«Maurizio
F.
… Moi
je n'assassine pas la nature. Et le feu, le feu sacré, je l'allume
la nuit, dans la cuisine pour que les dieux lares et les pénates me
protègent. Michelle redoute une explosion mais elle a tort. Me laver
? Non, je ne me lave pas. Si je me lavais je tuerais les bactéries
qui se trouvent dans mes cheveux, ma barbe mes dents. Une
extermination. Ils sont la vie, nous non ; eux, ils constituent
l'univers invisible, grand et polymorphe, dont nous ne sommes que les
hôtes impuissants, la conscience morte. Je vous ennuie ? Maintenant
je dois revenir à la maison. Le soleil va se coucher et je dois le
voir, l'astre, moi qui depuis toujours suis son gardien. Vous, avec
votre visage de jeune savant vous êtes un assassin impitoyable,
comme le reste de l'humanité. Mais vous, bien plus qu'eux, vous
pouvez comprendre l'immensité de ma vie spirituelle, qui me rend
pur, remplir mes yeux de larmes, et me détache de la vie matérielle.
Vous permettez ? J'exprimerai ma pensée par ces vers :
Comme
la main
recueille
un peu de terre
la
terre tombe
le
vent l'emporte
quelque
chose reste.
L'esprit
pense
à
autre chose.»
Un
peu au hasard, la première prise de parole de Maurizio F. qui
revient d'années en années, au début de «j'entends des voix» de
Marco Ercolani (traduction Sylvie Durbec), dans lequel j'avance par
vingtaines de pages environ.
Alternant,
la nuit dernière, avec le tout début de «Refuge sacré», de
Cathie Barreau
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505940/refuge-sacré
sont journal de résidence (prise comme voyage) à l'Hôpital de la
Ville-Evrard, pendant lequel, au milieu et en curiosité de cet
établissement psychiatrique, elle travaille à un roman
...«J’écris
maintenant, déjà plus loin que cette journée. Est-ce le souvenir
et l’écriture qui produisent l’émerveillement ? Non,
décidément. Je sais que je fus sereine et étonnée. Je suis
seulement en train d’en prendre conscience dans les phrases.
….......
J’écris
et je sais que je n’ai pas pensé à la folie dans cette journée.
Du moins, pas comme j’y pense habituellement ; elle est une
question parce que ceux que j’ai rencontrés dans ma vie jusque là
qui étaient «fous» m’ont eux-mêmes posé la question par leur
regard insistant, creusant dans mon propre regard, par leurs visages
déformés, leur éloignement, par leur langage qui m’échappait.
Je ne sais pas les secourir, je sais juste leur parler un instant,
leur lire un texte en atelier, les écouter et partir.»
Journée
sans idée, ni courage, ruminante, j'engraisse...
Pour
ne pas passer complètement à côté de notre festival de danse,
comme de tout ce qui se passe ici en ce moment (mais pas le courage,
parce que quand grossis suis pas très bien, d'aller jusqu'à Benoit
XII ou au Studio des Estivals), suis allée le soir à l'opéra voir
« La vérité 25 X par seconde » de Frédéric Flamand et
du ballet national de Marseille, sur une scénographie de Ai Weiwei.
photos
provenant de
http://www.theatre-lacriee.com/spectacles/bnm-la-verite-25x-par-seconde
(bonne présentation sur le site de La Criée)
trouvé
une vidéo
Mouvance
des échelles, de quelques chaises, des corps et d'images vidéos
parfois. Quelques allusions au « baron perché » qui est
la source revendiqué, des moments de purs plaisirs de ce mouvement
architecturé, quelques moments très beaux, quelques moments où ça
tire à la ligne. Grand plaisir de mes jeunes voisins, et plaisir de
regarder avec eux.
Et
joli petit mistral en sortant... un grand corps de mon âge, me
retenant dans la petite panique de carcasse, m'a aidée à franchir
la bourrasque de l'entonnoir de la rue Molière et puis j'ai
continué, mes cheveux dansant.
10 commentaires:
Sans cette vidéo, je n'aurais jamais imaginé en quoi consistait ce spectacle du Ballet national de Marseille. Je suis sous le charme pour le peu que j'ai vu. Et avancer par vingtaine de pages dans une lecture c'est se garder du temps et c'est prendre le temps d'en saisir le sens et la quintessence.
Hier après-midi j'ai vu l'expo "Danser sa vie" au centre Pompidou (quelques photos demain sur LTAG), scintillante et à revoir, presque trop riche : j'ai repensé à Anne Teresa de Keersmaeker l'été dernier dans la cour matinale du Palais des papes (et une autre année au cloître des Célestins).
Energie de la danse, mais difficile d'appliquer cette formule de Nietzsche (rappelée dans la notice de l'expo qui a lieu jusqu'au 2 avril) : "Et que l'on estime pour perdue toute journée où l'on n'aura pas au moins une fois dansé" !
grâce soit rendue à ce grand corps sans doute un peu fatigué lui aussi...
Un beau moment, pour moi un peu gâché par l'inconfort de l'Opéra théâtre.
Voir le spectacle dans le regard de l'autre: double plaisir.
Heureuse prise de vue, avec une caméra fixe qui permet de voir la danse, sans lui superposer un montage éclaté, la plupart du temps ruineux pour le mouvement du spectacle.
Le décor sur cette dernière image me fait penser à l'Halloween chez moi, où l'on "décore" les arbres avec du papier hygiénique.
http://blog.nj.com/parentalguidance/2007/10/large_mischief.jpg
(oui, c'est du vandalisme chez moi)
;-)
était un peu large mais même texture, même idée peut être
excellent ce ballet des échelles
Très belle soirée pour moi également, un réel plaisir à voir ce ballet, cette version du Baron perché.
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