Un poco de festival, mais un poquito tout de même – et les gens de mon âge
« Chaque jour son propre chantier, et le mortier de l'heure. » Daniel Bourrion, ce 14 juillet , et ses mots denses, sa concision. http://www.face-terres.fr/2011/07/14/mortier
le lire, avoir trouvé cela juste, être passée à autre chose, ou plutôt à pas grand chose, parce que c'était ainsi.
Rien de précis au programme, le ciel beau, les épaules et les jambes frissonnantes, les branches souples de mes plantes dégénérées (qui les lancent, démesurées, vers la lumière) secouées par instant et retombant dans le calme, deux ou trois envies de spectacles ou rencontres vers 11 heures, le constat que contrairement à d'habitude le festival me fait prendre du poids cette année (un tout petit peu), la décision de nourrir carcasse en plaisir, avec trucs frais et donc d'aller aux halles.
Des rues presque désertes, ce que pluie et vent ont fait aux affiches,
et un titre de spectacle qui me fait un clin d'oeil -
des courses détendues, des choses simples de notre sud, le plaisir de la forme... et puis un coup de pompe brusque, à mi chemin du retour, et une avancée vertigineuse et têtue,
avec la bourrasque en quittant la place de l'horloge, en tournant le coin du théâtre, les petits pas dansés, penchée en avant, couffin et cabas en travers, l'échange de rires avec ceux qui venaient à moi poussés par le vent.
Cuisine, carcasse qui me fait payer se bénévolence de ces derniers jours, méchamment, la fuite dans sommeil en oubliant ce que je m'étais promis (choix d'un texte pour chronique) – calme.
Emerger, tour sur web - vieille jupe que j'aime, habillée de bric et broc comme ça m'amuse, partir vers le gymnase de Saint-Joseph voir « … du printemps » (un spectacle de Thierry Thieû Niang (qui collabore aux spectacles de Chéreau) et de Jean-Pierre Moulères)
juguler son agoraphobie rue Saint Agricol,
avancer de tracts en tracts dans les rues qui avaient leur plein aspect "festival"
aborder la rue des Teinturiers et retrouver belle densité,
se frayer passage vers l'entrée du jardin, longer triomphalement la file des sans billets
et de l'autre côté de la fosse, se mettre dans une file détendue,
s'interroger sur ce qui est derrière les fenêtres, penser que ce sont des feuillages très proches, sans en être sûre, se retrouver dans le noir.
Avant, lire : « vingt femmes et hommes, âgés de soixante à quatre-vingt-sept ans » qui fêtent en dansant selon leurs moyens, le sacre du Printemps, sur la musique de Stravinsky.
Voir des silhouettes indécises entrer une à une, venir s'amalgamer en une masse compacte au centre, une dernière, un homme certainement, en short à petites fentes flottantes de coureur se mettre à tourner autour d'eux à la limite du plateau, prendre une foulée du coureur de fond qu'il a sans doute été, pendant que la musique arrive, que lumière vient sur les femmes (et deux hommes) en noir, plus ou moins coquettement mises, aux visages assez marqués, sous des chevelures brunes ou rousses (et vers le milieu du spectacle peu à peu ces chevelures seront des perruques froissées dans les mains, donnant une nouvelle beauté, celle de vieux souriant ou concentré, aux visages, des silhouettes parfois fines (et l'une très grande m'étonnait, je lui trouvais un éclat de belle femme approchant la quarantaine, et il faudra que vers la fin, elle se trouve, tous se dénudant peu à peu, plus ou moins, en slip et soutien-gorge pour qu'une meurtrissure, un froissement des chairs lui donne une splendide soixantaine, mais l'éclat restera et la grâce de son soutien à d'autres), d'autres alourdies, une plus ou moins grande vigueur, agilité, souplesse des corps qui marchent, courent, s'arrêtent, étendent les bras, croisent les mains derrière le dos, non pas ensemble, mais avec des décalages, rebondissant sur un groupe arrêté, le renvoyant, en un mouvement perpétuel.
