Lumière joyeuse jeudi matin, et douceur de l'air qui enclosait mon cou et mes épaules, les caressait, baignait, faisait ronronner.
Lumière joueuse sur les pierres.
Lumière précieuse, jusqu'à l'excessif éclat, sur les dalles des rues, qui ennoblissait défauts en joyaux.
Imbécillité quiète, et reprise des deux paragraphes du convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/ qui ferment ma période « tables »
C'était un drôle de repas. En entrant dans la salle, ouverte sur un jardin calme et régulier, d'où s'étaient échappées de grosses fleurs, somptueuses et presque monstrueuses, qui se pressaient ou gisaient devant la cheminée, les convives se sont regardés. Sur la nappe d'une rusticité raffinée, en gros coton d'un ocre presque roux, les assiettes étaient déposées régulièrement, classiquement, autour d'un simple bouquet de tulipes épanouies. Mais des objets hétéroclites, un peu baroques, envahissaient la pièce, disposés avec une fantaisie telle qu'ils semblaient avoir volé au hasard, et sur l'un des fauteuils, devant la table, trônait un ange à l'air absent. Ils ont regardé leur hôtesse. Elle leur a souri doucement, petite illumination de son visage sage.
7 juin
Avec Marthe nous avons fini de dresser les tables de la terrasse et nous sommes retournés au restaurant. Elle a jeté un dernier coup d'oeil derrière elle, s'est figée, et m'a pris le bras, me forçant à regarder la place. J'ai juré. Tout au fond, après la belle harmonie dessinée par nos tables et celles des deux restaurants voisins, un groupe, des touristes sans doute, de tous âges, en shorts de toutes tailles, s'était arrêté. Ils se sont décapelés de leurs sacs-à-dos-montagnes, les ont posés en repoussant légèrement les derniers fauteuils, se sont assis sur le trottoir, en rang, comme une petite haie. Une femme circulait, distribuant canettes et sandwichs qu'elle tirait d'un grand sac de Carrefour. Je me suis avancé, et j'ai commencé à leur expliquer qu'ils ne pouvaient rester là, que des bancs sous un arbre les attendaient à l'extérieur des remparts (je doutais un peu qu'ils soient libres, à vrai dire). Ils m'ont ignoré, sauf la femme qui m'a remercié avec un grand sourire, ou du moins je le pense, puisqu'elle parlait une langue que je n'ai pas reconnue. J'ai dû m'agiter un peu parce qu'ils m'ont regardé, en hochant la tête, très aimablement. À ce moment, Marthe s'est abattue en tornade sur leur dos, les poussant, criant, gesticulant. Ils se sont levés, sans trop de grommellements et sont partis. Les premiers clients arrivaient.
10 juin
http://www.calameo.com/read/00011559962eeeaba100f (pour lecture plus aisée, si le coeur vous en dit)
Et, honteusement narcissique, maladroitement, en en oubliant un ou deux, les ai rassemblés sous le titre « tables » chez Calaméo
6 commentaires:
Et dire que nous sommes mal "perçus" à l'étranger ......
Plaisir de feuilleter le recueil et retrouver les meilleures pages lues ici
Vraiment un beau talent Chère Brigitte
J'aime ce livre qu'on feuillette ainsi dans le corps d'une rubrique. Je ne connaissais pas la technique.
Marthe ! Le menu, s'il-te-plaît.
Belles évocations que ces tables et des menus. Bravo Brigitte
C'est beau la technique pourvoir "feuilleter" un livre de "cuisine "
"tenir table ouverte" une expression qui me vient comme il me vient toujours quelque chose à glaner en venant chez toi ...quelque chose même si souvent farfelu !!
"en venant chez toi" qui ne m'est permis que par la fantaisie de Rss , absent ces derniers jours^( même de mes favoris) puis revenu ce jour.
je continue à être vraiment "paumée" en rage , perplexe,.. et vraiment trop vieille !
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