Ami,
point n'ai le courage
d'aller
vers toi et tes cygnes.
Pauvres
amis j'imagine
paralysée
votre nage
Je
vous espère très sages
sans
jeux d'eau, muets et dignes.
Ami,
point n'ai le courage
d'aller
vers toi et tes cygnes
Je
t'envoie, volant dans le vent, l'idée de ce qu'il advient à la
Sorgue et à ses roues, comme le montrent les photos et la vidéo de
Michel Benoit
http://avignon.midiblogs.com/archive/2012/02/07/e-pamens-viron.html
(regarde surtout la vidéo qui est splendide mais effarante, et
écoute) et les photos de Françoise Dumont
http://avignon-etats-lieux.blogspot.com/2012/02/et-pourtant-elles-tournent.html
Quant
à moi, lâchement, ne suis pas sortie, avant la nuit, où, bien
emmitouflée, suis partie, cramponnée aux murs dans les coins à
rafales de vent, vers mon voisin l'opéra et une représentation
d' « il Travatore »
L'orchestre,
pas imposant mais au meilleur de sa forme sous la direction de
Roberto Rizzi-Brignoli, des décors dépouillés de Jean-Noël
Lavesvre, qui ont pourtant entraîné des attentes un peu longues
entre chaque tableau, une mise en scène très simple, une direction
d'acteur réduite au minimum de Charles Roubaud, avec des chanteurs
assez statiques, face au public, laissant le mouvement à la charge
de la musique qui s'en acquitte parfaitement.
(photo
trouvée sur internet, ne sais plus sur quel site)
Une
très bonne exécution des choeurs, qui sont tout spécialement
bellement « Verdi » dans cet opéra, un comte de Luna
passablement fort et assez peu séduisant, (mais la voix de baryton,
elle, l'était, et sa façon de jouer par elle, et que donc j'ai
aimé) George Petan, un je crois assez bon Manrico Giuseppe Gipali,
suis mauvais juge, n'aimant pas les ténors héroïques, un jeune
Ferrando Ugo Guagliardo à la très belle voix, mais qui a un peu
tendance à chanter tout de façon uniforme.
La charmante Ludivine Gumbert dans le rôle effacé d'Irène, une très
bonne (à mon avis) Azuzena, Mzia Nioradzé, qui joue de sa voix
comme une actrice, et une belle et bonne Léonora ; Adina Aaron,
grande, drue, noire, à la très jolie voix, et au jeu sensible.
Et
puis bien entendu Verdi, respecté, célébré,
ce
qui justifiait cette sortie et la galopade contre le froid pour
rentrer, vers 11 heure 30, dans les rues où le vent, un peu calmé,
se jouait tout de même encore des passants.
14 commentaires:
la vidéo splendide mais effrayante, comme une bête qui grogne avec ses dents luisantes !
Verdi qui fit se lever une salle contre Berlusconi : la roue tourne !
Un beau courage pour braver les forces, non du destin, mais du mistrau... récompensé d'une belle soirée.
Et très belle vidéo bien choisie, je vois où se trouve cette roue, dans la petite rue pavée longée par le cours d'eau, il doit falloir faire gaffe pour ne pas glisser !
Et les roues de l'Isle-sur-la-Sorgue chez Nathalie !
Michel tu as bien fait de ne pas m'autoriser à t'emprunter une photo, ta vidéo a été vue
Que dis-tu ? Je t'ai autorisé à prendre quelque photo que tu veuilles !
Photos et mots et vidéos, quel beau rassemblement autour de deux blogues qui mettent en exergue Avignon. Michel, cette vidéo et ces sons sont surprenants. Brigetoun, cette photo et cette musique verdienne sont jubilatoires. Et aussi cette galopade.
Chouette soirée (sinon pour le trajet), merci du partage.
Pour ceux qui ne connaitraient pas la video à laquelle fait allusion Dominique Hasselman, voici de quoi il s'agit (je le fais en deux commentaires car c'est trop long)
Un superbe moment de performance musicale et de révolte culturelle.
Prenez le temps de lire le texte pour les non italianisant, et n'oubliez pas de cliquer sur le lien (ou de le recopier) pour voir la vidéo.
Silvio Berlusconi renversé par Giuseppe Verdi
Le 12 mars 2011, Silvio Berlusconi a dû faire face à la réalité.
L ’Italie fêtait le 150ème anniversaire de sa création et à cette occasion fut donnée, à l’opéra de Rome, une représentation de l’opéra le plus symbolique de cette unification : Nabucco de Giuseppe Verdi, dirigé par Riccardo Muti.
