Puisque n'ai pu écouter
la lecture par une grosse dizaine, je crois, de participants (y
compris non-participants à ce dernier opus) des vases communicants,
mis en ligne pour ce vendredi 3 mai ou publiés antérieurement,
jeudi soir, presque dans mon ancien chez moi, à la médiathèque
Faidherbe – ce qui m'a évité d'ailleurs d'avoir à lire,
trébucher de la voix et du corps, bafouiller.. et me trouver mal de
saisissement – par décision de m'en tenir au rite en bonne
provinciale un peu lente que suis maintenant, et surtout parce que ça
m'arrangeait, n'ai pas tenté de voir si, comme suggéré, des textes
avaient été publiés dès jeudi à 19 heures, et j'ai attendu
minuit pour en découvrir quelques uns, dormi, repris lecture le
lendemain. (euh, à vrai dire, ça c'était les résolutions, mais
j'ai abandonné deux fois Jane Austen et découvert cinq billets
épars, avant de revenir à Jane parce que temps était de dîner et
de dormir)
Evité de lire sur twitter
les réactions, découvert, piano piano, les échanges entre :
Eve de Laudec
http://www.xn--chatperch-p1a2i.net/spip.article
519/
avec l'appui de tableaux
de Zdzislaw Beksinski et Guy Garnier, de photos et montage de Michel
Bonnargent
, un texte poétique et onirique –
internement, se faire oiseau, heurter l'incertitude du soleil.... une
messe sabbatique et les sentinelles esclaves gardiennes d'une
histoire
Sur le sable, devant
elles, gisent leur ombre.
Leur main aérienne
trie un à un les grains du désert, et remplit les failles d'une
cellule camisolée.
et
Michel Brosseau
http://www.evedelaudec.fr/cooperations/mai-2013/index.php
All along the
watchtower
un court et dense
paragraphe, qui, je reprends les mots d'Eve dans sa présentation, «se
joue des sentinelles en les détachant de son fil de mots»
Sentinelle, tension de
l’attente, on dit les sens en éveil, regard plongé dans la nuit
ou l’immense, oreille aux aguets, c’est veille immobile, très
peu pour moi, et garder qui, se protéger de quoi, plutôt longer les
miradors, on finit toujours par trouver le moyen de s’en éloigner,
du moins tenter le croire
quartiers
Angèle Casanova http://liminaire.fr/vases-communicants/article/des-nouilles-a-l-abreuvoir-de
Angèle Casanova http://liminaire.fr/vases-communicants/article/des-nouilles-a-l-abreuvoir-de
des nouilles à
l'abreuvoir
le
quartier de l'abreuvoir qui n'a pas changé sous son maquillage –
le quartier de l'abreuvoir là où est la bibliothèque, et dans la
bibliothèque un je qui est sans doute Poivert et un usager pas tout
à fait comme les autres – Voilà, le décor est planté, suivez
Poivert
Le jeune impoli
revient. Presque tous les jours. Il ne dit rien. Persiste. Mais il
emprunte des livres à chaque fois. Quelque chose m’intrigue.
Retient mon attention. Quoi. Je n’arrive pas à cerner ce qui ne va
pas. Il vient. Raide. Lèvres pincées. Il sort de son sac les livres
empruntés la veille. Il tourne les talons. A chaque fois. Mais
quelque chose. Là. Sous mes yeux
et
découvrez avec eux les deux Bobigny (et Emile Aillaud bien sûr)
et
Pierre Ménard
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/2013/05/pierre-menard-liminaire-invite-de.html
Dead end
New
York, Brooklyn, le Queens et les quartiers « ethniques »
Litte
Poland – suivre la visite intelligente, sensible, de Pierre Ménard
En commençant notre
périple dans ce quartier, je ne peux m'empêcher de penser aux
safaris photos qu'organise David Michaud à Tokyo au Japon. C'est la
première fois que j'ai entendu parler de ce concept. Marcher dans la
ville, en marquant quelques pauses au fil du parcours, dans des
endroits privilégiés. La ville s’offre à nous comme une jungle
dans laquelle partir à l'aventure de clichés à attraper, d'animaux
à chasser : photographies aux cadres sélectionnés, méticuleusement
choisis, pour donner une image de la ville au plus près de ce que
nous imaginons.
