Avignon en dimanche trempé – et clôture de l'amour (avec logorrhée)
hésitation, des envies, petites, trop, traversent, s'effacent... départ vers onze heures pour une conférence de presse avec notamment, Eric Pesan et Frédéric Maragnani pour la prochaine mise en espace de théâtre ouvert, et les équipes des prochains sujets à vifs, de façon aléatoire me semble-t-il comprendre.
Coup d'oeil sur teeshirt (blanc, neuf, no problem) et vieille jupe – haussement d'épaules - et départ, parapluie en main, sous un faible crachin d'une finesse confinant à l'inexistence - interrogation tout de même sur le maintien du rendez-vous dans la cour de Saint-Louis.
Parapluie en fait vite inutile (photo : on se distrait comme on peut)
Cloître Saint Louis : vide tranquille et visiblement durable des bancs, vide de l'estrade, cela s'annonçait mal
pour profiter tout de même de ma venue, petit tour à la librairie (d'où trois livres dont le texte prévu pour l'après-midi)
Au moment où je partais, rencontré un charmant « tee-shirt rouge » planté à côté du panneau indiquant les rendez-vous du jour qui ma envoyée au deuxième étage du bâtiment dans une salle où : une table, les intervieweurs échangeant avec deux jeunes femmes sympathiques qui donnent une performance à laquelle ne pourrais aller, et quelques personnes dont Éric Pesan comme public.
Décidée à faire nombre, je m'installe, au moment où commence un entretien avec Nicolas Klotz et Frédéric Fisbach pour la captation par le premier, pour France 2, du spectacle du second.
Tentative molle pour m'y intéresser, incapacité à, changement de place pour me cacher dans l'assistance, notablement étoffée, pour feuilleter mes acquisitions, sans y arriver – coupable me sentais.
Et au bout d'un gros quart d'heure, comme cela semble s'éterniser, idée que j'aime autant en rester là - attendre de voir tant la mise en espace que les sujets à vif - et départ, en croisant Micheline Attoun.
Retour en flânant dans l'animation de midi, en prenant conscience, peu à peu, en admettant avec résignation tranquille, la relative grossièreté dont me suis rendue coupable.
Contemplation et rangement des livres (un côté écureuil et noisettes), cuisine, déjeuner, sieston, réveil dans temps maussade, mais avec envie intacte d'assister à la représentation de la « Clôture de l'amour » de Pascal Rambert, salle Benoît XII (renoncé à combiner cela avec Duriff aux Halles le battement de temps étant trop juste entre les deux)
Ciel miséreux, air froid, carcasse aime pas
avancée dans une bulle invisible pour conjurer attaque agoraphobie
dans le courageux cirque du festival,
jusqu'à la salle Benoît XII, au lent remplissage – avec un renouvellement du public des festivaliers, un petit parfum d'agressivité légère, de curiosité pour les têtes connues, des nouveaux arrivés.
Plateau blanc, sans doute un studio de répétition, ou équivalent, au fond une petite marche-estrade-siège, une bouteille d'eau – à gauche Stan (Stanislas Nordey), grand espace vide, à droite Audrey (Audrey Bonnet).
Il parle, il attaque, explique avec des gestes de rhéteur, ponctuant les mots – une impression au début de légère insincérité, comme de quelqu'un qui s'échauffe, qui se persuade – elle en face ne bronche pas.
Pascal Rambert disait dans le programme : « tout est organisé pour montrer comment les mots partent d’un endroit et arrivent sur le corps de celui qui les écoute en créant un impact. Tout le texte parle de chutes et de relèvements. » et en fait c'est l'absence de réaction, pendant très longtemps, jusqu'au moment où elle ploie, où ses cheveux cachent son visage et tombent droit vers le sol, puis après un raidissement à nouveau, un élan en avant, comme pour protester, pour dire « arrête » (ce que lui dit régulièrement comme pour empêcher les réactions qu'il provoque et qui ne vienne pas)
Et elle encaisse des poncifs, des raisonnements, parfois absurdes où les mots s'emballent, des humiliations, des retours de tendresse, de compliments – et la voix se fait plus impliquée – aussitôt renvoyés au passé.
Elle encaisse et il lui dit
« ton corps s'est vidé
absenté
remonte tes épaules
c'est insupportable
pourquoi doit-on voir le creux de la poitrine se creuser en accéléré faire un trou à la hache dans le corps et dire voilà la douleur et l'empreinte de la douleur »
et lui proteste qu'il va bien, qu'il est fort, que c'est la guerre.
Pascal Rambert avait décidé que ce seraient deux longs monologues se répondant, et pour passer de l'un à l'autre, il installe une cheville tellement évidente que cela passe – l'arrivée d'un groupe d'adolescents qui avaient retenu la salle pour répéter une chanson, chanson de rupture, et pendant qu'ils la chantent, alignés devant le transistor qui leur donne la musique, les deux adultes, à grands pas lents arpentent la scène, se croisent, se retrouvent au départ du groupe en position inversée.
Audrey, à gauche, intervient, répond, attaque, méprise, plaide, avec plus de passion pendant que lui, vouté un peu et immobile s'affaisse peu à peu.
« maintenant tu sombreras
je vais me retirer de tes rêves
tu pourras appeler quand tu suffoqueras,.. »
Elle passe du murmure à la véhémence, en joue fort bien, et l'émotion passe.. si ce n'est qu'elle exagère le murmure et qu'on accepte de ne pas comprendre des bribes aux derniers rang quand un éclat nous permet de reconstituer ce qui s'est dit, mais tout le dernier passage, où elle constate que tout est fini et l'encourage presque tendrement à l'accepter, je l'ai retrouvé à la lecture alors que dans la salle je suis restée sur une frustration.
Sortie dans la rue des Teinturiers trop tard pour aller à la lecture programmée à Calvet de « l'homme qui rit (critique de la politique)' de et avec Antonio Negri
qui a pourtant certainement eu lieu, puisque pendant les deux heures pendant lesquelles étais enfermée, le ciel avait fait sa révolution - et, comme carcasse s'est mise brusquement à la faire aussi sa révolution, et rudement, suis rentrée rapidement, en évitant les rues trop passagères.
et suis restée tranquillement dans l'antre, essayant maladroitement de rendre compte du spectacle, en écoutant la retransmission de la première pièce de théâtre ouvert déjà écoutée sur place.
6 commentaires:
Mais comme c'est triste un Festival sous la pluie! Désertion et aversion. Il reste ce clown tristounet qui montre un peu de courage et, me semble-t-il, beaucoup de découragement ;-) Sans coup férir, vous avez affronté les éléments. Ils n'ont pas vaincu!
"Un p'tit coin d'parapluie
Contre un coin d'paradis"
a dit le poète...
belle promenade quand même
J'aime bien la première photo !
Merci pour la fraîcheur chez toi, ici canicule jusqu'à jeudi. Ouf !
En retard dans mes lectures ... du Festival Ouf !
quel look le type au nez rouge
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