Soleil, vent – petite mort tranquille du festival
Dans ma ville ce vendredi il y avait toujours des affiches, malgré les volées ou arrachées par le mistral,
des terrasses, les dessins de l'ombre, les tâches de lumière, mais plus de petits-déjeuners à dix heures et demie
la place des Carmes, des chaises empilées, et une Brigetoun en forme mitigée qui se réfugiait dans ses yeux
le théâtre des Carmes-André-Benedetto, à onze heures, et Lætitia Mazzoleni, dans « les règles du savoir-vivre dans la société moderne », le plateau, quelques trucs
et les sentences qui doivent régler la vie, en chacune de ses étapes, conseils sages comme, lors du mariage :
«si on est riche on n'oublie pas les pauvres en ce jour de bonheur ; on envoie aux enfants assistés et les dessertes de la table » - et bien entendu si on est pauvre on n'est pas tenu à le faire, ça permet de faire la différence
(et par ma foi, décalage il y a avec notre monde contemporain, oui, on le dit, et on en rit, mais n'est pas si grand que ça avec ce qui m'a été inculpé)
Discours, rire, et tout ce qui ne se dit pas et règne dessous.
(la photo provient de http://www.lestroiscoups.com )
Sur le chemin du retour : dépose de l'installation du cloître des carmes (mais pas les gradins à cause du tremplin jazz)
des chantiers, Avignon se soigne, et nous regardons avec espoir et crainte les remises en état
une impression de vide devant la petite place sans jongleur, musicien , acteur et public, au débouché de la rue Peyrolerie.
et notre lumière, et notre mistral.
Journée entre soleil bu avec plaisir contre mur de la cour et sommeil-anéantissement. Un peu d'énervement, aussi, comme presque chaque jour, sur des vitres qui refusent avec obstination la propreté, et les odeurs des plantes arrosées dans le jour palissant.
M'en suis allée, un peu après 9 heures, dans la nuit qui s'annonçait doucement belle.
à travers le reste d'animation de la place de l'horloge,
sous la présence massive, l'élan bienveillant de Saint Pierre,
dans l'ambulation et les voitures de la rue Carnot,
vers la cour du Barouf, où j'avais vu un joli spectacle de tréteau de l'Académie internationale des arts du spectacle.
Un endroit que j'aime bien, avec l'agréable décontraction de l'attente dans la cour d'accès
pour voir une pièce qui n'est pas la meilleure comédie de Shakespeare mais pour laquelle j'ai petite tendresse : « peines d'amour perdues », montée avec belle énergie par les neuf acteurs de la troupe Tutti Quanti
Mais malgré leurs efforts, et des qualités, le parti pris de bouffe un peu trop appuyé des scènes des comparses, qui surlignaient leurs plaisanteries grivoises et alourdissaient les assauts d'esprit alambiqués et ridicules (la greffe comedia del arte ne prend pas très bien)
était en rupture en peu trop marquée avec leurs échanges joliment chorégraphiés et plus spirituels quand tombant les masques et débarrassés des prothèses ils devenaient les quatre jeunes couples.
(photos de leur site http://www.tuttiquanticie.com)
Une belle prestesse dans les changements d'aspect et de personnages, une habile modification du tréteau et de jolis jeux de rideaux.
Me suis tout de même passablement ennuyée sans vouloir leur faire l'affront de partir
et, ne sais si c'est pour cela, mais je chancelais et devais me concentrer pour avoir démarche ferme et digne à travers les restes de fête.
21 commentaires:
Pourquoi ai-je l'impression que ces images montrent une certaine nostalgie, comme un fin de parcours, et qu'il s'en dégage même une tristesse à peine voilée? Comme ces lendemains qui sont parfois difficiles à vivre... ceux qui suivent une ivresse éthylique de veille...
"les règles du savoir-vivre de la société moderne" : je me souviens de l'impression d'avoir avalé un plat aigre-doux !
Comme un parfum de nostalgie.......
Aime beaucoup cette dernière phrase.
Les festivals se suivent et se ressemblent de moins en moins, non ?
La météo n'y fut pas pour rien d'ailleurs.
Le Off est obèse, il faut inventer un "On" et un "Out" !
En fait il y a déjà deux off, celui épais du Paris, du Capitole, du Forum et l'autre de plus ou moins bonne qualité et exigence
Je rentre juste du rituel d'Avignon, un peu plus tard que les années précédentes.
