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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, mars 23, 2013

Groupes et lectures rencontrés


Pas de rapport évident entre eux, mais sont là, ces groupes, cueillis sur mon chemin jeudi, petites rencontres, mais sont là ces lectures à travers lesquelles ai cheminé ces jours ci, entre intérêt passionné et fuite fatiguée dans le néant, ainsi illuminé – alors on dirait que leur cite un passage, une phrase à chacun, et que je déplore avec dépit leur manque d'attention, leur incompréhension, me consolant en pensant que mon choix était audacieusement inadapté à leurs goûts, leur nature, que la faute était mienne.
Ce pourrait être, pour les gigolettes, la dame corsetée, les emmener dans un salon, et justement le jour où c'est Monsieur de Charlus qui a lancé les invitations (improbable hautement, je sais) et leur faire écouter la musique de ce passage de la Prisonnière fragment qui fut celui lu en ouverture de la nuit de mercredi (j'avance dans ce qui est un retour, par petits sauts, préludes à d'autres lectures), écouter donc le septuor de Vinteuil dans les mots du narrateur
Corps à corps d'énergies seulement, à vrai dire ; car si ces êtres s'affrontaient, c'était débarrassés de leur corps physique, de leur apparence, de leur nom, et trouvant chez moi un spectateur intérieur – insoucieux lui aussi des noms et du particulier – pour s'intéresser à leur combat immatériel et dynamique et en suivre avec passion les péripéties sonores. Enfin le motif joyeux resta triomphant, ce n'était plus un appel presque inquiet lancé derrière un ciel vide, c'était une joie ineffable qui semblait venir du Paradis ; une joie aussi différente de celle de la sonate que, d'un ange doux et grave de Bellini, jouant du théorbe, pourrait être, vêtu d'une robe d'écarlate, quelque archange de Mantegna sonnant dans un buccin...

et aux trois nains, symboles de la médiocrité que l'on impose aux enfants, mais pas la pire, bonhomme, ici ennoblie par l'uniformité de leur teint, son invraisemblance et l'harmonie de leur gamme, comme un contre-poison, ce fragment de la toute belle croisée des marelles, née de la collaboration entre Louise Imagine (pour les belles photos) et Isabelle Pariente-Buttelin (pour les textes) http://www.publie.net/fr/ebook/9782814507098/la-croisee-des-marelles que je me distille entre plaisir de les retrouver et rage contre moi qui ai choisi instruments qui rendent un peu inconfortable la lecture de l'eBook
Hauteur d’enfant. Le monde à hauteur d’enfant. Impressions. Palpitations. La vie en ouverture sur le monde. Comme les vagues… Le regard en étonnement. Un auteur d’enfant. Le monde à hauteur d’enfant. Impressions. Palpitations. La vie en ouverture sur le monde. Comme les vagues… Le regard en étonnement.....

pour la petite famille, sage et malicieuse, l'intéresser, caresser son goût de l'intelligence des phrases précises et documentées comme d'un journaliste, d'un sociologue, sensibles, pleines du cheminement de la pensée et du malaise du corps qui avance dans un nulle part, une utopie dévoyée et ruinée, la chaleur, la curiosité hostile des rares habitants, projet el Pocero – dans une ville fantôme de la crise espagnole d'Anthony Poiraudeau (chez Inculte) que j'ai presque fini dans la nuit de jeudi à vendredi, revenant régulièrement aux photos qui le terminent, vérifiant chaque fois la parfaite adéquation entre l'impression qu'elles donnent et l'écriture.
Ainsi, l'une des premières images qui m'est apparue en découvrant El Quiñon depuis l'autoroute, celle d'une colonie terrestre implantée sur une planète à l'environnement hostile, est souvent ravivée dans mon esprit par l'inhospitalité de l'espace extérieur de la vill. J'y déambule en plein vent et sous le poids du soleil, auquel les nuages ont fini par dégager la voie. Elle est aussi ranimée par la réticence des bâtiments à ouvrir leur opacité au dehors. Et le farouche mutisme qu'opposent le plus souvent à mon salut un peu distant les rares personnes que je croise dans les rues ne dissipe pas ma vague sensation d'être une espèce d'alien égaré jusque dans ces parages....
Je renonce à recenser les beaux billets de lecteurs, vous invite à regarder la présentation de ce livre par l'éditeur http://www.inculte.fr/Projet-El-Pocero-Dans-une-ville

