
Il y a, dans la noble et décrépite façade, la présence de ces humbles ouvertures, trapues, bordées d'un bandeau uni mais de parfaite ampleur, sur lesquelles glisse le regard - ce qui reste du regard repoussé par cette lente ruine dans l'ombre - et leur présence indispensable - aussi secondaires qu'elles demeurent - avec leurs pierres souillées, blessées, fracturées, pour la note juste, précise, qu'elle apportent dans l'équilibre harmonieux - à la fantaisie maîtrisée - de l'accord musical que chante le bâtiment.
Il y a, les hauts remparts face au fleuve, la rudesse sombre et fière qu'ils prennent sous la lumière morte d'un début de crépuscule, à la fin d'un jour brouilleux du début de l'automne, leur verticalité retapée au fil des siècles, la régularité des pierres, et, contre le ciel, la théorie des mâchicoulis effondrés, rongés, fiers et douloureux, affichant, tant qu'on ne leur aura pas fait l'injure d'une « restitution », leurs différentes souffrances, la gamme de leur anéantissement.
Il y a, émergeant à nouveau, d'une brusque tentation du néant, la bouille de Brigetoun, déformée par les ans, les humeurs, ravinée, et la recomposition, resserrant les amollissements des chairs et des rides, autour d'un sourire affiché, un peu par volonté, qui lentement, bienheureusement, se répand, s'intériorise, une fois encore.

Il y a l'ombre pétrie de lumière, l'air nourri de siècles, de la trace persistante des présences de moines, de clercs, de manants, de troufions, de bourgeois petits et grands, de bateleurs humbles et d'acteurs, de tant de gestes et de mots, et la douceur usée des pierres, comme une sonate en sourdine.
Il y a endosser un tube de très simple jersey de basse origine, et s'enjouer de sa souplesse et de la franchise de ses tons.
Il y a rentrer dans le jour.
13 commentaires:
j'adore les rayures
La théorie des mâchicoulis : voilà qui sonne bien comme un titre de roman !
L'il y a du soir, l'il y a de la nuit, l'il y a du matin, l'il y a de l'indéfiniment (croit chacun) recommencé - parfois avec des embruns de soleil sur la figure.
ce qu'il faut de ravages pour une fière chanson
Ce texte sur l'usure du temps bercé par l'histoire est très beau et votre apparition émouvante dans son auto-dérision.
C'est vrai que les rayures vous vont bien !
La rayure n'est pas rature, oser s'afficher et affronter une réalité que l'on ne peut gommer. Bravo. Moi, je n'y arrive pas.
Voilà bien un bel hommage au vieillissement du corps mais au rajeunissement de l'esprit. Un souvenir des vieilles pierres peut être jeune ou plus éloigné dans le temps. Et ce sourire...
Très beau sourire, aucune déformation perceptible. Et j'adore ce t-shirt !!!
c'est une robe
C'est lorsque nous n'avons plus aucune douleur que c'est grave
Gérard tu es sage, et c'est parfaitement exact (si on trouve la fin grave)
il y a ce cou qui se dresse au delà des lignes pour porter haut et fort les couleurs de la vie. Ton cou est un arbre !
Le regard toujours vif
un brin de malice
daas l'éclat des yeux
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