Mars, gentil Mars
que t'ai-je fait ?
Mars, joli Mars
soit moi bienveillant
Mars, sacré Mars
si point ne changes
guerre de moi tu auras
Mars, bougre de Mars
je concentre mes forces
j'arme mon vouloir
je t'efface.
Bonjour 1er avril
et comme je suis seule, point ne crains mauvaises blagues.
En lisant, en promenant et éclaircissant mon humeur, j'ai relu certains des billets de l'« autobiographie des objets » que met en ligne actuellement François Bon sur tiers.livre http://www.tierslivre.net/spip/ parce que le transistor ce matin http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2451 avait agréablement réveillé mon crâne, en faisant chanter mélancoliquement des souvenirs aigre-doux de l'adolescence. Et ne sais exactement par quel cheminement j'ai continué vers mes objets-traces, et, après plusieurs, suis passée par mon petit mausolée dédié, malgré sa misère apparente, à mon père. Mausolée qui comprend la seule pipe que je ne me souviens pas de lui avoir connue (il semble qu'elle ai succédé, à l'époque où j'étais le plus hors famille, aux brule-gueules de bois culottées auxquelles je pense quand je dis son nom) et cette fabuleuse et très abîmée montre qui a tenu bon une bonne quarantaine d'années, et qui lui avait été offerte par l'équipage de l'un de ses bateaux chéris « le coutelas ».
Une fouille dans les rayonnages, et j'ai retrouvé une petite plaquette de mon frère « les bateaux de Papet », survolée en rêvant
à celui que je n'ai pas connu, l'un des bateaux de mon grand-père, quasi mythique, « la Thétis » (les photos sont catastrophiques, photos de photos de piètre qualité, mais s'accordent assez bien au brouillard des souvenirs, de souvenirs transformés) goélette franche de 19 mètres de long, dans la famille pendant dix ans, dans la légende familiale infiniment plus longtemps.
aux deux petites annexes, qui semblent sortir ici d'une brule de rêve, «la favorite » et « le coq » dont je n'ai connu que la seconde, fort peu à l'eau, surtout dans le garage sous la villa de La Pérouse, réduite au rôle de terrain de jeux, ce qui déchainait sur nous les foudres bruyantes, fermes et aimables de mon parrain,
et surtout au vrai bateau familial le Bleuet, tel que je ne l'ai pas connu, quand il était jeune, cotre de course, construit en 1897, avec son gréement aurique, ses 10,50 mètres intacts,
tel que je l'ai connu, pas autant que l'aurais voulu, les sorties se méritaient, gréé en cotre marconi, et raccourci après de grosses avaries. Bleuet a vécu 74 ans et a été démoli en 1971, juste après le départ d'Algérie de mon oncle et parrain.
Et puis, parmi ses très nombreux embarquements, lui qui eut une carrière plus marine que brillante, quelques bateaux qui ont marqué, comme le « Jacques Cartier » navire école de la Compagnie Générale transatlantique, première navigation vers l'Amérique et le long de la côte Atlantique
pour son aspect d'animal antédiluvien, le Béarn, porte-avion, l'un de ses embarquements pendant son service militaire
la Jeanne d'Arc, l'ancêtre, pour le tour du monde, l'entrée dans la Marine nationale et les amitiés du poste 6 qui ont pour certaines duré jusqu'aux morts.
le Viro-vent pour le cabotage aux Iles d'Or avec ses amis de Brégançon, autre long compagnonnage.
Non plus un bateau, mais toujours marin, un Latécoère, pour ma surprise, toujours, qu'il ait volé sur ce genre de machine, souvenir de sa période aéronavale qui s'est achevée, crâne ouvert, lors de l'évacuation de son escadrille en piteux état (au moins son hydravion) vers l'Afrique du nord, devant l'avance allemande je crois – ce qui l'a affaibli au point de se marier.
Et je saute jusqu'aux deux «bateaux de papa » de notre enfance.
Premiers commandements, et vie à la mer et sa mer. « Le Sabre » et « le Coutelas », patrouilleurs côtiers cédés par la marine américaine. J'aime bien la description de mon frère : « longs d'un tout petit peu plus de 50 mètres, d'un tonnage d'environ 700 tonnes, armés d'une pétoire, de trois petits lance-pierres, et d'un pavillon français ». Bateaux où la convivialité était grande, par force.
Avec le Coutelas, sur la fin, cette époque où sous l'autorité des Nations-Unies il fait partie de la flotte chargée de surveiller la trêve mettant fin à la première guerre israélo-arabe, et son amour pour le Liban. Et puis quand il faut être extrêmement discret jusqu'à la distraction, parce que les bateaux genre « Exodus » n'ont pas le feu vert, sa navigation entre les îles grecques, où il est chez lui (si ce n'est pas strictement vrai, ça l'est pourtant).