et
point ne le regretterez, lisez et regardez puisque l'image
a toujours le dernier mot
publiés en fait en
avance... m'étais juré de jouer le jeu mais suis passée jeudi au
crépuscule – un échange rituel chaque fois entre eux (descendre
le long des précédents pour trouver ceux du mois) :
Corinne Le Lepvrier
http://friches-et-appentis.blogspot.fr/p/xxx.html
quand on...
souvenirs vrais ou inventés, petits riens qui sont dans nos passés
quand on confondait les
pins les parasols et les chapeaux chinois ; les bulots les bigorneaux
et les mots ; le sable et le sel en nos bouches dans l'air
malicieux....
et
un beau poème
… tes pâles
paupières nous entrouvrent
-crois-moi-
et notre allant encore
à
partir des photos de Zander Olsen
Anne-Charlotte Chéron
http://www.tumblr.com/dashboard
récit – un matin à
Vassivière, un paysage qui rappelle un peu le Québec, en chemin
vers le Centre d'art (et c'est lire ce chemin qu'il faut), comme il
est fermé, marcher
Le centre d’art est
tout à la fois fermé et en cours de montage. Il faut donc emprunter
un chemin parmi les 70 hectares jonchés de sculptures, espace à
ciel ouvert, entièrement offert aux intempéries et autres
épouvantes climatiques. Me voilà sacrifice humain légué au Dieux
du Land Art.
commence la visite-marche,
détaillée, les sensations du corps, la dérive... une librairie..
où l'on n'a pas le droit de rester puisqu'on ne cherche rien
Ici, dans l’isolement
le plus total, il faut donner un sens à l’errance, faire de
l’accidentel une trajectoire. On pourrait mentir et travestir
l’égarement grâce à quelques civilités trompeuses.
et
Amélie Charcosset
http://accheron-enmarges.blogspot.fr/2013/05/texte-damelie-charcosset-jaurais.html
j'aurais cueilli des
arbres
un poème, une chanson de
femme,.. que j'aime
On pourrait mourir de
se – taire – que personne n’en saurait rien
Mais on découvrirait
un beau jour ou un petit matin
A côté des cœurs nus
Un bouquet d’arbres
fanés....
textes sur photos que ne
peux capturer, allez les voir
Danielle Masson
http://wanagramme.blog.lemonde.fr/2013/05/03/vases-communicants-mai-2013/#xtor=RSS-32280322
500 gammes
un
poème, en pensant à Christophe Tarkos (avec une mise en page que va
refuser blogger)
Au fin fond d'un
placard qui n'a pas été ouvert depuis bien longtemps
500 grammes
500 grammes et 10%
gratuits
Nous
nous frottons
Nous nous collons
Nous nous
blottissons
Les unes contre
les autres...
et
Syrie avril 2013
sur une photo d'un errant
dans la ville de Deir ez-Zor, réduite en ruines par les
bombardements
Tu ne reconnais plus
rien, pas vrai ? Oui, c'est ça, pas vrai... tu te demande même si
c'est bien là que tu as perdu quelque chose, hein ? Peut-être un
peu plus loin, tu vas trouver non ? Quoi...? C'est pareil un peu plus
loin ?
Eric Dubois
http://www.ebookbychrisimon.com/apps/blog/show/26065551-vase-communicant-avec-eric-dubois
un poème et un tableau
Les mots
sont de l'argile
le temps
repose sur un socle
Le langage
essaie de consolider
quand la
voix appelle...
et
Chris Simon
http://www.ericdubois.net/article-texte-de-chris-simon-les-vases-communicants-de-mai-2013-117317558.html
les petits chiens
qui
portent les coussins, les pieds des gisants de Saint-Denis (ou autres
lieux) et les petits chiens des gueux sur les grands boulevards, un
joli texte
Leurs petits chiens
dorment en boule dans les chiffons sales et malodorants. Parfois l'un
d'eux ouvre un oeil, tout de bonté, et tente d'attendrir le passant
affairé. Ainsi, avec leurs airs innocents et fidèles, les petits
chiens nous rendent les morts et les moribonds plus acceptables
(euh ?