Belle moisson, dans le IN et dans le OFF. Superbe "Jeanne et Gilles" dans la cour du Palais des papes.
Belle découverte d'un spectacle tout en finesse et très beau, sur "mademoiselle Julie" vue du point de vue de Christine, la cuisinière qui se fait piquer son fiancé ( après avoir vu, la veille, la "vraie" version avec la superbe Juliette Binoche).
Pour le OFF j'ai vu de très belles choses et de très beaux lieux: merveille des petits jardins avignonnais où il fait bon flâner et que vous photographiez si bien!
S'il vous reste un petit trou demain matin à 11h, "le baiser de la veuve" d'Israel Horovitz, à l'Isle 80 est une belle réussite: un texte très fort porté par de très bon comédiens.
Sinon, ite missa est, à l'année prochaine!
le Mademoiselle Julie selon Christine est un de mes grands regrets (déjà sur lecture programme) mais me suis limitée à l'intra-muros.
Avait fait le choix de ne pas retenir Mademoiselle Julie parce que : souvenir d'un vrai malaise à Aubanel - les hauts et bas de Fisbach - l'ambiance "grande macine commanditée par France II
Très envie en effet du "baiser de la veuve" pour ce qui est dit et parce que le théâtre est sympathique mais : clim que carcasse refuse, et n'en puis plus alors ce matin lavage cheveux et demain halles (pas le théâtre, les victuailles)
Mais non, pas de clim à l'Isle 80! Peut-être grâce à la non-canicule. Par contre il faut sans doute réserver, même le dernier jour, car le théâtre est minuscule.
Aux Halles (théâtre cette fois) on a vu une troupe de Coréens jouant le Rhinocéros de Ionesco transposé dans le monde des bureaux: excellent.
J'aime l'élan un peu tremblé du clocher saint-Pierre. Un frisson dans le soir, la main de la photographe qui tremble ?
Avignon serait-il triste les rideaux retombés ?
ah je ne savais pas pour l'Isle, dommage (de toute façon n'aurais pas eu le temps
Pour Rhinocéros vu cet hiver, je confirme - c'est ce qui m'a poussé à voir Pansori-Brecht en me consolant facilement que ce jour là le Durif soit complet et ça valait aussi le coup.
Là hier soir j'avais envie de tréteaux et de jardin, mais j'aurais dû choisir la cour de la Fac et la nuit d'été. Tant pis, c'était honorable, sympa mais pas abouti
pas retombé le rideau, maintenant c'est aux avignonnais (et le off pas totalement fini) avec dj dans jardins pendant fini et cinq ou six nuits de jazz aux carmes (j'adore l'ambiance)
Jeandler :
Avignon va redevenir avignonnais !
mais Avignon a gagné par le festival d'avoir Brigetoun en ses murs (depuis ce n'est plus seulement pour ça) - ça justifie le festival, non ? ça et les comptes des commerçants
Mais c'est très bien le festival !
Il y a plein de raisons pour ça.
et il a bien d la chance de se dérouler tant notre tant belle ville
Ouf, une dernière course avant de pouvoir reprendre le souffle, c'est exquisément détaillé, brige. Merci pour ce juillet époustouflant.
quelques jolis restes mais comme une nostalgie.
et puis de riches commentaires que j'aurais dû commencer par lire!
Un peu de nostalgie que je partage également. J'aime Avignon toute l'année, mais sans le festival chaque mois de juillet, cette ville aurait bien moins d'attraits.
Beaucoup à dire sur la qualité des spectacles du Off sans doute :comme tu le soulignes à cause principalement des gros bras le Paris, Capitole et comparses qui depuis quelques années sont bruyants et omniprésents. Ce qui est dommage car ils donnent une image qui n'est pas la réalité : sur la quantité de spectacles ils ne sont que peanuts ! Et il y a des pièces magnifiques qui sont jouées chaque année.
Je n'ai pas vu cette interprétation, mais belle pièce de Jean-Luc Lagarce. Vu la semaine dernière "Ebauche d'un portrait" tiré de ses journaux.
J'en avais très envie mais une fois encore hors les murs - et puis il y avait tellement de choses dans le in et le off (hors les non spectacles) on ne peut tout, je trouve que carcasse m'a déjà bien servie
sans compter la bourse
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