Obligé carcasse qui n'était pas à l'unisson de l'agréable programme du jour à tenter sourire et à suivre, dolce, la rue Joseph Vernet vers la gare, pour le plaisir de recevoir du pesto, et accessoirement, bien entendu accessoirement, de rencontrer, à nouveau, Benoît Vincent, de retour de Genova, ville qui me faisait vaguement rêver, dans le rêve de laquelle suis entrée, en suivant
http://www.ge-nove.net/sommaire.htm, ce qu'il en dit lui qui la connaît, ou qui cherche à la connaître, et tant pis si les Genove que je me fabrique en dérivant à partie de ses notes, textes, photos, des noms... n'ont qu'un lointain rapport avec la Genova sise au tournant de la mer, puisque
« Ce n'est pas la vérité qui passionne, et le virtuel n'est pas moins vrai que le réel. Le récit débute lorsqu'on cherche à donner tort au réel, car dans l'ordre des choses, il ne saurait y avoir de vrai/faux, comme pas plus de bien/mal. Paysage, même urbain, composé de légendes et de mythes, de faits historiques et de récits écrits ou chantés, il n'y a rien de différent, il n'y a que ce paysage, la ville, la ville, la ville. »
Me suis régalée d'amitié et de gentillesse – me suis fait honteusement offrir un café – le Vaucluse a laissé repartir pour la Drôme le voyageur au long cours (quand on ne suis pas exactement les axes prévus, les trajets en chemin de fer deviennent aventure, ou presque, ou on dirait que)
et suis rentrée dans la ville.
Retour, tout doux, tout doux, avec petites courses, pendant que la lumière commençait déjà à penser à la nuit,
jusqu'à enflammer le palais, et s'effacer en bleu très clair avec des écharpes, d'un blanc si transparent qu'il virait au gris bleu, au dessus de mes remparts et du Rhône.
Internet est une bien belle chose.
Et puis suis repartie vers l'opéra, en suivant une violoniste (je vous assure, c'est ce que montre la photo) pour un concert au programme classique, séduisant, consensuel, qui curieusement n'avait pas rempli la salle, concert Mozart et Rossini, avec l'orchestre dirigé par Yeruham Scharovsky, avec la mezzo Stéphanie d'Oustrac.
Mozart en première partie
La symphonie n°31 en ré majeur, pour laquelle je n'étais sans doute pas suffisamment « entrée » dans l'envie de communier, ce qui m'a fait trouvé le tempo du premier mouvement un poco troppo presto (un côté un peu mécanique) – l'avancée lente du second mouvement avec les petits ronds de pieds comme les grâces d'une danse un peu grave – le 3ème : dynamisme, rebondissements.
Arrivée de Stéphanie d'Oustrac en robe chinoise noire rouge et grande fente, qui présente en quelques mots, avec une belle autorité, les airs qu'elle interprète
« Voi che sapete » (Cherubino des Noces) beau mais sa voix fruitée et pleine, très femme, m'a semblé s'accorder assez mal avec ce rôle, cette musique (plutôt Médée ou Didon qu'un jeune garçon)
« Parto, ma tu ben mio » de Senso de la Clemence de Titus – rôle masculin encore, mais qui lui allait mieux et c'était superbe de chaleur et de véhémence.
Retour à l'orchestre seul pour un très jolie interprétation de l'ouverture de Cosi fan tutte (me retenais de la chantonner – faux comme toujours) – Délicieux
et une Dorabella chantée en tragédienne (l'air de l'acte 1)
Un entracte pendant lequel suis partie très loin, dans un coin, avec le début de « l'homme qui s'évada » d'Albert Londres http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505919/l-homme-qui-s-évada
avant, transition brutale, la seconde partie consacrée à Rossini
Le plaisir pur, le charme de l'ouverture de l'Italienne à Alger (chantonnée intérieurement derechef) qui rend bienheureux, souriant et bénévolent
Le découverte (honte à moi) de la cantate de Giovanna d'Arco avec la très belle orchestration de Salvatore Sciarrino – le basson qui introduit, les hésitations des cordes, un peu de flûte, une attente grave, etc.. le chant au début très retenu, lointain, charnel et émouvant, une plainte qui enfle... plus tard guerrière joyeusement, presque arrogante etc...
Pour terminer, bien classiquement, le Barbier : l'ouverture et « una voce poco fa » (l'aria de Rosine au premier acte)
En bis de nouveau Cherubin avec une belle interprétation du premier air « non so più » et de nouveau « voi sapete » que j'ai nettement plus goûté à la seconde audition.
Retour – ces mots à la va comme je peux – dîner, dormir
Voilà, voilà
11 commentaires:
vous évader pendant l'entracte avec un homme, comme vous y allez...
Vraiment, cette lumière dans la ville m'éblouit... au point où j'aurais oublié tout le reste de la chronique. J'ai délaissé cette lumière magnifique pour me rendre avec plaisir jusqu'à la fin de ce concert, avant le repos de la nuit. Décidément beaucoup de musique en concert dans vos occupations quotidiennes. Que du bonheur
"Pendant que la lumière commençait déjà à penser à la nuit" : voilà un beau titre.
Oui ai relevé cet instant de poésie pure "Pendant que la lumière commençait déjà à penser à la nuit " et me délecte de le reécrire
avec un "voilà" qui est bien modeste
Mozart, Rossini
plus d'affinités entre les deux que l'on ne croit.
La pianiste suivie ne répétait-elle pas ses pizzicati d'où le tremblé de l'image ?
nous marchions d'un bon pas pour attaquer la côte et ne pas être en retard la violoniste et moi
Me joins au "concert" des voix pour dire la beauté de cette "lumière qui commençait déjà à penser la nuit", ce genre de notation que l'on oublie plus et qui revient à chaque crépuscule "la lumière commence à penser à la nuit", et puis bien sûr joie du compte-rendu de ce concert. Donc double merci @ vous, Brigetoun
Eh bien, je me suis laissé prendre à écouter la musique des lumières, de la mélodie des petits chemins et des ombres dispersées. Et puis cette robe chinoise fendue de rouge comme une bouche qui parle dans la nuit. Vite, vite un escadron d' archets pour la bataille du tempo au fond des loges de notre émerveillement!...
J'aime beaucoup ta photo floue...celle qui te conduit au "violon "
Merci Gérard - aveu : je l'aimais bien
Donc, une montée crescendo...
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