Nabucco de Verdi est une œuvre autant musicale que politique : elle évoque l'épisode de l'esclavage des juifs à Babylone, et le fameux chant « Va pensiero » est celui du Chœur des esclaves opprimés.
En Italie, ce chant est le symbole de la quête de liberté du peuple, qui dans les années 1840 - époque où l'opéra fut écrit - était opprimé par l'empire des Habsbourg, et qui se battit jusqu'à la création de l’Italie unifiée.
Avant la représentation, Gianni Alemanno, le maire de Rome, est monté sur scène pour prononcer un discours dénonçant les coupes dans le budget de la culture du gouvernement. Et ce, alors qu’Alemanno est un membre du parti au pouvoir et un ancien ministre de Berlusconi.
Cette intervention politique, dans un moment culturel des plus symboliques pour l’Italie, allait produire un effet inattendu, d’autant plus que Sylvio Berlusconi en personne assistait à la représentation…
(je continue)
Repris par le Times, Riccardo Muti, le chef d'orchestre, raconte ce qui fut une véritable soirée de révolution : « Au tout début, il y a eu une grande ovation dans le public. Puis nous avons commencé l’opéra. Il se déroula très bien, mais lorsque nous en sommes arrivés au fameux chant Va Pensiero, j’ai immédiatement senti que l’atmosphère devenait tendue dans le public. Il y a des choses que vous ne pouvez pas décrire, mais que vous sentez. Auparavant, c’est le silence du public qui régnait. Mais au moment où les gens ont réalisé que le Va Pensiero allait démarrer, le silence s’est rempli d’une véritable ferveur. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à la lamentation des esclaves qui chantent : « Oh ma patrie, si belle et perdue ! ».
Alors que le Chœur arrivait à sa fin, dans le public certains s’écriaient déjà : « Bis ! » Le public commençait à crier « Vive l’Italie ! » et « Vive Verdi ! » Des gens du poulailler (places tout en haut de l’opéra) commencèrent à jeter des papiers remplis de messages patriotiques – certains demandant « Muti, sénateur à vie ».
Bien qu’il l’eut déjà fait une seule fois à La Scala de Milan en 1986, Muti hésita à accorder le « bis » pour le Va pensiero.
Pour lui, un opéra doit aller du début à la fin. « Je ne voulais pas faire simplement jouer un bis. Il fallait qu’il y ait une intention particulière. », raconte-t-il.
Mais le public avait déjà réveillé son sentiment patriotique. Dans un geste théâtral, le chef d’orchestre s’est alors retourné sur son podium, faisant face à la fois au public et à M. Berlusconi, et voilà ce qui s'est produit :
[Après que les appels pour un "bis" du "Va Pensiero" se soient tus, on entend dans le public : "Longue vie à l'Italie !"]
Le chef d'orchestre Riccardo Muti : Oui, je suis d'accord avec ça, "Longue vie à l'Italie" mais...
[applaudissements]
Muti : Je n'ai plus 30 ans et j'ai vécu ma vie, mais en tant qu'Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j'ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc j'acquiesce à votre demande de bis pour le "Va Pensiero" à nouveau. Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui chantait "O mon pays, beau et perdu", j'ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l'histoire de l'Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment "belle et perdue".
[Applaudissements à tout rompre, y compris des artistes sur scène]
Muti : Depuis que règne par ici un "climat italien", moi, Muti, je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant... nous devrions donner du sens à ce chant ; comme nous sommes dans notre Maison, le théatre de la capitale, et avec un Choeur qui a chanté magnifiquement, et qui est accompagné magnifiquement, si vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter tous ensemble.
C’est alors qu’il invita le public à chanter avec le Chœur des esclaves. « J’ai vu des groupes de gens se lever. Tout l’opéra de Rome s’est levé. Et le Chœur s’est lui aussi levé. Ce fut un moment magique dans l’opéra. »
« Ce soir-là fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention des politiciens. »
http://www.youtube.com/embed/G_gmtO6JnRs
dernier petit détail: Muto (pluriel Muti) veut dire muet ou sourd-muet en Italien !
merci pour cette longue explication !
oui nous trouvons tous cela très fort
ceci dit ça n'a rien changé.. et dans la salle je doute que beaucoup aient désiré une révolution plus musclée et risquée pour notre confort bourgeois que cela
Bien Bien tout ça ...
merci Brigetoun quant aux photos et vidéo Une merveille de la nature mécaniquement hivernale
Verdi mérite bien un nez rougi..... par le froid
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