et, comme la semaine
dernière, les dalles de la cour étaient d'un rose soutenu maculé
de vert, couleurs rafraîchies, les têtes roses de l'arbuste se
penchaient alourdies par leur maturité extrême et l'humidité,
déploraient leur fin prochaine.
J'ai déplié l'avant
programme du festival, pour voir ce que cachait l'image de Kiripi
Katembo Siku (Kinshasa)... et que j'avais déjà parcouru rapidement sur
le site.
J'ai rêvé que force,
fric, temps aurai... j'ai rêvé que je me risquerai hors des
remparts, parce que la chartreuse, parce que Dieudonné Niangouna (si
heureuse que lui et Stanislas Nordey soient les artistes invités) à
Boulbon, parce que le Faust à la Fabrika...
Et puis, comme le festival
finit le 26 juillet, j'ai rêvé que serai en pleine forme, grâce à
la SNCF et trois trains, le 27 pour profiter du bonheur de ma
nièce-fausse-petite-fille, ne pas faire tache
et donc m'oublier lors de ce mariage près de Sancerre... et jouir de
la région, des amis etc... (c'est faisable en partant tôt le matin)
La pluie était douce,
Brigetoun est paresseuse, a farfouillé dans des papiers en écoutant
France Musique, et, pour nourrir Paumée, a pris dans la pile en
attente les lettres de Robert Walser, et vu qu'il écrivait, le 21
mars 1918, ce qui laisse le temps à cette missive d'arriver,
d'autant qu'elle était destinée à Frieda Mermet
Me voici revenu ici à
la Croix-Bleue, dans ma chambre d'autrefois, où j'ai tout réinstallé
en sorte qu'elle ait l'air d'être bien en ordre. Le lard et
toutes les autres délices ont été dévorés pendant le service,
gloutonnement et avec l'appétit de rigueur. Le service, comme
j'étais si bien approvisionné, s'est bien passé, dans la sérénité.
J'ai encore mangé un peu de beurre à Berne avec Fanny dans son
nouvel appartement, qui est très confortable. Ces jours-ci, je
mangerai un reste de lard ici à Bienne. Il est tout aussi bon qu'à
Delémont. On ne peut qu'en faire l'éloge, car il est de bonne
qualité et qu'il a une odeur exquise et une saveur parfaitement
délicate. Vous me permettrez de vous demander poliment, chère
Madame Mermet, si je pourrais recevoir mon costume gris-vert tout
prêt. Il n'y a bien sûr aucune urgence. Mais cela me fera plaisir
de le porter, car je me figure qu'il a été brillamment restauré,
repassé, amélioré, embelli et ennobli grâce à vos mains
diligentes et habiles.
Et
buvant son thé Brigetoun a pensé qu'elle aime ses contes, ses
écrits, qu'elle aime le personnage et pense que c'était un cher
homme, mais qu'elle ne partage vraiment pas ses goûts..
7 commentaires:
L'art de la correspondance me surprend toujours...en ces temps là (preuve à l'appui avec mes Grands -Parents ,"érudits" s'il en faut!! , modestement ) on parle avec délectation de nourritures de petits faits vestimentaires ,ou autres
Un délice comme tu le fais si bellement dans tes billets
Merci Amie
C'est vrai, le festival déplie déjà son ombre...
merci
Ton programme pour fin juillet me paraît chargé, il va falloir ménager tes forces lors du festival...
à Sancerre je te conseille de gouter au crottin de Chavignolles
à Sancerre je ne serai pas maîtresse des menus, mais j'ai déjà goûté au crottin (aime bien, mais d'autres aussi)
C'est signe que le bonheur risque de s'installer lorsque nous planifions déjà les programmes de l'été. Un jour de pluie, risquons-nous, une saison de soleil. Jolie lettre de 1918 sur la quotidienneté des choses et des événements.
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