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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juin 09, 2011

Regard matinal : propreté satisfaisante, ou dont je décide de me satisfaire.

Plaisir fugitif à les voir : habitude, compagnonnage d'un petit peu plus de cinq ans, remords du long dédain jusqu'à l'oubli, de leur exil pendant plus de trente ans au fond d'un coffre, souvenirs plus personnels d'être sans doute en bonne partie artificiels, d'être un peu honteux.

Reconstitué : un cadeau d'un oncle de mon père pour son mariage.

Réel : le cagibi où ils étaient relégués dans le premier appartement toulonnais et mon admiration de petite fille pour cet autre service, avec cafetière et plateau, d'un faux dix huitième de bonne tenue, quand la Gaby le frottait ou que je le voyais utiliser, à la fin des repas légèrement solennels, quand nous assistions à la préparation de ce rite, amenions les tasses, escortions le plateau jusqu'à la table basse, regardions les mains qui versaient, humions l'odeur discrète du café, avant de nous égailler en liberté.

Supposition : la cérémonie du thé, si elle avait lieu de temps à autre, l'était à des heures où je balançais mes jambes sous une table de classe.

Souvenir vrai : le jour où ma mère me les a offerts. Ma confusion ravie devant ce geste et, trop vite, mon petit démon trop familier qui y voit une officialisation du renoncement résigné par les femmes de la famille à me "caser" (et donc établir la liste de cadeaux de mariage). Mauvaise humeur et regard critique, qui les a classés comme copie maladroite des grands orfèvres des années trente (et, marrie, je constate qu'aujourd'hui aucun nom ne me vient plus - disons Puiforcat ou autre, dans la ligne de Ruhlmann). Enfouissement sous les draps et la pagaille croissante du coffre.

Redécouverte lors du déménagement. Acharnement contrit pendant des heures pour leur donner un aspect passable.

Étonnement des soeurs en apprenant ce don. Attendrissement rétrospectif. Attachement.

Souvenir de ma mère, assise sur le divan-canapé, dans l'appartement du Mourillon, des roses dans ma timbale d'argent, sur la petite table volante, des tasses blanches, des sourires. Souvenir presque, pas tout à fait, certainement, inventé.

Mon coup d'oeil paresseux évite la casserole en cuivre, et les chandeliers de bronze qui se ternissent, examine et juge acceptables les étains. (j'anticipe mollement un regard extérieur sur l'antre)

Le petit plat qui, lui, m'est présence maternelle - les goûters, ou apéritifs, quand avions l'âge d'y participer.

Le salon de Cholet, son petit perron, le jardin simple, le gazon, la bordure de roses trémières, iris et petites fleurs chétives, la haie de roses pompons en masse dense et parfumée, ma mère et le jardinier discutant interminablement pour savoir si trois rosiers devaient être disposés en cercle ou en triangle, et leur (mon) incompréhension butée devant l'ironie ravie de l'auditoire. Un rayon de soleil qui pénètre, la télévision à laquelle les parents ont consenti, en accord avec cette nouvelle vie, moins extérieure, l'éloignement des amis. Les fins d'après-midis devant un match de rugby avant d'aller prendre la micheline de retour vers mon Paris.

Le cendrier, cadeau de mon père, que j'ai élu comme un de mes fétiches, dans lequel il est totalement interdit que quelqu'un, y compris moi, se permette de déposer de la cendre.

Sottises, maladroitement dites, à cause d'une gêne qui m'est venue en cours de rédaction, sans que j'abandonne l'idée qui m'était venue, l'envie d'un écho mien à mon billet sur http://brigetoun.wordpress.com

Occasion gâchée.

14 commentaires:

Michel Benoit a dit…

C'est comme dans un grenier.
Mais vive les greniers !

La blague du jour :
Le nouvel hôtel 5 étoiles, c'est une prison : Ste-Anne, c'est clair ?
Son mari a déjà dû y réserver une chambre avec bonne...

Brigetoun a dit…

j'ai mis un moment à comprendre pourquoi tu parlais de mon beau frère

Michel Benoit a dit…

Ta sœur Anne ? !!!

Tout se tient... !

Pierre R. Chantelois a dit…

Bel hommage aux vieux objets et à leur attachement. Ce qui nous paraissait à une époque pure légèreté mondaine devient soudainement objet de souvenir et d'attendrissement. Ainsi va la vie. Et sa maturité.

jeandler a dit…

La place de la madeleine.
Un essai de Serge Doubrovsky.
Au fait, où l'ai-je rangé ? Peut-être dans une malle.

DUSZKA a dit…

L'amour comme l'amitié se forgent ici un beau souvenir dans les reflets de ces métaux façonnés de main artisane... Bonne journée et bises.

Gérard Méry a dit…

Tu astiques l'argenterie comme la gauche caviar ...non je rigole !!!

lireaujardin a dit…

Bel évocation de souvenirs... j'aime

joye a dit…

J'aime bien ta façon de présenter les vaisseaux !

(et je me félicite, j'ai tout compris de la blague en haut !)

(malheureusement)

;o)

nathalie a dit…

J'adore tes souvenirs, souvenirs faux ou vras, souvenirs inventés mais peut-être pas, détails infimes, sensations, images, famille, sentiments indignes ou doux. C'est tellement vrai, cette ambivalence...

la même a dit…

Anne ma soeur Anne, la blague du jour de l'ami-chel m'a tiré un sourire.

Anonyme a dit…

Et les rosiers se demandent encore pourquoi on les a mis en rond, pas en triangle, ou en triangle, pas en rond...

Lautreje a dit…

tendresse pour ce service qui se pose enfin après de bons et loyaux services.

arlette a dit…

Ce que l'on ne vois pas vraiment enfant retrouve une vie après ....mais c'est trop tard laissé trop longtemps au fond d'un carton la brillance souvenir aussi
voyage en nostalgie
"Autobiographies des objets" j'aime bien