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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, février 15, 2012

Si pouvais


La vieille ? Elle n'est pas là, elle a à faire, du moins c'est ce qu'elle a dit. Alors moi je suis là. J'occupe. J'attends un peu en gardant la place. J'aime bien.
J'attends que mes cheveux repoussent. Maman m'a regardé et a dit qu'elle s'était trompée, qu'il fallait pas les couper. Elle veut que je sois jolie. Moi, j'aime bien : elle n'a plus à s'occuper de mes tresses (ça, ça me plaisait bien, on parlait ou on pouvait si on avait quelque chose à dire... mais j'étais coincée, c'était long, aussi, et puis elle tirait toujours des petits cheveux sans le vouloir) mais quand je me bats, les garçons n'ont plus mes nattes pour m'immobiliser, plus de prise, on est même.
J'attends que ma petite soeur comprenne que c'est agréable le sable, pas sale, c'est doux, pas si étrange.. elle pourrait se lever et me rendre mon seau.
J'attends que la mer vienne. Papa prétend qu'il y a des mers qui font ça. Je regarde mes pieds et je me raconte que l'eau lèche le sable et monte, lentement trempe le blanc et les petits bois, arrive doucement, chatouille mes talons.
Mais comme l'eau ne vient pas, comme A chougne quand je veux prendre le seau, (et elle griffe le sable pour me l'envoyer dans les yeux, j'ai envie de.. , tant pis, suis raisonnable, moi), je vais m'asseoir au bord, là où l'eau fait un petit va et vient, je creuse un grand trou dans le sable gris d'eau, je le fais couler, je construit un mur grumeleux de petites gouttes séchées autour du trou, il monte le mur, je dis c'est un château, je suis dans chaque goutte, le temps passe, je me demande combien de temps avant les nattes.
À partir, j'espère qu'elle me le pardonnera, d'une des belles statuettes de Pascale Roux http://www.pascaleroux.odexpo.com , capturée, une fois encore, à travers une vitrine de la Galerie Ducastel http://www.galerieducastel.com/page5.html

11 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Les grandes et petites misères d'une fillette que la vie ne semble pas gâter... si elle pouvait prendre la mer et s'évader de cette vie parfois terne...

Dominique Hasselmann a dit…

Poupée de sable, poupée de son...

JEA a dit…

je dis c'est un château... en Avignon

NB : le contrôle avec des chiffres puis des lettres est une rien tordu

Brigetoun a dit…

pauvre pitchoune, continue à jouer, tranquillo, toute seule comme une grande

Michel Benoit a dit…

Ça me donne des envies de mer...

jeandler a dit…

Etre seul, ce n'est pas la mer à boire.
On peut se raconter des histoires et voyager, loin, très loin, et revenir aussi sec.

Fardoise a dit…

Aime bien ce petit ectoplasme capté à travers une vitre.

arlette a dit…

Pour échapper au quotidien les enfants s'inventent de fabuleuses histoires avec tant de poésie
cette sculpture est touchante gravement abandonnée

Staive a dit…

La vérité sur le carreau...

Gérard Méry a dit…

Seule et le monde autour çà doit être effrayant

Nathalie a dit…

Je reviens en arrière sur ce billet et suis époustouflée par l'accord texte-photo.

L'image est extraordinaire avec ce corps d'enfant qui semble un ectoplasme, petit fantôme qui s'éveille quand sollicité par les souvenirs. Absolument magique.