Brigetoun en vieille grinchue (en risque de)
longue tartine expiatoire
Samedi matin joyeux, léger, et une envie d'aller enfin voir cette exposition que j'avais oubliée, à Ceccano, « le climat de l'artiste » (livres d'artistes) dont je ne sais plus qui m'avait dit grand bien.
allégresse devenue grimace au bas de mon escalier en découvrant un avis de passage me donnant ordre, à cause de mon imaginaire absence, d'aller chercher un paquet - un livre attendu ou la revue « diptyque » pour laquelle me reste une petite impatience - à partir de lundi, à la poste près de la gare – bonne distance et attente assurée -
Premiers pas, en mauvaise humeur donc, et découverte de l'installation d'une sono sur estrade, place Crillon, tout à côté
souvenir d'avoir lu que la ville organisait, chaque samedi de ce début d'été, sur une place différente, pour permettre aux habitants du grand Avignon de profiter de la ville, un concert de rock, idée séduisante, mais petit frémissement puisque j'étais de mauvais poil -
croisé l'embryon de foule du samedi après-midi, avec des silhouettes inhabituelles, non ces attendrissants gamins, que je suivais en souriant, admirant le compromis entre petite révolte et regard familial suggéré par la propreté et le repassage impeccable de leur harnachement, mais des malabars musclés et très cloutés et chaînés, qui m'ont fait, stupide que j'étais, imaginer une nuit de heavy métal à plein tubes dans ma cour. (alors que, je l'ai découvert dans la soirée, ça a été court concert de rock au creux de l'après-midi, pendant mon absence, pour promeneurs du week-end)
Honte rétrospective de cet échange de grimaces souriantes avec une de mes contemporaines, et d'un «j'aimerais choisir la musique » assez sot, fort mal accueilli par un groupe qui passait en réussissant à marier déhanchement et roulement d'épaules, déclenchant un « à poil », et de ma réponse « pas conseillé », qui m'a valu un sourire mais aussi un « rentre dans ta tombe ».
J'ai continué dans belle chaleur, m'appliquant à trouver joli ce que je voyais, mais pleine d'humilité devant les boutiques, consciente que j'étais de ma décrépitude. Ridicule et énervement en crue – il faut que je me surveille avant de devenir une petite vieille ronchon.
La rue Joseph Vernet tremblait de musique, et suis arrivée rue de la République derrière un camion à la puissante sono – sans réaliser, dans ma cécité maussade, qu'il était le dernier d'un défilé, et qu'en regardant bien, les camions les plus éloignés étaient décorés, leurs occupants joyeux... et que flottait une petite ambiance de tulle rose.
Me suis tout de même résignée à nuit pénible, et préparée au plaisir de l'exposition.
Savourer la beauté simple, les proportions, les pierres de la Levée Ceccano, son antiquité vaguement fortifiée du 14ème siècle, pour ce qu'il en reste,
la noblesse simple de l'escalier de 1602 quand c'était collège.
La vue sur les toits à mi-hauteur - et les salles d'exposition, le temps d'admirer, un peu trop vite, dans mon désir de jeter un coup d'oeil général, des caricatures, les plus beaux des livres illustrés par Daumier, Laurens ou autres, et ceux du félibrige, et je suis entrée dans la grande salle carrée où sont exposés des livres-objets et livres d'artistes – une dizaine de minutes d'un intérêt admiratif devant les livres de Jean-Noël Laszlo de Toulon (un peu étonnée de ne jamais en avoir entendu parler), des papiers, des gravures, avec une gêne croissante, et, arrivée devant une sculpture de papier de Youl pour des mots de Michel Butor, venant de Lucinges, une attention émerveillée qui luttait avec un malaise obstiné et grandissant jusqu'à m'obliger à ressortir en trébuchant. Constat, sur le seuil, en me retournant pour sourire à la gardienne, de la présence d'un de ces gros climatiseurs monstrueux pour installations sommaires qui sont redoutables.
Descente cahin-caha, aspersion d'eau aux lavabos, station sur un banc du jardin, entre navrance et rire nerveux (je tâcherai de revenir, munie d'un brumisateur, un jour de sérénité et moins grande chaleur, parce que cela semble en valoir la peine)
et retour pleine d'une appréhension idiote vers l'antre, en rencontrant rue Saint Etienne un camion empanaché et plein de garçons fardés et rieurs.
Douche, lamentations sur FaceBook et twitter, shame of me, arrosage, sérénité retrouvée, découverte que nous étions le jour de la marche des libertés - regret pour eux que la fête semble être cette année plutôt limitée (j'ai de jolis souvenirs) - lecture tranquille pendant que le soir s'installait et que des bruits de fête plutôt sympathiques m'arrivaient.
Suis sortie, un peu tard, vers 9 heures, et, de trop loin, parce que les photographes étaient nombreux, j'ai loupé l'image des derniers porte-drapeaux qui posaient en trinquant devant la porte de la fête, pour la plus grand joie des dîneurs.
Voilà, voilà, un rien long – expiation de ma part – me surveiller pour ne pas devenir ce que point ne suis, et m'équiper pour l'opéra et les gymnases parce qu'il semble que je sois dans une année anti-clims-agressives.
5 commentaires:
Ce court dialogue de mauvais poil, par suite d'une remarque faite à une de vos contemporaines, pourrais-je le qualifier de haut en couleurs? Quel échange! Et j'aimerais pouvoir, au retour de mes saintes colères, me réfugier chez Puyricard. N'aide-t-il pas à calmer ces petites vagues intempestive3s de notre jeune caractère? ;-)
De cette exposition, ne puis retenir que vues extérieures,
les murs, les toits par les fenêtres aperçus et les escaliers... mais nous y reviendrons. Promesse faite.
Question clim, attention aujourd'hui !
Mais que fait le ministre de la météo (il est vrai que son beau bâtiment près du musée du quai Branly a été vendu) ?
Dans les expos, souvent les escaliers comptent.
Et que la fête soit! Envers et contre tout
C'est dommage, et ce n'est pas une consolation, mais on peut se faire insulter dans la rue à tout âge. Hélas.
Mais bon, un petit coup de colère, de temps à autre, c'est bon pour le spleen, paraît-il !
♥
Enregistrer un commentaire