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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, octobre 12, 2011

Défis, surprise, et musique


Devant moi, dans la rue, la montée vers le ciel de deux bonshommes discutant tranquillement

Entre les maisons, dépassant les fils en travers, hissant nos yeux, sans but évident... ai rêvé un moment en tournant le coin. N'ai pas entendu le ciel dégringoler sur la terre pendant que j'attendais chez le teinturier. Au retour, le camion était toujours là, désert, la plate-forme repliée, me suis demandé s'ils s'étaient installés la haut.

Suis passée chez moi, ai rangé les draps, fait un tour sur internet, et j'allais partir pour faire nombre dans le cortège syndical qui descendait de la gare vers la place du palais, parcours choisi quant n'est pas prévue une très grosse participation. Ai pris mon veston. On a sonné.
Me suis trouvée devant un grand carton blanc - un parfum accompagnait l'ouverture assez longue, et mes mains s'impatientaient – me suis trouvée devant cette beauté charnue, épanouie.

Ai planté les tiges dans un vase, en marmonnant onomatopées interrogatives et ahuries, ai trouvé une enveloppe, un très gentil mot, une signature - que l'expéditrice soit remerciée, immensément si cela doit être à la hauteur de mon sourire, de mon plaisir.

Et suis partie, coeur en fête, au devant du cortège.

Ce n'était pas la foule réunie par les manifestations contre la « réforme » des retraites : elle n'était composée que de syndicalistes (pourtant les salaires et le pouvoir d'achat, me semble que cela ne concerne pas qu'eux) et nous sommes dans une zone qui, pour son malheur, est quasiment sans industrie,

et perd celles qu'elle avait (présents, en tête, les gens de Continental Nutrition menacés par une fermeture).

Mais l'électron libre y a trouvée une place, sans problème, choisissant un des groupes de retraités.

Ils sont tout de même arrivés à remplir presque totalement la place du palais,

sous l'oeil de visiteurs penchés, souriant, dans les créneaux.

Honteuse paresse. La nuit est venue. Ai mis robe blanche et manteau, m'en suis allée, fouettée doucement par le vent, vers Saint Pierre,

pour un concert Bononcini, avec Cyril Auvity et son ensemble l'Yriade (la voix du voyage ou le voyage de la voix, avec du lyrique rencontrant l'Illiade) Leonor de Recondo et Birgit Goris, violons, Elisa Jogal, violoncelle, Isabelle Sauveur, clavecin, et pour ce soir Marc Wolf, théorbe, en replacement.
Me suis installée sur une chaise, un peu à l'écart, à l'entrée du bas côté,

sous la garde de la descente de croix aux personnages rondement solides, et pénétrés.
Le concert débutait par la Sinfonia nona pour deux violons et basse continue. Lente lumière des violons éclairant la basse (viole, violoncelle, clavecin) – des trilles, broderies, légères qui s'évanouissent en plainte, les violons en canon, en dialogue, se rejoignant etc...
Applaudissements, les deux jeunes femmes s'installent sur les stalles, remplacées par le ténor qui s'essuie la bouche, se recueille – modulations de la viole et du violoncelle et attaque de la cantate Quando parli (voix et basse continue), l'ampleur ronde du timbre, sans métal sonnant, sans vibrato, goûteuse, lentement, un peu plaintivement, voix qui deviendra énergique, rapide, puis se plaindra, s'étirera, montera pour émettre la douleur dans l'aigu. Plaisir de ce chant, des mots toujours parfaitement articulés, respectés, reconnaissables, musique construite autour du poème. Il chante en montant lentement, en étirant infiniment les mots « morte esposa » et on se pâme.

Virtuosité de Cyril Auvity, évidente, sans que cela pèse, sans ostentation.
Pour la cantate suivante « Ecco Dorinda il giorno » les deux violons reviennent pour une introduction toute de vélocité, avant le chant seul, simplement appuyé sur la basse, et des interventions discrètes comme pour souligner, un passage où le violoncelle, avec une vivacité qui lui laisse sa chaleur profonde, joue avec la voix.
Un petit entracte, et une nouvelle sinfonia plus complexe peut-être avec des soli, des dialogues, et deux cantates.
« Alle sue pene inferno » pour voix, basse continue, et un violon et, avec à nouveau les deux violons, « Barbara ninfa ingrata », très belle.
Que si nombreuses sont les larmes harmonieuses qui s'en vont par le monde.

Saluts, une grosse rose à longue tige (je crois) pour chaque femme, et un petit cadeau pour la route : un chant de cour de Michel Lambert.

Rentrée dans un vent ragaillardi qui retroussait mon manteau et bruissait dans le micocoulier de Saint Ambroise.
J'ai trouvé une autre cantate de Bononcini interprétée par le même ensemble et Cyril Auvity

13 commentaires:

JEA a dit…

1ère photo : lors de la dernière grande manif à Charleville, deux bonshommes avaient ainsi posé en altitude et en rue une caméra policière. Résultat : des citoyens au foulard rouge furent poursuivis devant le tribunal pour rébellion envers les forces de l'ordre. Furent alors sorties comme preuves les images prises en stoemelinks...

Pierre R. Chantelois a dit…

Une autre journée si riche en émotions et en évènements. Recevoir ainsi des fleurs qu'on peut disposer dans ce qui me semble être une salle de lecture (voire un salon avec une belle tapisserie murale) s'ajoute au bleu céleste du jour et au concert crépusculaire sous les accents de Bononcini. Un très beau jour que vous nous avez donné à partager. Merci

arlette a dit…

Cris de révolte , douces harmonies en fleurs et musique Tu as chère Brigetoun des journées ..... de rêve et surtout de vie que tu sais remplir
Bravo pour le partage cela donne un coup de fouet aux instants paresseux

Michel Benoit a dit…

C'était ton anniversaire ?

Brigetoun a dit…

non, c'est la gentillesse d'une blogeuse/écrivain

jeandler a dit…

Journée faste.
Quelle chance d'être avignonnaise et d'aller au concert !
Orléans retrouve son passé mais oublie qu'elle fût (et qu'elle est de nouveau) une ville universitaire. La culture peine à
se " rajeunir " !

Brigetoun a dit…

voudrais pas t'enlever tes illusions mais là le public n'était pas d'une jeunesse extrême

joye a dit…

Waouh, les fleurs ! ♥ Tu les vaux bien et davantage.

Brigetoun a dit…

comme les caramels ?

Lautreje a dit…

roses le matin, roses le soir, quelle journée !!

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Journée parfaitement remplie. J'aime à savoir que tu défilais aussi.

Amicalement

Roger

Gérard Méry a dit…

..des roses ..pour le jour du débat Aubry Hollande qui vient de se terminer !!!

D. Hasselmann a dit…

Manif puis musique : souvent les deux s'allient (à l'envers également).