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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, juillet 28, 2011

Avignon – révolte contre le temps – plaisir et gravité d'une histoire de marionnettiste – et oloé bricolé

pluie matinale – lessive et tentative de séchage – fureur contre cette transformation durable d'Avignon en ville d'eau des rives atlantiques – contemplation des tees-shirts colorés à manches courtes, des robes légères pas encore mises, des jupes trop habillées, des grandes chemises et des caracos -

regard maussade sur le tas de repassage – petite douleur tenace – coup de pied – vieux pantalon kaki où suis bien, chandail coton orange, calmants –

choix d'un parapluie – saharienne marron – coup de téléphone pour vérifier qu'il y a de la place en venant tôt - tour de clé décidé,

et départ en maugréant contre cette sacrée ville indigne de moi, luisante d'humidité prolongée,

blottie dans la douceur de la lumière absente,

vers le Chêne noir et « hand stories » de Yeung Faï, spectacle qui me tentait, d'après ce que je croyais deviner à travers les critiques louangeuses venant de Lausanne, de Bourg-en-Bresse, etc.. et d'Avignon

Regarder les fleurs qui tentent de parer la misère des pierres sous ce ciel, et continuer l'attente, dans ce qui est en hiver le bar-foyer du théâtre, qui est pendant le festival la salle John Coltrane, qui me semblait, comme souvent le siège où j'attend un spectacle, et d'autant plus que dans le off on échange rarement avec ses voisins (ambiance plus classique, moins « culte ») un parfait oloé – même si j'ajoute ainsi à l'espace une notion temporelle - sauf qu'en fouillant mon sac j'ai constaté l'absence de mon carnet. Et pourtant : assise, luttant contre ma phobie de l'encens qui s'épanchait avec force, et y noyant petite douleur pour la remplacer par migraine – en besoin de m'accrocher à ce que voyais et sentais et aux mots qui m'en venaient –

rêver le papier qui manque – essayer écriture dans la tête pour que l'oloé ne soit pas stérile – trouver une carte de visite, le dernier billet inemployé du in et son enveloppe – reprendre le sac à fleurs, l'installer sur ses genoux, poser carte, billet, enveloppe dessus – oublier les mouvements tumultueux des sièges à chaque mouvement de mes deux jeunes voisines – installer attente et migraine dans la mouvance de la vidéo étroite et haute, comme un rouleau peint, au centre de la scène, en face de moi, l'écrire, et que les taches qui s'y forment et déforment lentement, feuilles ondulantes ou nuages, me font penser à de l'encre de Chine, et que c'est fait pour ça (auto-ironie salutaire) – pendant que les spectateurs jacassent et s'installent, leurs voix sur la musique sourde qui plane en ombre chaude – maudire, tout de même, cette façon d'associer l'orient à l'encens, et rêver de jasmin, de vapeurs de cuisine, de bois huilé ou d'eau croupie - noter qu'il y a sur la gauche une étagère portant semble-t-il un tissu de brocard plié, et à laquelle sont pendus deux petits gongs, et sur ma droite une sellette, un pavois, avec une petite photo d'un visage sépia que distingue mal, et trois marionnettes à gaine, de taille décroissante, aux visages rudes –

photo © Mario Del Curto comme les suivantes, prises au Théâtre Vidy de Lausanne

penser qu'elles représentent la dynastie de marionnettistes, pour avoir lu (et c'est une des raisons de ma présence) un billet chez Martine http://lireaujardin.canalblog.com/archives/2011/07/08/21569452.html auquel vous renvoie pour avoir avis plus structuré que mes petites notes :

le visage lumineux et gai de Yeung Faï quand il raconte une histoire de cour très assidue (humour, vivacité, érotisme noyé dans le rire) ou de bataille échevelée avec ses marionnettes colorées – ces moments où il s'adresse à elles – et la jolie petite scène tendre où la représentation du père présente une marionnette au berceau où Yeung Faï le dernier fils pleure, et les rires ravis du bébé

la discrétion de la grande carcasse de Yoann Pencolé, dans son rôle d'assistant, jusqu'à se voiler parfois de noir, et la façon dont il fait vivre le superbe et terrible dragon-serpent-révolution-culturelle

photo http://www.theatre-cornouaille.fr

la marionnette du père avec son bonnet de honte et son écriteau – portant une gigantesque pierre sous la menace d'une main

Yeung Faï assis dans une caisse prison, et en sortant, illuminé de bonheur, à la fin des années terribles pour donner immédiatement le spectacle des minuscules acrobates aux assiettes tournantes puis le combat homérique des deux petites marionnettes à l'ancienne

Yeung Faï à New-York dans sa caisse refuge tapissée de journaux et son écriteau se vantant d'être le représentant de cinq générations de marionnettistes, etc...

sortie vers 13 heures et retour rapide dans une ville qui s'obstine à ne pas être mon Avignon au ciel incomparable


malgré la très gaie et colorée fausse noce rencontrée en chemin.

Déjeuner, sommeil, carcasse en hauts et bas qui m'ont dissuadée de repartir en quête de spectacle ou d'un pass pour notre futur festival de jazz (moment dont j'aime l'ambiance et qui rend indispensable de belles nuits sur le Cloître des carmes... tu as entendu ciel ?)

Paresse – le tas de repassage est gentiment intact et en voie d'augmentation.

P.S.

Pour les oloé, voir la créatrice du mot-qui-devrait-figurer-au-dictionnaire : Anne Savelli, et notamment ce billet http://fenetresopenspace.blogspot.com/2011/07/des-oloe-espaces-paralleles-dansants.html ou mieux son livre http://www.editions-d-fiction.com/des-oloe-espaces-elastiques-ou-lire-ou-ecrire/, les nombreux billets qui en parlent bien, comme ceux qu'elle met en lien, et même, chez Brigetoun, http://brigetoun.wordpress.com/2011/05/24/des-oloe-–-ou-lire-et-ecrire/

P.S. Bis

une vidéo qui malheureusement trahit un rien la petite magie de ce que j'ai vu

8 commentaires:

jeandler a dit…

Les villes d'eau ont leur charme quoiqu'un peu désuet aujourd'hui...les chevaux de bois pour les enfants, les marionettes pour les grnds.

Brigetoun a dit…

merci à toi - me sens moins seule dans mon hiver

Lautreje a dit…

je découvre ce mot ! Olé vive les oloé !

Pierre R. Chantelois a dit…

Une ville indigne de Brigetoun...

J'ai esquissé un grand sourire. Boutade tout à fait appropriée en raison du temps maussade qu'il fait en cette belle cité. Mais ces beaux costumes qui colorent gaiement les rues devraient être une mince consolation. Ces duos menés par un seul marionnettiste marquent fortement les imaginations. Je vous souhaite en terminant beaucoup de courage pour reprendre cette corvée de repassage... ;-)

arlette a dit…

oloé oui !oui ! "cet instant d'inspiration qui percute le décor" Mais la nuit ?? quand le sommeil s'enfuit? vite attraper un crayon une page du livre ( la blanche tout à la fin ) Hop! l'idée aussi s'est enfuie
Pas facile

micheline a dit…

et le repassage peut bien attendre des tenues plus légères

Gérard a dit…

lessive...et poudre arrêt curé !!

Fardoise a dit…

Festivalière jusqu'au bout, jusqu'à épuisement ?