moribonds l'image est dure)
souvenir des anciens
Gabriel Viteaux
(pépère.. pour autant qu'il m'en souvienne..)
souvenirs
dans le désordre, à lui adressés, souvenirs égrenés... et on
l'aime bien lui, on croit avoir connu presque même... et cette envie
de connaître qui est de nous tous aussi, même si les expériences
n'étaient pas toit à fait semblables
enfance tenue dans le
creux de nos têtes. enfance sans pluie. été à manger des
grenouilles que tu allais chercher à l’étang. pâques et sa
chasse aux œufs dans le jardin. les écossages de petits pois, les
haricots du jardin en contrebas de l’église, non loin de l’écluse
avec ma néné. la boucherie du village qui hébergea un temps notre
chat qui n’avait pas voulu rentrer dans le jura.
et
Franck Queyraud
http://www.babelibellus.fr/chezjeanne/vasescommunicants/2013/05/03/pourquoi-est-ce-que-je-ne-reste-pas-en-moi/
pourquoi est ce que je
ne reste pas en moi ? (phrase de
Kafka dans la traduction de Laurent Margantin)
Billet
de philosophie familière (rendue familière) comme toujours
l'ennui
de l'enfance, les cauchemars de chute, fuir l'ennui... les souvenirs
qui remontent, le grand-père paternel jamais connu, la grand-mère,
les récits du père...
Je ne ferai pas de
commentaires. Ou plutôt, celui-ci : il faudrait se demander pourquoi
l’espèce humaine est toujours intéressée par la part d’ombre
des êtres plutôt que par leur part de lumière. De quelle morale
morbide nous vient cette manière de vivre le monde ? Une
révolution est encore à faire. Et, nous d’écrire pour tenter de
lutter avec nos faibles moyens sur ces manières de penser.
Et
puis le grand père maternel... vous laisse lire sa vie, son
cheminement, ce qu'il pensait, ce qu'il disait.
écrire sur photos
envoyées par l'autre – sous le signe de l'inattendu
Dominique Hasselmann
http://irregulier.blogspot.fr/2013/05/linattendu-22-rainbow-accueil-de.html
Rainbow
un
texte qui s'amuse d'allusions (ou ne s'en amuse pas, elles ne le
permettent pas, mais rappelle notre monde)... enfin un texte que ne
saurais rendre – un homme dans un sous-sol, qui peint son cadre, le
sous-sol mais aussi un jardin, une cabane, un lieu d'indépendance...
j'arrête – juste : cet homme avait eu une histoire, une histoire
connue
Plus besoin d’aller
patienter dans la file d’attente, place du Colonel-Fabien, pour
obtenir un bol de soupe (populaire) et un morceau de pain. Ici, en
entrée : radis rouges et blancs comme un drapeau, bien
croquants sous la dent, ensuite des pommes de terre rondes et fermes
et
François Bonneau
http://doha75.wordpress.com/2013/05/03/linattendu-12-formulite/
Formulite
une
belle idée au réveil, une belle idée qui s'est évanouie, une
formule – c'était le lendemain une nouvelle formule, aussi belle
et cela recommence et recommence – les formules forment un magma...
Mon front se gonflait
sûrement de toutes ces idées incomprises, arrivées là par hasard.
Oui, j’étais certainement gonflé, boursouflé, hideux. Je ne
voulais plus me voir dans la glace. Peut-être les formules
cherchaient-elles à sortir, à regagner leur mathématicien, celui
que je n’étais pas.
à
suivre dans le texte pour constater les bienfaits de la médecine.
