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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, juillet 12, 2011

"Au moins j'aurai laissé un beau cadavre"

journée sommeil, flemme, projets et puis non, partie acheter yaourts en poussant la chaleur devant soi, revenir avec eux et une robe parce que par hasard pas trop grande (mépris d'une vendeuse pour mon volume), tâter le nouveau joujou internet, se jurer d'être au top pour « Au moins j'aurai laissé un beau cadavre » (décider de se faire de ce titre un but) le Hamlet de Vincent Macaigne, aux Carmes -
réaliser que c'est à 21 heures 30 et non 22 heures et partir, en panique, trop tôt en fait.


et attendre patiemment, en regardant la belle façade nue de Saint Symphorien au dessus de soi, que les portes s'ouvrent

Ne pas avoir voulu lire ou écouter des avis - En rester à ceci, sur le site du festival (comme cette photo et la suivante) :
« Vincent Macaigne se veut vivant, aujourd'hui, à tout prix. Vivant pour lutter contre la gratuité des actes qui surfent sur les modes d'un jour et sur le consensus mou qui nous englue dans l'acceptation de l'inacceptable. En choisissant de travailler sur l'Hamlet de Shakespeare, mais aussi sur celui du conte original présent dans une chronique danoise du XIIIe siècle, il tente de pénétrer les mystères de cette figure mythique en établissant un dialogue sans a priori avec ce jeune prince, considéré ici comme un artiste désireux d'agir sur le monde. Pas de brumes romantiques, pas de spectre mystérieux, pas de folie envahissante comme seule clé de compréhension du personnage d'Hamlet. Pour le jeune metteur en scène, la complexité de l'oeuvre et du héros ne doit aucunement être effacée, dissimulée, ni même réduite à quelques monologues célèbres. C'est donc la chair, plus que la représentation des idées et des intentions, qui sera présente sur le plateau du Cloître des Carmes, la chair souffrante qui engendre le geste violent de celui qui va jusqu'au sacrifice de lui-même. Le grotesque de situations exagérées y aura également sa place, puisque ce grotesque est emprunt d'innocence et de vérité » et à cela : durée environ 4 heures.

et puis ceci, dans le petit programme distribué
« C’est un conte violent, où l’on parle de pourriture et de meurtre. Un conte où la recherche de pureté et de vérité débouche sur une dérive tyrannique et sanguinaire..... Il y a un ghetto de situations, qui rend le texte beaucoup moins poétique que l’on croit. C’est une pièce très concrète, sans vraiment de lyrisme, mais avec énormément d’humour »....
« Je crois que c’est un homme happé par la chair plus que par l’esprit, par le concret plus que par l’intellect. C’est un homme qui joue la folie pour ne pas être découvert, un être confronté à la violence, à la brutalité. Il est violent parce que le monde qui l’entoure l’est également. C’est une sorte d’artiste qui veut agir sur le monde »
et ce petit régal « « J’aime bien l’idée, iconoclaste, que le père d’Hamlet n’est pas un homme bien, alors que Claudius, quant à lui, l’est et qu’il tue peut-être son frère pour de bonnes raisons. »

s'installer, en se souvenant d'expériences de beaux spectacles violents dans ce lieu, et d'une tunique morte de l'emplacement favori (extrémité gauche du premier rang), mais décider de faire confiance à la bâche proposée, au risque de la robe neuve en lin gris si délicatement pâle, et puis y renoncer, repoussée par la forte odeur de compost qui vous entête,

