Non
petit vent mais lumière revenue
ai décidé faire pari sur maintien de ce temps et forme carcasse et suis allée acheter yaourt et autres bricoles et prendre un pass pour les concerts du Tremplin Jazz aux Carmes la semaine prochaine
marche entre flottement dans un néant vertigineux et attraction du sol
ai rencontré quelques « parades » dont ce très grand et beau presque jeune-homme, ai bien pensé à lui demander de me porter, ma réserve lyonnaise et la certitude de son effarement dédaigneux m'en a dissuadée
ai suivi des yeux la nef des belges qui invitait aux spectacles, ai senti que je ne pourrais la suivre qu'en rêve – surtout elle, puisque le théâtre des Doms est fermé depuis le 23 ou le 24
ai pensé aller écouter de la comedia del arte dans une cour
ai finalement flotté entre néant sans aspérité et sommeil.
Pour me prouver mon existence, reprend deux des paragraphes de convoi du mois de juillet, qui ne me mettent pas trop brusquement en rapport avec le monde éveillé
Ai-je fait ce rêve d'une porte rose s'ouvrant dans un mur orange, sans que, étrangement, cet accord de couleur me heurte, me semble brutal ou clinquant – j'aurais eu, plutôt, un mouvement instinctif, évident, pour la franchir, attirée par un univers de raffinement joyeux, une fantaisie non revendiquée, naturelle – et en approchant il m'aurait semblé distinguer une console d'acajou, un gros bouquet stable et échevelé, aux couleurs équilibrées, lumière dans une pénombre de miel, jasmin, ambre et feu de pommes de pin – mais aussi, contre le mur, à l'intérieur, visible par l'imposte vitrée, le manche de plastique bleu d'un balai, et la certitude que mon rôle était de le prendre et de commencer le nettoyage sans fin de cette maison, sous une surveillance pointilleuse – ce qui me fait croire ou espérer qu'il s'agit bien d'un songe.
1er juillet
Je me souviens d'avoir fait le rêve de m'être réveillée, brusquement, et de m'être levée, attirée par un rayon de lune qui traversait les volets fermés et dessinait une flèche vers la porte de ma chambre – d'être sortie et d'avoir marché, avec un sentiment d'urgence, dans un dédale de couloirs inconnus, entre des meubles d'acajou et de grandes fenêtres aux rideaux souples – d'avoir monté et descendu des escaliers, et cela m'était étrange et incroyablement accueillant, comme si j'étais revenue dans une maison connue, ou mienne – sensation vague d'une fragilité, d'un équilibre en péril – et je me souviens de ce jeune homme grave, de sa peau rose et de sa moue dédaigneuse ou ennuyée – je me souviens qu'il était là, derrière une grille qui nous séparait, et en même temps dehors, debout dans la nuit du parc, devant les volets clos – je me souviens qu'il se taisait mais qu'en voyant ses yeux je savais qu'il attendait quelque chose de moi, que je devais agir pour l'aider, mais ne devinais pas en quoi – que je l'ai interrogé mais qu'il continuait à me regarder en silence. Je me souviens que je me sentais coupable.
4 juillet
4 commentaires:
Convaincu je suis que ce très grand et beau presque jeune-homme se serait montré fort élégant envers une dame âgée. Pas trop âgée tout de même et si loin, mais si loin du centenaire ;-)
Journée bien paisible entre rêve et urbanité. Une pause pour votre lecteur et un charme (le ciel bleu) pour l'auteure.
Une entrée de jeu catégorique et sans appel : NON !
Il fait beau paraît-il en Laponie. Mais, NON, je n'irais pas y chercher le ciel bleu.
Le très grand et presque beau jeune homme joue Créon dans une jolie pièce, l'Antigone de Créon... Un côté Mad Max un peu dérangeant qui n'avait pas trop lieu d'être tant le texte est fort...
le premier jeune homme ne sait pas que tu veux de l'aide et le deuxième attend que tu l'aides...
c'est compliqué la vie en fait !
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