Mercredi matin, pluie
intermittente sur Avignon, Brigetoun carcasse toujours gonflée, et
en rage grandissante à l'écoute des radios, devant la disproportion
hurlante de la compassion des journalistes, entre d'une part
l'attendrissement naturel mais intrusif et trop, trop, trop à chaque
étape du deuil pour les enfants et leur père, et d'autre part le
silence assourdissant quand il s'agit de la mort de ces trois jeunes hommes,
Abel Chennouf, Imad Ibn Ziaten et Mohamed Legouad, la douleur de
leurs familles, de leurs camarades.
Alors juste ici, dérisoire
et invisible, ces noms pour un petit partage avec eux tous, nos
compatriotes « de confession musulmane » (qui en fait ne
le sont peut-être pas, en plus) que ce silence pouvait sembler
ancrer dans cette identité - (ceci a été écrit mercredi matin, si
mes craintes sont sans objet, si un petit re-équilibrage a eu lieu
et si aucun dérapage dans la campagne ne se produit, disons que j'en
suis enchantée – et il y a eu déjà la présence de Sarkozy aux
obsèques)
Et comme cela a coloré ma
journée, reprise, ma sauvegarde pour changer de sujet, de deux
paragraphes de « Jean a dit » issus de convois des
glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.fr/
Jean a dit «il y a la
confiture de rhubarbe, il y a la mer calme au crépuscule, il y a les
sourires, il y a les toits sous le soleil », il y a les lauzes,
le calcaire, les schistes, il y les toits-citernes, il y a le zinc
mais il y a les ardoises d'Angers, il y a le chaume, le roseau ou la
paille, et il y a les tuiles de terre cuite, les tuiles à
emboîtement, les tuiles Arboise rectangulaires, les tuiles à
relief, les tuiles pannes et les tuiles plates, les petites tuiles
écailles émaillées, les tuiles plates longues, les tuiles petit
moule et il y a les tuiles canal, posées au mortier ou avec une
chanlate bois, les tuiles imbrices rose très pâle, verdies, ou
beiges, il y a les tuiles canal préfabriquées qui n'en sont pas,
comme le canada-dry qui n'est pas je ne sais quoi, il y a les tuiles
de bois et les tuiles de marbre et maintenant il y a les tuiles
solaires.
Jean a dit «il y a l'air,
le feu, la cendre et l'eau», j'ai pensé que le savon était plus
pratique et empoigné un nouveau cube de Marseille, si dense qu'il
froissait ma paume.
6 commentaires:
Oui tous ces cubes nous les savons de Marseille
"Le feu, la cendre et l'eau", disiez-vous avec lucidité.
"Le feu, la cendre et l'eau"
et aucun savon fut-il de Marseille, n'y pourra rien. La vie salie encore une fois.
toute ma reconnaissance à vous trois...
À chaque jour suffit sa peine.
Je le trouve plus émouvant et élégant en anglais : Sufficient unto the day is the evil thereof.
Il y a ainsi des jours qui nous atteignent plus que d'autres parce que les circonstances y contribuent à nous les rendre exceptionnels, parfois dans une certaine allégresse, d'autres fois, dans une profonde affliction et tristesse. Il est des jours qui bousculent nos heures et nos pensées. Il y a l'actualité... il y a la maladie impromptue et indésirable.
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