Et ils sont beaux et une grande partie du public (j'ai entendu une appréciation stupide en sortant) est en sympathie admirative avec eux. Pour leur courage, le besoin qui les a poussé à se mettre à danser, les heures de travail, et pas uniquement au point de vue physique, parce que, j'ai lu en rentrant sur le feuillet distribué que Thierry Thieû Niang, dit :
« En courant ou en marchant, mais sans jamais abandonner le lien qui les unit, ils recomposent à l'infini une spirale dont surgissent mille et une images, comme autant de rites et de récits, de farandoles enfantines et de processions funéraires, de fins et de recommencements. Loin du culte de la performance, dans une fragilité assumée et revendiquée, se joue devant nous le cycle perpétuel de la vie. Le mouvement de ces danseurs amateurs nous hypnotise tandis que la partition de Stravinski, dans son exceptionnelle puissance d'écriture, accueille et porte haut les élans et les souffles de cette communauté incroyablement vivante : des êtres sans fard, qui se donnent pleinement au présent. Des rêves dansants,.. » et c'est cela – et toute la préparation : lecture de haïkus, de textes d'astrophysique, la mise en commun d'idées, les spectacles visionnés dont ceux de Pina Bausch ont dû contribuer à ce qui se dégage de leur danse.
Pas un grand spectacle, mais un spectacle fort, un très beau moment, et qui euphorise.
En sortant petite hésitation, je me disais que devrais (mais presque comme une obligation) assister à autre chose, trouver du texte, ai pensé au théâtre des Halles, mais les prochains spectacles, qui me tentaient tous les deux commençaient plus d'une heure plus tard. Décidé d'aller simplement m'asseoir à Calvet pour écouter le poème de Rambert sur Avignon, le festival, dit par Podalydès.
Buter sur la foule des spectateurs futurs des non-spectacles du Paris, bouchon dont il est toujours, dont il était spécialement difficile de s'extirper
Mettre un certain temps avant que les pieds ankylosés aient totalement assimilé « un pied devant l'autre, et on recommence, c'est pourtant simple » et l'exécutent avec rapidité et fluidité suffisante,
s'arrêter un moment parce que le ciel au dessus de Joseph Vernet était d'une beauté touchante
et arriver avec dix minutes de retard, comprendre à la limite des gens qui parlementaient que le jardin était complet, ou du moins qu'il y avait le nombre d'auditeurs jugé raisonnable, écouter des mauvaises humeurs et récriminations, les trouver navrantes,
et reprendre le chemin de l'antre, dans la lumière déclinante qui aime la peau de la maison au coin de la rue Saint Etienne, écouter Podalydès en chargeant les photos, et peut-être à cause de l'écho en soi des noms, de certains souvenirs que charriaient les alexandrins (n'avait pas réalisé que c'en était) de Rambert, trouver ça beau.
Préparer ceci qui est bien trop bavard – ne pas avoir envie assez forte de l'améliorer.
Rêvasser à une envie de partir pour tenter d'avoir une place à un concert à onze heures avec de la musique d'Aperghis et autre. Renoncer par flemme et s'en vouloir.
13 commentaires:
Et recommencer demain parce que tout est à venir.
Le spectacle est aussi dans la rue !!!
Gérard est beaucoup dans la rue.
Michel pas trop demain, parce qu'il y a un truc pour lequel veux être en forme et éveillée : Keersmaker à la cour d'honneur à l Cour d'honneur à 4 heures et demi du matin le 17
J'ai craint un instant : « Rien de précis au programme, le ciel beau, les épaules et les jambes frissonnantes ». Après lecture jusqu'à la conclusion de la rubrique, j'étais rassuré. Promenades dans les rues marquées par la pluie et le vent, attentes devant des files, Stavinski et Podalydès au programme, rien ne résiste. Pas même la fatigue, à ce que je constate.
savais pas que c'était aussi nul - visiblement pas mon jour - et ça ne va pas s'améliorer - tant pis
A cor et à cris
A corps et âme
Contre vents et marées
Que ta joie demeure
Tout semblait donc complet hier, la foule serait-elle arrivée ?
Toutes les chances vous avez. Je vous le répète, chères et chers Avignonnais.
Du théâtre, des rues animées et carnavalesques et ... de la pluie. Je ne tiens pas compte du vent pour lequel je compatis avec vous.
Entendu hier soir (FC) Podalydès lisant le poème d' Avignon si beau écrit au rythme du Tgv !!!
Vu le chat sous la charette? il avait aussi son panier il me semble
savais pas que c'était aussi nul
Si ce message m'était adressé, je suis désolé, profondément désolé, que mon commentaire ait pu laisser entendre une telle chose. Je situais mon commentaire à l'opposé tentant de refléter que, nonobstant une certaine imprécision du programme de la journée auquel vous faites allusion en préambule, nous avions bénéficié d'un compte rendu plus que complet. Profondément désolé.
Pierre R Chantelois
oh Puierr ! bien sûr que non c'était u idiot mouvement de dépit parce qu'à par vous et Michel personne ne passait me lire (on dormait)
Merci pour ce reportage, très réussi, et fort intéressant
Chère amie. Mon coeur est plus léger ;-)
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