commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, mars 08, 2011

Lavage cheveux – mélange de l'audition d' « Army », un chapitre audio d' « En guerre » de Jean-Michel Espitallier http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504394/en-guerre -, de la lecture d'une moitié du texte, de recherches de renseignements sur la Libye, la Côte d'Ivoire, etc.. de dérive vers d'autres guerres, de relecture de mémoires - plongée en sieste, suppliques aux bourgeons... - je recycle, puisque j'ai tourné le coin de la petite rue dans le convoi des glossolales de lundi http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/, les derniers paragraphes la concernant

Quand je passe dans la petite rue, je salue toujours, ou presque - il m'arrive de plus en plus souvent, trop, de l'oublier - la façade au crépi jaune usé, la porte moderne sans agressivité nichée à l'abri d'un petit renfoncement harmonieusement bordé de trois moulures assez amples, assouplies en arc surbaissé, de la maison que j'ai habité quelque temps, après mon arrivée, salut à elle adressé et plus encore à mille petits souvenirs futiles, à ma détresse d'alors, à sa façon de m'envelopper.

21 février

Je finissais toujours par me demander, lorsque j'avançais entre ces files de maisons, pourquoi j'avais pris l'habitude de parler de « la petite rue ». Même les quelques façades plus nobles, plus ornées ou plus décrépites, même les variations dans les proportions, variations assez limitées d'ailleurs, et dans les teintes des façades et des portes, la présence ou non de pots de fleurs, d'herbes parasites le long des descente d'eau, n'arrivaient pas à masquer l'étirement de ce boyau, étirement rendu sensible par la lassitude qu'il causait en moi.

24 février

Juste avant d'arriver au bout de la petite rue, j'avais à ma droite, précédant les quatre étages - béton clair, grandes baies et hauts garde-corps de verre brun foncé - du retour d'un immeuble des années soixante dont la façade donnait sur l'avenue, une maison décrépite, abandonnée. Une restauration était sans doute envisagée, et éternellement remise, parce que, parfois, la haute porte, aux deux vantaux curieusement inégaux, dont la peinture vert wagon s'écaillait, était ouverte, laissant voir, dans la faible lueur venant d'une ouverture sur une cour intérieure, un long boyau à l'enduit orné de quelques gypseries dégradées, et des sacs de ciment alignés sur un sol sale en tomettes de Vence vernissées, surprenantes dans notre Provence de l'intérieur, reste vraisemblablement d'une précédente remise en état.

27 février


La dernière maison de la petite rue, à ma gauche, dominée par les cinq étages de pierres aux ornements boursouflés du retour de l'immeuble de la banque, tranchait sur les façades patinées de ses voisines par son air soigné, un rien précieux, qui allait bien à son propriétaire, le délicieux Monsieur X le libraire d'ancien, marchand d'estampes et dessins, décorateur (j'oubliais toujours son nom – je l'aimais bien, mais n'avais pas les moyens d'être cliente, et me contentais de petites bouffées de désir, parfois, devant certaines estampes, certaines reliures exposées dans la fenêtre transformée en vitrine à côté de la porte, et de quelques sourires échangés pas tout à fait dans le vague quand je côtoyais son groupe au foyer du théâtre ou dans des expositions). Il y avait surtout cette porte, insérée dans un mur aux pierres fraîchement ravalées, sans brutalité, qui avec son panneautage raffiné, le cuivre au brillant mat de la poignée, la teinte indéfinissable, comme un céladon un rien trop vert, me faisait toujours, de façon totalement infondée et absurde, penser à un loft londonien ou à une petite maison au coin d'une rue d'Utrecht. Il y avait surtout, un rien comique mais l'assumant avec esprit, ces deux ailes, ou flammes, ou feuilles longues, des renforts peints en noir, au bas des piédroits.

3 mars

PS Il est bien entendu que tout ceci est purement imaginaire et n'a de rapport ni avec les occupants des maisons, ni avec leur emplacement dans la ville

11 commentaires:

Michel Benoit a dit…

Comme quoi, le rêve emporte la réalité en portes.

Pierre R. Chantelois a dit…

Derrière ces portes se trouvent très certainement des des souvenirs à raconter, de grands et petits bonheurs, de grandes et de petites tristesses. Les voir défiler ainsi sous vos yeux et pour nos yeux constitue pour chacune d'elle un rêve qui laisse place à l'imagination. Beaucoup de belles portes dans cette petite rue d'Avignon.

JEA a dit…

Il y a des blogs où l'on est reçu entre deux portes, quand on ne se retrouve pas à la porte, c'est parfois médiocre. Ici, c'est au contraire byzance...

Lautreje a dit…

Chaque porte retrouve son élégance quand elle est décrite par toi, si elle pouvait te lire...

jeandler a dit…

Dommage qu'elle soit si courte la "petite rue " qui sans être bien longue possède quelques trésors sur le pas de ses portes.
La plume de Mérimée n'aurait fait mieux pour cette déambulation plus qu'imaginaire et poétique à la fois. de grâce, brigitte, parlez-nous des fenêtres, maintenant.

micheline a dit…

Accrochés aux pierres et aux portes, les souvenirs mêlés de rêves s'éclairent au ciel changeant de chaque jour

Fardoise a dit…

La porte comme l'esprit de la maison, oui, de la ville aussi.

D. Hasselmann a dit…

Ce "petit pan de mur jaune" ne serait donc pas que proustien ?

joye a dit…

Et pourtant, toutes ces portes restent fermées contre le froid, les gens, le monde.

Anonyme a dit…

l'entrée londonienne a pour de bon les bottes des gardes de la reine.

Gérard Méry a dit…

Bizarrement disposée cette porte en renfoncement !