Féministes - textes de
l'une assorties d'images de l'autre, image de l'un provoquant texte
de l'autre – et les images sont chez elle, les textes chez lui
(toujours sans que l'on puisse copier/coller)
quand la proposition vient
d'elle
Quand j'eus mon fils
grand bien lui fisse
si usés mes orifices
devenus des édifices
tout neufs et lisses...
et
Visant-dessinateur
http://artobazz.eklablog.com/visant-dessinateur-peut-contenir-des-traces-de-piquant-vc0513-a83927436
quand la proposition vient
de lui
La manif finit. Ici rit
Lilas , là assis, Dali lit. Là bas ! dit l'amie Mimi qui pâlit !
Cris ! Zahi ira ? Zahi n'ira pas ? Zahi y va....
chuchotements
(silence)
voix,
chuchotée, silence, tu attends immobile, au milieu des cris
texte
délicat et fort.. et le silence vibrant
Fibres sensitives
réceptives. Corps tendu suspendu délicieux équilibre.
Tu attends, immobile,
corps centré sur son axe parfait, à sa place exacte. Sang
bouillonnant d’une extrémité à l’autre, palpitant et confiant.
et
Komm tanz mit mir Al
un texte haletant, un peu
incantatoire, comme elle sait les écrire, souffler, une voix dans la
ville, une langue étrangère, et c'est beau une fois encore
on entend des bruits de
voitures des bruits de moteurs des bruits de pas des bruits de –
tu parles une langue que je ne connais pas – on parle une
langue avec beaucoup de silence – je regarde dans le dictionnaire
bleu – on écoute pendant de longues minutes l’écoulement du
silence de ton pays de mon pays
boutiques
Anne Savelli
http://www.sabinehuynh.com/id59.html
Corps du commerce
texte
construit, parfait,
gros
plans et plans séquences sur vendeurs, passants, acheteurs ou
acheteuses surtout – réflexion en forme de poème paragraphes et
vers,
Le corps du commerce ne
sait pas toute la mort en route, ni qu'elle fascine son monde, rend
fissible le désir dont le noyau est tout près d'exploser, il ignore
le danger, il ne sait pas s'extraire, ne connaît de la fusion que ce
qu'en exposent les volcans, le dimanche, à la télévision, ne
pourrait supposer qu'échapper à la crise ce sera pour jamais
mais
nous savons que non, Et nous luttons
parfois pour trouver autre chose tandis qu'il faut, dit-on, nous
dit-on chaque jour, compter et recompter, s'adapter, se tasser et
rentrer les épaules.
et
Bien présenter
Une
femme entre deux avions, les boutiques trop belles pour y entrer, un
sandwich à manger avec précautions pour éviter de salir la tenue,
choisie pour «bien présenter», qui tranche sur le «chic» sobre
des autres
Ce n'est pas qu'une
question de coloris, évidemment, mais aussi d'allure, et de ce
qu'elle exhude. Ils ont tous l'air professionnel, elle a l'air d'être
tout juste rentrée de la plage. En fait, ils paraissent well-to-do,
comme on dit en anglais, une expression qui combine les gens bien et
les gens qui font le bien, et fait croire qu'une personne “bien
habillée” est une personne bien qui peut faire le bien. Elle sait
qu’elle fait tâche au sien de la foule, alors qu'elle sait aussi
qu'elle est une personne bien, ayant entre autres fait du
bénévolat...
alors
se risquer dans une boutique, se faire chasser sans grâce parce
qu'elle mâche encore... et je pourrais me prendre pour elle (quoique
je n'aime pas les sandwichs, ce serait autre chose) mais cela
continue, il y a souvenir de vols, froid, toujours cette inadéquation
des tenues par rapport au temps, à la majorité, et cette arrogance
de celle ci....
tombes et
cimetières
la ville, les morts, la
mer
là où
la ville finit, là où est la mer sauvage à laquelle elle tourne le
dos, où commencent les routes caravanières et des livres, et les
morts de chaque côté des pas, les mausolées, et les tombes serrées
des temps présents.... stop – c'est un très beau texte, et il
faut suivre son avancée
Nous marchions. Nous
étions devant la mer, et sa houle raide et violente, sur les dais de
basalte, sous le phare, avec dans les anfractuosités les amoureux
qui eux aussi n’étaient que des dos, dos enserrés, dos immobiles,
face à la mer et qui probablement cherchaient plutôt en eux-mêmes
le nouvel horizon.
et
Jean Prod'hom
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3522
Cette route sur la
carte, il n'y avait rien au delà
pour
chaque village du canton de Vaud une zone décidée pour enterrer les
morts – point immuable ancrant les mutations – une longue (pas
tant mais profonde), belle, méditation.
