À l'aube pour moi, c'est à dire vers neuf heures et demi, suis partie, éblouie par la lumière qui rebondissait sur les dalles des trottoirs, agressant gaiement mais durement les yeux, sombre miroir incandescent.
Et les lanternes allumées n'aidaient pas à distinguer mieux ce qui baignait dans cette coulée de lueur brouillée.
J'allais aux Halles parce que Webiane (dont j'ai appris le nom, Viviane Michel, grâce à cela) annonçait sur son blog http://webiane.canalblog.com/archives/2011/04/07/20773368.html qu'elle dédicacerait son livre à partir de 9 heures.
Agréable répertoire des rues intra-muros avec une petite notice sur leur origine et celle de leur nom, des photos ou dessins, et quelques lignes sur les immeubles les plus intéressants.
Mais pour la rue du Limas, ma pauvre chère petite rue entre les hôtels opulents et les remparts :
«Le mot Limas vient du latin limaceus qui signifie boueux. Dès que le Rhône était en crue, l'eau limoneuse s'infiltrait par la porte du Rhône et envahissait la rue du Limas. À la décrue, il n restait que la boue. Les récentes inondations de 2003 nous ont prouvé que l'eau du Rhône sautait par-dessus et à travers les batardeaux pour venir se répandre dans la rue..
À hauteur de la rue du Petit-Limas, une inscription nous montre le niveau du Rhône lors de l'inondation du 4 novembre 1840. »
elle mentionne six numéros mais néglige le principal.
J'en ai profité pour compléter ma réserve de bintjes, reprendre un bidon de deux litres d'huile, des asperges, des petits rougets friture, des filets de lieu pour mes pâtes, et, oubliant que j'avais fait oh en me pesant, et pensé qu'il était temps de mettre un bémol à la recherche d'embonpoint, un petit, mais pas tant que ça, dormeur pour mon dîner.
J'étais passée par la place Crillon (notice trop longue pour en arriver à cette dernière ligne, clôturant la liste de ses noms successifs : « Place Crillon depuis 1843, pour honorer Crillon le Brave ») qui fut place du Limas, place devant la porte de l'Oulle, place de la Comédie, place de l'Oulle – la rue Joseph-Vernet, qui a droit pour la notice (avant la longue liste de bâtiments) à une page qu'elle mérite et que je tais
la rue Saint Agricol (où je fus frappée par la lumière)
« La portion de la rue qui va de la place de l'Horloge à la rue Félix Gras a autrefois porté par erreur le nom de Carreria Arangerie (rue des Oranges). Avant cela, elle s'était également appelée rue Passionei, du nom du vice-légat qui a beaucoup oeuvré, vers 1755, pour la beauté et l'alignement de cette artère. Le début de la rue jusqu'à l'église était le lieu où l'on vendait les harengs, ce qui a valu à cette portion le nom de rue de la Harengerie. Et lorsqu'on a enlevé le nom de Passionei pour remettre l'ancien nom l'ignorance a fait que Harengerie est devenu Arangerie. »
la rue Rouge. " Elle se trouve tout près de la place du Change (j'y suis passée aussi bien entendu) où circulaient la monaie et les devises. Elles s'appelait la rue des Orfèvres car la corporation des orfèvres et bijoutiers se tenait dans cette rue. Elle porte encore ce nom sur l'Annuaire industriel et commercial d'Avignon de 1892, p.44. Ces commerçants disposaient leur marchandise sur du velours rouge pour la mettre en valeur ; les boutiques de joailliers se touchaient (elle est très courte – nb Brigetoun). Le nom est entré dans l'usage et est resté. Un document datant de 1568 nous signale que la maison de Tassel Bertrand est situé « in carreria rubea, sive Pelleterie Antique ».
Certains disent aussi qu'un massacre aurait été commis entre les Francs et les Sarrasins sur la place du Change et les pavés de la rue auraient été couverts de sang, ce qui aurait donné le nom à la rue, mais aucun document ne le prouve."
