La
vieille ? Elle n'est pas là, elle a à faire, du moins c'est ce
qu'elle a dit. Alors moi je suis là. J'occupe. J'attends un peu en
gardant la place. J'aime bien.
J'attends
que mes cheveux repoussent. Maman m'a regardé et a dit qu'elle
s'était trompée, qu'il fallait pas les couper. Elle veut que je
sois jolie. Moi, j'aime bien : elle n'a plus à s'occuper de mes
tresses (ça, ça me plaisait bien, on parlait ou on pouvait si on
avait quelque chose à dire... mais j'étais coincée, c'était long,
aussi, et puis elle tirait toujours des petits cheveux sans le
vouloir) mais quand je me bats, les garçons n'ont plus mes nattes
pour m'immobiliser, plus de prise, on est même.
J'attends
que ma petite soeur comprenne que c'est agréable le sable, pas sale,
c'est doux, pas si étrange.. elle pourrait se lever et me
rendre mon seau.
J'attends
que la mer vienne. Papa prétend qu'il y a des mers qui font ça. Je
regarde mes pieds et je me raconte que l'eau lèche le sable et
monte, lentement trempe le blanc et les petits bois, arrive
doucement, chatouille mes talons.
Mais
comme l'eau ne vient pas, comme A chougne quand je veux prendre le
seau, (et elle griffe le sable pour me l'envoyer dans les yeux, j'ai
envie de.. , tant pis, suis raisonnable, moi), je vais m'asseoir au
bord, là où l'eau fait un petit va et vient, je creuse un grand
trou dans le sable gris d'eau, je le fais couler, je construit un mur
grumeleux de petites gouttes séchées autour du trou, il monte le
mur, je dis c'est un château, je suis dans chaque goutte, le temps
passe, je me demande combien de temps avant les nattes.
À
partir, j'espère qu'elle me le pardonnera, d'une des belles
statuettes de Pascale Roux http://www.pascaleroux.odexpo.com
, capturée, une fois encore, à travers une vitrine de la Galerie
Ducastel http://www.galerieducastel.com/page5.html
11 commentaires:
Les grandes et petites misères d'une fillette que la vie ne semble pas gâter... si elle pouvait prendre la mer et s'évader de cette vie parfois terne...
Poupée de sable, poupée de son...
je dis c'est un château... en Avignon
NB : le contrôle avec des chiffres puis des lettres est une rien tordu
pauvre pitchoune, continue à jouer, tranquillo, toute seule comme une grande
Ça me donne des envies de mer...
Etre seul, ce n'est pas la mer à boire.
On peut se raconter des histoires et voyager, loin, très loin, et revenir aussi sec.
Aime bien ce petit ectoplasme capté à travers une vitre.
Pour échapper au quotidien les enfants s'inventent de fabuleuses histoires avec tant de poésie
cette sculpture est touchante gravement abandonnée
La vérité sur le carreau...
Seule et le monde autour çà doit être effrayant
Je reviens en arrière sur ce billet et suis époustouflée par l'accord texte-photo.
L'image est extraordinaire avec ce corps d'enfant qui semble un ectoplasme, petit fantôme qui s'éveille quand sollicité par les souvenirs. Absolument magique.
Enregistrer un commentaire