. Elle était dans le plaisir de toucher, de manier ces pauvres trésors qu'elle avait réunis, assez pauvres et divers pour que l'ensemble soit sans apprêt, mais trésors, au moins pour elle, pour que ce soit un don inaperçu. Les assiettes de provenances différentes, unies par les oiseaux, et ce bleu et ce jaune qui se retrouvent de région en région – l'argenterie, et là elle était fière parce qu'elle aimait les rubans noués qui garnissaient ce modèle qu'elle avait imposé, pendant des années, à ceux qui voulaient lui faire un cadeau, et chaque fourchette, chaque cuillère aurait pu être un sourire, un visage, un moment, si en fait elles n'étaient pas toutes semblables – le simple paréo qui avait servi de nappe – les couteaux d'argent chargés, mais pas trop, qui étaient son arrière grand-mère d'autant plus chérie qu'elle ne l'avait quasiment pas connue – et ce qui s'était dit ce soir là, et la façon dont des sympathies semblaient s'être dessinées. Elle a fini par les verres, fait couler une première eau, entrepris la vaisselle en évitant de faire trop de bruit à cause des voisins, mais en chantonnant, faux, entre ses dents.

21 mars

19 commentaires:

Michel Benoit a dit…

J'aime bien ces deux dates, normalement !

Anonyme a dit…

ce que laisse résonner les reliefs et les objets quand tous sont partis a quelque chose de doux oui et j'aime comment tu le dis ce beau moment de solitude.

Brigetoun a dit…

anniversaires ?

Pierre R. Chantelois a dit…

Belle inspiration que de reprendre ces quelques lignes déjà publiées. Le grand Jean-Sébastien dont il est brièvement question ici n'hésitait pas à s'inspirer d'œuvres antérieures, voire à les développer sous de nouveaux accents de voix ou d'instruments. Et les photos viennent en appui comme un contrapunctus...

jeandler a dit…

Ton arbre
tel le mien
en attente...
De quoi, au juste?

micheline a dit…

une assiette en carton, un plat en pyrex, et cuillères en argent qui témoignent du temps

JEA a dit…

En Ardennes (et ailleurs sans doute), d'un arbre qui passe les hivers, on dira qu'il est un marmenteau. Peut-être parce qu'il a de quoi se protéger le dos des frimas ?

Fardoise a dit…

Dimanche pluvieux, pour ne pas changer, le temps s'acharne sur ceux qui travaillent et n'ont que le week end pour s'aérer.

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Assiette en carton et cuillère en argent !!! ça va ensemble ces deux ustensiles ??? Très dubitative !!!

Brigetoun a dit…

Mathilde souviens toi - tu y étais

joye a dit…

Tu ne te sentais pas dans ton assiette, alors tu nous as refait deux jolis couverts ! Très habile !

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

J'y étais !!! ??? Explique moi car j'ai l'impression de devenir folle !!!

Brigetoun a dit…

dîner chez Nathalie (photo pas le texte - et sur la photo tu as l'assiette et la cuillère)

arlette a dit…

Plaisir de lire et relire ce que je viens de vivre hier soir et encore à venir en faisant couler l'eau de la vaisselle désenchantée

Lautreje a dit…

j'aurai aimé partager ce repas et chantonner aussi en faisant la vaisselle.

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

ah ok !!!Mais dans mon souvenir nous avions mangé dans de vraies assiettes !!!

Brigetoun a dit…

oui sauf pour le dessert (un classique d'ailleurs)

Gérard Méry a dit…

l'arbre nous montre ce qu'est une crampe d'estomac

D. Hasselmann a dit…

Minéralité de l'arbre, et autres nourritures terrestres : j'aime bien l'argenterie présentée.