Ces photos, aussi, qui me ravissaient, où, vêtu d'un large short blanc, qui, dans le vent, prenait un air de jupe plissée, il chasse le marsouin, et cela me ravissait.
En sautant toujours « le Marceau » (il est second) parce que c'était un chouette bateau selon lui, et parce qu'il est venu à Alger où, nous les enfants, nous étions sans nos parents, et pour ce goûter, jeux dans tout le bateau, jusqu'au mât, qui m'est souvenir ensoleillé.
Et puis, avec sa ligne ahurissante, couchée sur l'eau, et hérissée dans les hauts, son bateau chéri, malgré ce côté légèrement comique, malgré la période (commandement pris juste après Dien Bien Phu – ramassage des radeaux émergeant à peine sous les pieds des groupes humains fuyant le nord, des photos qui m'avaient marquée), « la Gracieuse », et je ne crois pas que ce soit parce qu'il a été le dernier.
Amirautés, direction du pilotage du port d'Oran quand plus aucun bateau n'entrait, fabricant de cahiers et autres dont livres de poches à Cholet et La Flèche, dessin et fabrication d'un petit bateau pour la jeune génération, retraite, contemplation de l'écluse de Bougival, vie familiale, croisières amicales sur canaux et sur paquebots.
Et les trois péniches louées pour deux ou trois jours sur la Marne, les éléments divers de la smala en romanichels attentionnés et joyeux, pour les noces d'or de nos vieux.
Sans intérêt, mais m'a occupé agréablement, avec tout ce que je n'ai pas mis, et bien sûr je pourrais aussi bien, ou cela serait préférable, envoyer le tout au panier, mais c'est fait, c'est fait.
20 commentaires:
On sent une vibration joyeuse dans ces souvenirs, surtout avec le "short plissé" avec la répétition heureuse de "ravissai(en)t"
Qu'est-ce que tu veux dire "sans intérêt" ?!? Mais tu rigoles !!
J'ai toujours été admirative de ceux qui arrivent à marcher sur les mains, même si pour ce faire ils auraient pu se laver les mains avant ! (contente...j'ai sorti ma première c...de la journée, mais tu avoueras que ce n'est pas souvent que je t'en fais profiter aussi !)
Commentaire venu des Ardennes : un buste de cerf sur fond vert et surmontant une ancre, tel était l'insigne de poitrine de l'escorteur "Le Coutelas".
Souvenirs maritimes qui me touchent beaucoup et quelle belle autobiographie des objets... volet transport. Y a-t-il un beau fleuve près de chez vous? ;-)
non non pas au panier!!ce qui te reste des vies maritimes...de la famille dont tu es..toi qui t'ancres en terre d'Avignon sans cesser de naviguer en imagination
me suis réveillée chafouine et me voilà émerveillée maintenant ! J'aime énormément et les photos et votre façon de dire. Ma journée transformée !
le Rhône qui fait très piètre figure par rapport au Saint Laurent, mais qui est le plus grand et fort fleuve français - juste à deux rues d'ici
partager tes souvenirs, nous a fait voyager joliment...
Cette flottille parcourt la page comme en fendant les souvenirs que vous nous faites partager : le noir et blanc de la mémoire est élégant.
Brigitte, je prends ton poème sur mars intégralement à mon compte.
Pourquoi Mars est il des astres ?
Gérard tu es irremplaçable
Plongée en son enfance très précieuse à garder ...les noms chantent encore
Ceci me touche. Je suis fille d'un papa qui a dû saborder, la mort dans l'âme, son bateau dans la rade de Toulon et sœur d'un navigateur "long courrier" qui nous postait des cartes postales de Sydney ou de Fort de France.
Ne pas jeter, non surtout pas ! Je me demande toujours pourquoi, pour les terriens dont je suis, ce monde de la navigation exerce un attrait si poétique, est-ce justement parce que je suis si mal sur un bateau que tous ceux que tu évoques me font rêver ? Autant qu'un Latécoère, pas sûr ?
ne rien jeter pour sentir à nouveau le souffle du large.
Avoir le Rhône à deux pas est un grand privilège.
Voilà, c'est dit. C'est fait comme tu l'écris.
Un soulagement?
Pas même, répondras-tu.
Une élégance de ta part.
Circulez, la séance est terminée.
J'ai du mal à revenir après une telle promenade dans ce passé foisonnant. Je fais défiler assez vite et alors j'ai l'impression sur les bateaux dansent sur les vagues. Essayez !
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