J'avais souvenir du ciel de samedi, et de la pluie. J'avais cru comprendre qu'il en serait de même pour ce dimanche de Pâques.
À sept heures du matin, le ciel blanc gardait un petit reflet rose
et l'apparence d'une opale hésitante au dessus de moi (le bleu a dominé, à ma grande surprise, sur la photo, il n'était qu'intention de proposition hésitante dans mes yeux)
Me suis ancrée dans mon intention de lavage-de-cheveux-paresse-repassage, avec un hypocrite regret de ne pouvoir aller traîner dans la foule de l'Isle-sur-Sorgue devant objets, meubles et, cette année, livres anciens.
Cheveux dégoulinants et quatrième mini-toast en bouche, j'ai constaté que le bleu semblait gagner la partie, mais bien entendu il était trop tard.
J'ai aussi constaté que ma connexion était morte, renaissait pour quelques secondes, repartait.
Et la matinée fut lecture de fichiers, en gardant un oeil suppliant sur les petites lumières, en me précipitant, jurant, renonçant, le besoin de cette sac..... connexion, sans même savoir vraiment ce qu'en ferais, prenant le dessus sur tout.
Ou presque.. pendant que me promenais, entre autres, dans Saint-Simon, sous le charme du caractère de Louis XIV
« Ce n'est pas que cet artifice, ni même la réalité la plus effective, eût aucun pouvoir d'ailleurs de contraindre le roi en quoi que ce pût être. C'était un homme uniquement personnel, et qui ne comptait tous les autres, quels qu'ils fussent, que par rapport à sol. Sa dureté là-dessus était extrême. Dans les temps les plus vifs de sa vie pour ses maîtresses, leurs incommodités les plus opposées aux voyages et au grand habit de cour, car les dames les plus privilégiées ne paraissaient jamais autrement dans les carrosses ni en aucun lieu de cour, avant que Marly eût adouci cette étiquette, rien, dis-je, ne les en pouvait dispenser. Grosses, malades, moins de six semaines après leurs couches, dans d'autres temps fâcheux, il fallait être en grand habit, parées et serrées dans leurs corps, aller en Flandre et plus loin encore, danser, veiller, être des fêtes, manger, être gaies et de bonne compagnie, changer de lieu, ne paraître craindre, ni être incommodées du chaud, du froid, de l'air, de la poussière, et tout cela précisément aux jours et aux heures marqués, sans déranger rien d'une minute.
Ses filles, il les a traitées toutes pareillement. On a vu en son temps qu'il n'eut pas plus de ménagement pour Mme la duchesse de Berry, ni même pour Mme la duchesse de Bourgogne, quoi que Fagon, Mme de Maintenon, etc., pussent dire et faire (quoiqu'il aimât Mme la duchesse de Bourgogne aussi tendrement qu'il en était capable) qui toutes les deux s'en blessèrent, et ce qu'il en dit avec soulagement, quoiqu'il n'y eût point encore d'enfants.
Il voyageait toujours son carrosse plein de femmes: ses maîtresses, après ses bâtardes, ses belles-filles, quelquefois Madame, et des dames quand il y avait place. Ce n'était que pour les rendez-vous de chasse, les voyages de Fontainebleau, de Chantilly, de Compiègne, et les vrais voyages, que cela était ainsi. Pour aller tirer, se promener, ou pour aller coucher à Marly ou à Meudon, il allait seul dans une calèche. Il se déliait des conversations que ses grands officiers auraient pu tenir devant lui dans son carrosse; et on prétendait que le vieux Charost, qui prenait volontiers ces temps-là pour dire bien des choses, lui avait fait prendre ce parti, il y avait plus de quarante ans. Il convenait aussi aux ministres qui, sans cela, auraient eu de quoi être inquiets tous les jours, et à la clôture exacte qu'en leur faveur lui-même s'était prescrite, et à laquelle il fut si exactement fidèle. Pour les femmes, ou maîtresses d'abord, ou filles ensuite, et le peu de dames qui pouvaient y trouver place, outre que cela ne se pouvait empêcher, les occasions en étaient restreintes à une grande rareté, et le babil fort peu à craindre.
