
Ce serait, un peu après le faîte de l'après-midi, avancer dans une allée moussue, le long d'une haie drue, vert sombre, dans l'ombre croissante, nourrie de lumière verte.
Ce serait arriver, en débouchant d'un bosquet, au pied d'une petite tour aux pierres écornées, forte et blessée par les ans, noyée dans une clairière resserrée.
Ce serait croire être, ou être, dans un conte d'autres contrées, plus vaporeuses que notre terre sèche, au pays de Perrault, de Madame d'Aulnoy, de Madame d'Auneuil ou de Leprince de Beaumont, ce serait, avec la curiosité et le mauvais goût de la prime adolescence, être rêvant devant un « Signe de piste », ce serait, plus tard, broder, ajouter de son enfance, en arrière plan de la lecture du « Château d'Argol », au risque de mal le lire
Ce serait, plutôt, retrouver la grosse maison déclinante, reste des propriétés de la famille lyonnaise, et le grand jardin abandonné, au dessus du lac et des maisons d'Amphion, aller au bout de ce qui était devenu un pré, en ramassant des prunes à cochon, jusqu'aux buissons épineux, envahissant peu à peu l'espace, accrochés à la pente, creuser, en se griffant, un passage, nouer des branches, et au bout de deux après-midi d'acharnement tranquille, à l'écart des adultes et des petits, déboucher sur une petite terrasse, sauter et s'approcher d'une bâtisse ruinée – y amener ses livres, s'en faire un refuge, rester vague dans ses réponses aux questions à la table du dîner, ne pas savoir, et cela était délice, quel était le propriétaire de ce bout de terre.
6 commentaires:
Ce serait aussi pour le lecteur ou la lectrice ne plus pouvoir départager le vrai du faux, le rêve de la réalité, la fiction de la vie.
les pierres portent tellement d'histoires, ce serait délicieux si elles pouvaient nous parler.
A la recherche d'un petit coin perdu qui n'appartiendrait à personne
Prendre ce qui est abandonné, est-ce voler ?
Heureuse de retrouver enfin ma vitamine Brige.
L'imagination est en marche même elle galope .....
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