Quant à eux, ceux qui restent, avec leur déglingage soigné, leur tendresse pensive, le léger désarroi de l'un, la dignité malgré tout de l'autre, leur manque de façade qui ne dit rien de leur intelligence, peut-être pourront-ils être sensibles à la beauté du chapitre VI danse perdue de l'Origine de la danse de Pascal Quignard (Galilée) ce livre qui à propos de sa Medea, de la rencontre avec Carlotta Ikeda, du buto, creuse, diverge, dit tout cela et plus – comme toujours avec Quignard, sauf pour les romans, et encore il m'arrive d'interrompre le flux de la lecture pour remonter un peu le cours, comme la plupart du temps donc je le lis avec une attention heureuse et admirative si tendue que j'en reste à un chapitre, un passage par jour, et puis je laisse le sens faire son travail – j'avoue que, parfois (j'ai l'outrecuidance de penser que ce parfois pourrait être dit plutôt rarement), et j'en suis navrée, il me reste étranger – et là, en outre, il y a ma fascination pour le buto depuis que l'ai rencontré, longues années il y a, à la Maison du Japon.

chapitre VI : la première danse, l'expulsion de l'enfant hors du liquide maternel, l'irruption de l'air dans les poumons, le cri, la chute – bon vais pas essayer de dire ces treize pages, simplement vais changer le passage qu'avais choisi parce que je viens de voir que c'est la quatrième page de couverture... alors plutôt celui-ci qui en est proche
Cette intrusion violente, faite par surprise, déclenche la respiration pulmonaire dans le corps jusque-là contenu. Cette intrusion est déclenchante et atterrante : elle ouvre ses poumons à l'air qui les envahit et projette le petit corps sur le sol. Le viol, dû à cette Altérité absolue qui force le passage, est en même temps terre, terreur, atterissage, atterrement. À la suite de ce tsunami originaire où c'est l'air qui chasse l'eau, le corps qui tombe sur la terre neuve perd étrangement toute la motricité qu'il avait commencé de déployer et qu'il était parvenu à coordonner dans l'univers liquide du premier monde.
Le corps natal ne sombre pas au fond de la mer (comme Jonas englouti dans le flot jusqu'au fond du ventre de la baleine), c'est du fond de la mer que le corps s'élève comme une vague avant de s'effondrer sur la terre tout à coup.
PS il faudrait qu'avec l'âge j'apprenne la mesure, entre le rien et le trop.

5 commentaires:

joye a dit…

T'es allé voir le père qui fêtait le printemps des pères ?

;o)

http://www.liberation.fr/societe/2013/03/22/avignon-le-pere-retranche-sur-un-toit-avec-une-banderole-habemus-papas-est-descendu_890617

Brigetoun a dit…

je l'ignorais, je me demande bien pourquoi serai allée le voir (désolée)

arlette a dit…

Bonne lecture du matin et la vivacité des "percutages" (j'adore)
Bravo
quant à Quignard et la danse il est là en attente ...

Dominique Hasselmann a dit…

Beaux "Mélanges" comme on disait de poésies...

Pierre R Chantelois a dit…

Peut-on passer à côté d'un grand cru Quignard? J'aime cette idée de rester presque paralysé par un mot, une phrase, de l'auteur et cela, pour quelques heures ou pour un jour ou deux... Une idée, un mot, un concept quasi viral qui nous trotte dans la tête.