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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, mars 26, 2011

« Mon cueur est devenu hermite

En l'ermitaige de Pensée;

Car Fortune la tres despite

Qui l'a hay mainte journée,

S'est nouvellement aliée,

Contre lui, avecques Tristesse,

Et l'ont banny hors de liesse:

Place n'a où puis demeurer,

Fors ou bois de Merencolic.

Il est content de s'y logier

Si lui dis je que c'est folie.... »

Par ma foi, Monseigneur, trop triste suis en vous entendant -

Vous prie, bien humblement, de nous bailler, à vous et donc à moi vous suivant, consolations

« Haa, Doulx penser, jamais je ne pourroyc

Vous desservir les biens que me donnez,

Car, quant Ennuy mon povre cueur gerroye,

Par fortune, comme bien le savez,

Toutes les foiz qu'amener me voulez

Ung souvenir de ma belle maistresse

Tantost Doleur, Desplaisir et Tristesse

S'en vont fuiant; ilz n'osent demourer,

Ne se trouver en vostre compaignie

Mais se meurent de courrous et d'envie,

Quant il vous plaist d'ainsi me conforter...... »

Sourire nous vient, tremblant et enfantelet, comme le petit soleil du printemps. Taisons nous et allons nous en balant, nous ferons parures de feuilles.

(vrai que là nous aurions du mal)

Me suis un peu promenée dans les poèmes de Charles d'Orléans, dans l'après-midi de vendredi,

avant de monter - en tentant de garder mon derrière en place, en bas d'un dos presque droit, me hissant sans trop le montrer en guise de gymnastique et j'étais pantelante en haut -

vers le Petit Palais, pour écouter une conférence de Jacqueline Cerquiglini-Toulet, sur un contemporain (au moins en sa fin de vie) de sa transformation, Charles d'Orléans, intitulée « À l'école de la mélancolie : quand un prince devient poète »,

Un agréable moment, qui nécessitait sans doute en sa rapidité, sa densité, son fourmillement de références aux contemporains mêlées de citations, de s'être un peu immergée dans l'oeuvre, même légèrement, pour en tirer vraiment plaisir, sauf sans doute pour les membres du colloque en cours à l'Université d'Avignon, (être poète au temps de Charles d'Orléans).

Je ronronnais

et puis suis revenue, un peu branlante - il me faut prendre chair et forces – picorer encore un peu, plus loin, à l'école de Merancolie, tout nument, en nonchaloir, réveil sommeilleux, ne bien ne mal.

Car tout m'est un – et il n'est si beau jeu qu'il ne cesse – en foi de quoi me suis occupée de ma cuisine....

Mais pourtant, reste vrai :

« De Vieillesse porte livrée

Qu'elle m'a puis ung temps donnée,

Quoy que soit contre mon desir,

Mais maugré myen le fault souffrir,

Quant par Nature est ordonnée.... »

Il suffit, puisque :

«C'est folie de trop parler

De ce que ne puis amender, »

alors si

« Je vous sans, et congnois venir,

Ennuyeuse Merencolie,

Mamteffoiz, quant je ne vueil mye,..

il n'est pas vrai que « L'uys de mon cueur vous fault ouvrir... »

si vous ne vous parez de douceur tendre.

Allez en paix

10 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Puis-je compléter avec cette belle citation du même Charles d'Orléans : « Paix est trésor qu'on ne peut trop louer. - Je hais guerre, point ne la dois priser ». Votre promenade mélancolique est un baume par ces temps de tumulte, de bruits et de fureurs.

JEA a dit…

Quand un poète ne se prend pas pour un prince ?

Anonyme a dit…

Merci des ces douceurs derrière en place :)

RV a dit…

Les photos c'est vraiment ce que vous voyez en sortant à pied tout ça, c'est pas du piock-up google ?. Dedjou, c'est bien beau ! et phrases aussi mais ça savez déjà hein...

joye a dit…

Pas juste ! Emprisonné, il avait tout son temps pour écrire. Cela dit, je pense que c'était génétique ! Pensons à sa fille (si je ne me trompe pas), Marguerite de Navarre...

Le temps est bref et ma volonté grande,
Qui ne me veut permettre le penser ;
Ma passion me contraint et commande,
Selon le temps, le parler compenser.
Jusques ici j'ai craint de m'avancer,
En attendant un temps de long loisir,
Mais il n'est pas en moi de le choisir ;
Par quoi du peu faut que mon profit fasse :
En peu de mots vous dirai mon désir,
C'est que je n'ai volonté ni plaisir
Que d'être sûr de votre bonne grâce.

Brigetoun a dit…

il n'a jamais été prisonnier que 25 ans (je sais c'est long mais il en reste, et il s'occupait agréablement ou presque je pense pendant ce temps).
Marguerite c'est les Angoulème, pas même branche (ça j'en suis certaine, les détails j'ai totalement oublié je m'en rends compte, honte)

arlette a dit…

Alors "allons nous en balant"
Joli

Gérard Méryh a dit…

...je n'ai pas le temps de corriger les fautes ! ! ! !

D. Hasselmann a dit…

Et voilà déjà le retour du festival...
Oui, cour d'honneur et cloître des Célestins (Anne Theresa, je la vois venir)...

Un avant-goût de beauté vocale et drapée.

jeandler a dit…

Un quart de siècle prisonnier
notre poète !
Des fourmis dans les jambes
un désir de s'évader
vers le rivages ligériens.