Puis par la rue Bonetterie, mais vous fait grâce de son histoire et de ses noms, et je ferme le livre.
(J'oubliais dans ma liste que, pour parfaire mon régime, j'ai acheté un petit sac de zézettes, en sortant des Halles.)
Parce que Paumée, mon cher, je m'ennuie un peu en copiant et je vais faire fuir les braves gens qui en ce creux viennent te visiter. (comme toujours quand je grossis, mon crâne se paralyse et Paumée descend dans le fonds du web)
Juste, le retour, la lumière qui caressait et paraît les blessures et salissures des façades trop anciennes et délaissées, et soulignait une enflure molle qui fait que je me tâte chaque fois la joue.
et les premiers groupes, shorts longs et gros appareils sur l'estomac de touristes, souvent mes frères du xème âge, qui sont souriants et charmants... et m'ancrent dans mon horreur de tout voyage organisé.
17 commentaires:
Je suis également allé voir Viviane aux Halles, mais un peu plus tard que toi...
Son livre doit être le quatrième dictionnaire des rues d'Avignon que je connaisse.
Quel beau trajet. Lumière dans les rues, effluves dans les halles. Couleurs des fruits et légumes, façades défraîchies. Embonpoint petit, grosses tentations de victuailles variées. Quel beau trajet. Et le Rhône... Un fleuve beau et grand qui hante mes rêves.
1ère photo, Pierre Barouh :
- "A l'ombre de nous
restera toujours..."
c'est sûr que je ne te vois pas dans les voyages organisés ;-) !!
Est-ce que les zézettes se croquent à toute heure ?
Mais qu'est-ce que c'est donc que les zézettes au fait ? (demande la naïve nordiste :-))(et "voyage organisé", deux mots et je frissonne en signe de répulsion)
OH ! zézettes et figounettes ! j'adore ces noms pleins de soleil : merci pour cette balade lumineuse.
ALiCe__M
Je te rassure, 9h30 c'est vraiment l'aube, surtout un samedi matin car il faut tout de même en amont se réveiller, déjeuner, se laver et se sentir près à affronter l'extérieur, ce qui veut dire que tu t'es levée super tôt ! D'ailleurs, je ne l'ai jamais expérimenté, comment c'est aux halles un week-end à cette heure là ? Y a t-il autant de monde qu'entre 11h et 13h ?
zézettes euh... sur dictionnaire : sexe féminin
en fait à Sète :
1 verre de sucre
1 verre de vin blanc ou rosé
1 verre d'huile
1 paquet de sucre vanillé
1 sachet de levure chimique
de la farine
Mélanger vin + huile + sucre, puis ajouter la vanille, la levure et la farine en pluie jusqu'à obtenir une pâte non collante.
Faire des navettes ( comme un doigt et les extrémités légèrement pointues) les rouler dans du sucre au four sur une plaque beurrée à 170°, 20mn.
On peut y ajouter de l'anis
P.S. : j'aime beaucoup tes deux premières photos !!! Cela méritait que je revienne pour te le dire !!!
Belle déambulation...
Matholde : pardon j'avais pas vu - non c'est agréable moins beaucoup moins de gens et attendu juste cinq minutes chez le poissonnier
Ces noms de rues, et celle dite Saint-Agricol, sont des étapes dans la mémoire et le présent.
Les légumes ou ces étranges "zézettes" en font un tableau fort appétissant.
Emergeant, je ne sais plus, te lisant, de quelle heure il s'agit.
Ces zézettes-ci me mettent l'eau à la bouche. Merci pour la recette.
Le livre est pour moi une source où je vous suit dans vos pérégrinations journalières...
les zézettes en recette, t'es super !
euh .. google est super - je n'avais aucune idée de la façon de les faire
je crois que les zézettes font recette....l'attrait de l'inconnu! je vais recopier la recette.
N'y suis pas allée car j'ai déjà le livre de Viviane. Belle promenade dans la lumière et parmi les couleurs des Halles. Merci pour la recette des zézettes.
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