L'arbre que j'aime,
feuilles sombres au verso d'argent ou de poussière pour jouer dans le vent – lisse tronc
gris vert que les ans torturent – les superbes troncs
tumultueux à la peau de vieux pachydermes des oliviers plusieurs
fois centenaires.
Ai rencontré dimanche, en
descendant du jardin, un jeune adulte chargé de fruits, lui ai
affirmé, avec un peu d'exagération, que ceux de mon fou étaient
plus gros
Ai salué, lundi matin,
sous le ciel jaspé, dans la lumière faible, dans le frais qui nous
vient, les fruits inutiles de son frère, au coin de l'opéra, au
dessus des gars à chaînes et à chiens
Ai renoncé à faire honte
à mon tout jeune, tout petit, tout fou, pour ses branches rares qui
se prennent pour des lianes, pour sa retenue extrême à faire des
feuilles, et suis venue, une fois, encore le louanger pour ces fruits
qu'il me donne pour la première fois – goûter le plaisir de leur
poids dans ma main, m'amuser des siamois, lui demander
- comment saurais-je,
sotte suis, quand elles seront mûres, les olives
- quelle importance ? tu
ne les aime pas, et malgré tous mes efforts je ne saurais t'en
donner assez pour faire deux gouttes d'huile
- oui mais une ou deux
toutes petites cuillères de tapenade, peut-être - quand ?
- ce n'est pas mon affaire
7 commentaires:
Deux gouttes seulement... mais de sa rareté naîtra une huile davantage précieuse qu'on ne distribuera qu'avec parcimonie.
Le mien boude sur mon balcon... Ces olives se tiennent droites.
Belle ode à l'olivier
Sais -tu qu'il est pratiquement difficile et impossible de traduire en peinture ce miroitement argenté des feuillages , pourtant bien des peintres ont essayé sans en capter l'âme
Pudique et secret ton ami l'olivier
De l'huile d'olive, un grain de sel, un petit morceau de pain, pour l'amitié en partage.
J'ai parfois entendu le cri ovale des olives dans la Tramontane. Mais je ne savais pas que l'arbre en son entier prenait la parole. Alors je me pose cette question: a-t-il l'accent du sud?
Merci pour ce texte.
Julien Boutonnier
La minute de la ringardise, Bécaud :
- "Mais en septembre
Quand je reviens où je suis né
Et que ma plage me reconnaît
Ouvre des bras de fiancée
C'est en septembre
Que je me fais la bonne année
C'est en septembre
Que je m'endors sous l'olivier..."
Pour moi c'est l'arbre par excellence, aussi élégant que rustique, solide et frémissant au gré du mistral.
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