Les arbres qui sombrent dans le crépuscule, là bas, derrière l'arcade, se reflètent dans l'eau obscure du miroir et noient l'image de ce corps où je me tiens.
Regard où tout s'évanouit, vire, flotte, dérive, sur une aquarelle fouillée jusqu'à l'ombre
Le corps oublieux, figé en un esprit qui se démélancolise
Corps et espace dénoués, libres, jusqu'au besoin de quête, jusqu'à se faire aigus.
Les arbres dans la nuit, découpés par la lumière, derrière l'arche, sont dans le cadre du miroir obscur, et le regard des yeux écarquillés s'y enfonce - entre rêve et conscience, entrer dans cet indécis.
Sans volonté, mon corps oublié se balance imperceptiblement, comme pour avancer sur une corde, vers cet autre monde deviné, avant qu'il ne s'efface.
Reprise de ma contribution chez Benoît Vincent aux vases communicants d'avril. http://www.erohee.net/ail/chantier/brigitte-celerier-les-vases-communicants/
« L'autre monde est là, dans l'eau obscure du miroir qui est découpée comme une porte sur l'autre monde » Pascal Quignard – « une gêne technique à l'égard des fragments », phrase relevée par moi dans «le revenant – sur Pascal Quignard » de Benoît Vincent.http://www.publie.net/fr/ebook/9782814502567/le-revenant-sur-pascal-quignard
Paumée, après trois mois d'une fréquentation insensée, revient si brusquement à la normale qu'emporté par son élan il plonge dans les profondeurs invisibles. Je le sermonne, le console, lui dit que ce sont les vacances, qu'il n'y est pour rien, et moi moins encore.
Suis partie vers 17 heures voir le toubib au beau crâne. La lumière caressait amoureusement les pierres heureuses de Calvet.
et le printemps poussait, fin et vert, sur la balustrade.
Comme j'étais un peu trop en avance, me suis arrêtée au coin du boulevard Raspail pour lire quelques pages de « Bunker anatomie » de Claro, qui curieusement ont calmé mon énervement, et capter un reflet, mouvant et trompeur comme la réalité telle qu'on nous la présente,
écho à celui trouvé, un peu plus loin, l'autre jour, en revenant de chez petit toubib.
15 commentaires:
La prochaine fois, faudra photographier le beau crâne (mais sans flash, plize).
Ces visites chez le toubib, une réelle obsession que je contrôle difficilement. S'il y avait sur ma route autant de ces vieilles pierres heureuses de Calvet et de ces beaux endroits, peut-être m'assagirais-je moi aussi. Le crâne de mon toubib n'est en rien dégarni. Mais j'y retrouve une certaine sagesse.
J'ai un ami funambuliste. Ne pas tomber, pour lui, c'est ne pas céder aux lois de la pesanteur malgré un corps limite trahisons...
Pierre j'ai besoin d'eux pour des ordonnances et dans le cas du beau crâne (pourvu qu'il ne me lise jamais !) c'est le moment le plus agréablement "mondain" auquel j'ai droit.
Parlons théâtre, vie de la ville, et par incidentes rapides de moi
Et la souterraine fréquentation, il faut la compter, elle aussi...
c'est surtout celle là qui s'est évaporée - restent fidèles
au grès des grillages
paysage en mosaïques
à chacun son lot
t'es croisé hier en fin d'après-midi, peut-être étais-tu en marche pour cette visite chez le toubib, mais j'étais en voiture et n'ai pas pu te saluer... mais en pensée, oui... sourire...
dans la rue je ne vois jamais ce que je devrais voir, et ne reconnais personne - suis entre mes ruminations et des détails insignifiants que je juge importants - là je prends mon élan pour amener chez teinturier trois manteaux deux blousons une grosse parka et un imper - mes bras regardent l'ensemble avec une perplexité découragée
Le monde n'est que le reflet de nos pensées changeantes. Le beau crâne tel une boule de cristal pour y tenter de lire le présent.
"La démélancolisation est l'ancolie du lendemain."
Benoît Dehort, "Oeuvres complètes", Editions du goudron, 2007 (tome VI, page 8).
mon imagination s'amuse à penser que la lumière caresse le beau crâne
Les pierres sont-elles heureuses d'être aimées, ou bien de leur beauté ?
grilles et miroirs des deux lesquels nous emprisonnent ...
d'ou je vis il y as une porte sous le saule bordant ce lot dans lesquels au crépuscule les arbres se meurent ...
chère Brigitte, j'adore les photos, la deuxième c'est comme une merveilleuse peinture d'abstraction ou on trouve le reflet saignant d'un autre monde.
belle journée magique.
merci.
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