et chercher une place pas trop loin de l'escalier, cinq rangs au dessus, en riant un peu distraitement aux plaisanteries du gars qui faisait monter les spectateurs sur scène, les faisait crier, créait une joyeuse pagaille à laquelle tout le monde participait peu ou prou.
Aimer beaucoup le grotesque des mots, des situations, y trouver de la profondeur, et s'en amuser, comme des acteurs venant des gradins (ça marche toujours)
être émue par moments, quand le mouvement se ralentit, aimer les acteurs qui jouent Claudius et Polonius, pour la force et la fragilité des colosses d'âge mur, en accord avec la tentative de leurs personnages de marier force, pouvoir à leur tendresse.
Admirer les derniers arrivés d'encaisser, au centre, les projections d'eau et de boue rouge qui jaillissent de la fosse au premier plan chaque fois que des corps habillés ou non s'y écrasent et s'y ébattent, où ceux qui à l'extrémité gauche, à la place convoitée à l'origine, baignaient dans l'odeur de germination et d'étable mal tenue,

faire la queue pour, comme la presque totalité du public, sortir à l'entracte dans l'air plus sain de la place

pour fumer ou non, à la lisière des tables, et dans le charme des lumières et des arbres
Aimer les moments où le texte de Shakespeare survient, par brides.
Aimer deux monologues : de Polonius jouant, dans la pièce dans la pièce, le frère assassin et ses justifications, ses espoirs d'amélioration du sort du pays, et de Claudius reprenant un peu le même thème

suffoquer un peu à la première survenue puissante des fumigènes, et apprécier l'effet visuel, aimer beaucoup, son, images, idées ce moment où, après la tragédie, le sol se gonfle, devient un gigantesque et dérisoire château gonflable, hissant avec lui le trône sur lequel a pris place Claudius et le précipitant à terre (et comme son voisin, puisque tout semblait permis, risquer une première photo)
et puis brusquement, une demie-heure environ avant la fin, dans les torrents de fumigène revenus une nouvelle fois, après que des corps nus et couverts de boue et de sang aient fait encore une fois l'amour à grand ahans et cris, que des tôles étaient froissées, que le château gonflable s'effondrait pour la seconde fois, décrocher, être tentée de compter les passages obligés, se dire qu'il y avait peut être pléthore de caca boudin (comme le disait Hamlet dans sa pièce dans la pièce où il jouait son rôle à quatre ans) et qu'il finissait par noyer le sens.

Admirer encore la beauté de certaines images

et se faufiler pour être une des premières sur l'escalier, et applaudir, le nombre de fois nécessaires, souhaitables et souhaitées, en se tenant prête à sortir,

le faire en suppliant au passage, par amitié, les chèvres de ne pas manger n'importe quoi et surtout pas cette herbe souillée.
Se demander en rentrant ce qu'on va bien pouvoir écrire, et décider de se risquer à ne pas totalement partager le début d'enthousiasme, mais avoir « bien aimé »

10 commentaires:

F Bon a dit…

c'est quoi le nouveau joujou internet ?

Brigetoun a dit…

Google +

jeandler a dit…

Carcasse s'était cachée dans les coulisses, paumée aux premières loges...

Pierre R. Chantelois a dit…

Journée calme et soirée mouvementée, me semble-t-il. Ce qui signifie qu'après avoir rédigé cette rubrique, la nuit fut courte et que le sommeil a débordé sur la matinée. Que ne ferait-on pas pour Shakespeare. ;-)

Brigetoun a dit…

l'était là que très épisodiquement Shakespeare

arlette a dit…

Etonnant récit ... et les fumigènes et autres plaisirs

joye a dit…

Ne le prends pas mal, brige, mais je pense que ton compte rendu est six mille fois plus intéressant que l'oeuvre elle-même. J'ai l'impression que c'était prétentieux et lassant...mon dieu, quatre heures de ÇA ? Mais bon, c'est mon syndrome Louvre qui s'empare de moi (après trois heures de n'importe quoi, j'ai envie de fuir). ;-)

Gérard Méry a dit…

j'adore, il n'y a que toi qui puisse passer des yaourts à Claudius et Polonius

joye a dit…

On est le 13...HAPPY BIRTHDAY, BRIGE !!!

Allez, culture pour tout le monde !

Bises !

Brigetoun a dit…

merci - c'est un âge idiot qui ne compte pas, encore un an avant de basculer dans le quatrième âge