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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, juin 22, 2011

Comme je partais, un rien grimaçante, voir une dame et une belle maison d'Avignon - avec petite rage de carcasse et petite appréhension de la sauvage, les deux sans doute liés -, comme me souvenais du billet d'Anne Savelli http://fenetresopenspace.blogspot.com/2011/06/fenetres-de-rue-lafayette.html, des photos de fenêtres (dans la suite de ses travaux) de la rue La Fayette, comme je suis toujours plus ou moins en avance dans Avignon ne mesurant pas encore très bien la durée de mes déplacements, me suis distraite en capturant quelques fenêtres, celles qui pour une raison ou une autre me sollicitaient.

Trop, bien entendu, et ne tiendrai pas compte de la phrase d'Anne : « et derrière chacune d'elles un homme à (d)écrire » (comme un programme, un souhait, une idée fugitive) parce que je commence à me méfier : risque existe, avec le temps, de découvrir qui est derrière l'une ou l'autre des fenêtres, risque aussi, malgré le côté confidentiel de paumée, qu'il ou elle s'étonne, se scandalise, de voir son cadre ainsi volé (je sais je le fais régulièrement)

Non essayer de dire quelle personne est la fenêtre (j'aime assez avoir des rapports humains avec les objets, c'est moins dangereux)

Pour la première à vrai dire il y eut, sans doute, derrière, dans le passé, un être trop impérieux pour être ignoré, puisque c'est là, chez Pierre-Simon Bouchet, que le capitaine Bonaparte, fiévreux, a écrit « le Souper de Beaucaire » du temps où il faisait de la propagande jacobine.

petite, discrète, se parer du ciel sur toute sa surface, être honteuse, un peu, et cacher derrière des fleurs sa menuiserie, pour qu'on ne sache pas avec certitude si elle est en toc.

sage, classique, avec la fantaisie d'une petite dentelle décalée, s'avouer prête pour des mondanités tranquilles

bien carrée, calée, dans la gloire du soleil couchant, m'en fichiste, s'amuser de la différence de ses rideaux et de leur franchise sans brutalité, parce que tel est le bon plaisir

se savoir belle, bien faite, avoir la coquetterie de n'en avoir pas, conserver et montrer une poterie simple parce que sa forme est belle, et renvoyer aux voisines leur image pour cacher derrière elle ses secrets

espérer se faire oublier, un peu gênée de sa taille ridiculement petite, un peu honteuse de percer un pignon, à une place qui semble aléatoire - savoir que l'on est là pour assurer le bonheur des humains nichés dans ces murs

se souvenir avec nostalgie de sa jeunesse, exhiber avec un courage silencieux et résolu ses blessures, se voiler de réserve

saveur du soleil qui frappe le mur, quiétude du jour de fermeture de la cour-restaurant, là,en dessous - sourire un peu, aux rares passants qui vous regardent, en parlant d'un village

Suggérer le raffinement qui se cache dans les pièces, mais le garder pour soi

se sentir noble de son ancienneté, avec le charme des proportions un peu gauches de la façade acceptées avec grâce - se refuser en souriant de ciel

mauvais garnement, refuser toujours toutes les règles, mais savoir jouer de son petit charme désarmant,

mentir, mais avec tant de grâce et de brio.

Bon tout ceci est idiot, plat, et aurait pu être tellement mieux dit – les fenêtres, en choeur, avec violons légers et saxo enjôleur, puisque fête de la musique il y avait ce mardi, renient Brigetoun.


14 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Depuis quelques semaines,j'ai le sentiment que vous nous faites découvrir davantage Avignon. Aujourd'hui, par vos mots et vos images, nous découvrons les belles fenêtres derrière lesquelles pourraient se dissimuler des pages d'histoire qui nous seraient autrement inconnues, comme « le Souper de Beaucaire ». Nous vous suivrons avec une grande joie toujours renouvelée dans la quête de votre magnifique ville. Nous venons de si loin... ;-)

tanette2 a dit…

..Idiot, plat, aurait pu être tellement mieux dit...non !
J'ai beaucoup aimé cette série de fenêtres avignonaises et ce que t'ont inspiré chaucune d'elles.

Fardoise a dit…

Intéressantes fenêtres, ouvertures ou reflets ? Je les vois comme une ouverture vers l'extérieure et rarement je songe à ceux qui sont derrières, car elles sont là aussi pour cacher.

micheline a dit…

De toute façon il faut aux murs des maisons des yeux aux diverses paupières, eux qui ont déjà, paraît-il, des oreilles qu'on n'aperçoit pas

Michel Benoit a dit…

De quoi se sentir observé !

jeandler a dit…

Une fenêtre, ouverte ou fermée, les yeux clos ou grand ouverts, montre plus qu'il n'y paraît.
Que voici une belle anthologie. A suivre, sans aucun doute.

Anne a dit…

Les hommes dont je parle sont des fictions, ou des hommes réels mais que j'installe ailleurs que là où ils se trouvent... ils ne devraient donc pas se sentir trop observés :-)

Merci pour ce beau billet, que je place tout de suite dans mes favoris.

Bonne journée, Brigitte

Brigetoun a dit…

merci à vous, me sens un peu pique assiette là

arlette a dit…

On se nourrit toujours des autres pour transformer son regard et le "roman de la fenêtre" est passionnant ....pour ce qu'il y a derrière ou ce que l'on veut bien en laisser paraître tel un trompe -oeil

Gérard Méry a dit…

En trompe l’œil on dirait Pierre Dux homme de théâtre à la fenêtre.

Brigetoun a dit…

c'est sans doute lui

D. Hasselmann a dit…

Oeil de boeuf ou opercules de façade...

Dans la dernière photo, le diaphragme demeure obstinément fermé : droit à l'intimité encore ?

joye a dit…

Hallo brige, désolée pour mon absence ! Tu m'as bien manqué, mais je ne me sens déjà plus classieuse après ma première dose de Vitamine Brige. ♥

nathalie a dit…

La ronde des fenêtres, jolie chansonnette pour la fête de la musique !