Dans ce carrosse, lors des voyages, il y avait toujours beaucoup de toutes sortes de choses à manger: viandes, pâtisseries, fruits. On n'avait pas sitôt fait un quart de lieue que le roi demandait si on ne voulait pas manger. Lui jamais ne goûtait à rien entre ses repas, non pas même à aucun fruit, mais il s'amusait à voir manger, et manger à crever. Il fallait avoir faim, être gaies, et manger avec appétit et de bonne grâce, autrement il ne le trouvait pas bon, et le montrait même aigrement. On faisait la mignonne, on voulait faire la délicate, être du bel air, et cela n'empêchait pas que les mêmes dames ou princesses qui soupaient avec d'autres à sa table le même jour, ne fussent obligées, sous les mêmes peines, d'y faire aussi bonne contenance que si elles n'avaient mangé de la journée. Avec cela, d'aucuns besoins il n'en fallait point parler, outre que pour des femmes ils auraient été très embarrassants avec les détachements de la maison du roi, et les gardes du corps devant et derrière le carrosse, et les officiers et les écuyers aux portières, qui faisaient une poussière qui dévorait tout ce qui était dans le carrosse. Le roi, qui aimait l'air, en voulait toutes les glaces baissées, et aurait trouvé fort mauvais que quelque dame eût tiré le rideau contre le soleil, le vent ou le froid. Il ne fallait seulement pas s'en apercevoir, ni d'aucune autre sorte d'incommodité, et [le roi] allait toujours extrêmement vite, avec des relais le plus ordinairement. Se trouver mal était un démérite à n'y plus revenir.... »
Enfin, à vrai dire, plutôt sous le charme du petit Duc, de son écriture, de ses partis-pris, de sa férocité élégante (le plus souvent)
Vers midi et demie, le bleu avait gagné, nié par moments par des nuages qui éteignaient ma cour, et les lumières vertes clignotaient de jolie façon.
J'ai fait petit tour sur le web, j'ai fait cuisine, j'ai mangé grosse assiette pleine de pâtes, de sauce et de saveurs, un peu dormi, un peu écouté la cantate BWV 31 de Bach, en diverses versions, via France Musique, fait des petites incursions chez Saint Simon, eu un peu froid dans la cour, ne pouvant choisir entre l'Isle, la foire d'Avignon, les derniers oeufs éventuellement restant dans le cloître Benoit XII, ou, plus difficile, mais à peine, puisque de toute façon n'avais pas la moindre velléité de me déplacer, à Chambord pour écouter François Bon et Dominique Pifarély http://pifarely.net/wordpress/?p=3936
et fait enfin un peu, tout petit peu, de repassage facile,
Voilà, voilà
Tout de même la fréquence de ces désertions de connexion m'inquiète un tantinet.
9 commentaires:
Et si la connection passait par une galerie, disons tout à fait au hasard, par la Galerie D. ???
connexion ou pas, le ciel poursuit sa route, c'est ce que j'essaie de me dire quand les petites lumières vertes ne clignotent pas.
Et dire que je n'en suis toujours qu'au premier tome de ses mémoires de cet homme !
oh ! je n'en ai lu qu'une infime partie - j'ai les deux premiers tomes depuis l'adolescence, pour le reste pas pu et plus eu vraiment envie d'investir mais je picore et chaque fois suis accro
Dieu s'est fait tome pour être lu.
Jour de pluie, jour de lecture, dit-on chez nous. Il me semble bien que la lecture d'une partie de l’œuvre de Saint-Simon devrait aider à organiser et à combler richement une journée qui pourrait, autrement, être ennuyeuse. Et si Jean-Sébastien se met de la partie... alors là, c'est du bonheur. Ce matin il fait beau sur Montréal. Cette semaine, il pleuvra sur Montréal. C'est ainsi.
Heureuse que ta connexe ne t'a pas tout à fait désertée, quand même. Je pensais que le problème des intermittents avait été réglé ?
il l'est encore moins que celui de ma connexion
la French Connection... ? ben c'est du beau !
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