Il ne faut pas se
méprendre, le cimetière n’est pas un amer indiquant un danger. De
danger il n’y a pas, rien dans les fosses ou si peu, personne n’est
dupe. Le cimetière est une bouée à laquelle les vivants
s’amarrent, reliée par un filin à un corps-mort, le chemin du
cimetière est cette amarre. La communauté est attachée au séjour
des morts comme à un corps-mort, empêchant qu’elle s’abandonne
au vent et se perde au large.
et la
parole de la vieille de Pra Massin comme une élégie douce et
tranquille.
broderies (une réussite, je
dis, sentencieusement)
Mathilde Roux
http://carnetdesdeparts.blogspot.fr/2013/05/broderies-vase-de-mai-avec-mathilde-roux.html
sous un collage de
Mathilde Roux, alternance de petits blocs les uns (ne sais comment
dire les premiers : informatifs ? mais poétiques), où quand un
pronom vient c'est tu – avec
ses divisions en faire, et défaire, à défaire, et recommencer,
textes qui sont de Virginie Gautier), les autres pris en
charge par le je qui marche dans la ville qui sont de
Mathilde
Le tout, ferme, beau,
ouvert et structuré – et puis ce goût que je partage pour les
noms de rues, de lieux
C’est une
ville-parcours pour s’y retrouver, un rébus un réseau un tissu
vivant.
Chaque mot pourrait
compter si on savait, si on ne gâchait pas tant. Chaque mot
perce une voie, élève,
raccorde, aligne, recoupe, soutient, enfonce, chaque mot ou son
contraire est embrasure, voûte, balcon, tuyau, segment, tour,
tranchée, palier, passage commun. Avant-corps et arrière-corps du
bâtiment.
En août 40 dans une
ville où je n’ai pas vécu les lourdes pierres de la bâtisse
assourdissaient à peine les battements des cardeuses bourdonnements
du renvideur sons saccadés de la doubleuse des tricoteuses qui
extrayaient étiraient enroulaient et tressaient les fils sous l’œil
attentif de celui qui serait un jour le père de mon père. Je n’ai
jamais entendu sa voix.
J’avance mot à mot
dans la ville à écouter, à inventer, la ville à faire sienne tout
du moins assez pour la partager.
et
Virginie Gautier
http://www.mathilderoux.fr/2013/05/vasesco-vgautier.html
autre dessin, celui ci de Virginie Gautier) et les mêmes textes
tissés ensemble
Voici le revers. La
coulisse où s'échangent les couleurs, où s'enracinent les motifs.
Les subtiles
frondaisons. Vois,
chaque endroit où tu poses tes pas, piqué, surpiqué, rendu
visible.
Chaque arrêt, une
étoile fleurissant sous ton pied.
Chaque demi-tour, une
racine nue, un filament, derrière toi, délacé.
C'est une ville, c'est
une tapisserie.
Une broderie, un écran
de fumée, un rideau à soulever.
deux vases simples et
graves, de deux auteurs qu'apprécie tant
Christophe Grossi
http://www.face-ecran.fr/2013/05/02/les-jours-ou-ca-christophe-grossi
les jours où ça
écouter sa voix dire,
noter comme peux
Les jours où ça se
lève, se soulève, le corps absurde – où ça sent pas si bon
dedans que dehors, ça s'empêtre, et ça se dit déjà que ça, non
ça ne va pas durer longtemps et
puis écouter, seulement, emportée par la voix, la coulée qui
avance avec petits heurts, qui s'écoule, le temps... ça doit
s'écouter
et
Daniel Bourrion
http://www.deboitements.net/spip.php?article367
téléphones
son
écriture pressée, urgente, le monde presque familier et inquiétant
d'après.. et ce qui reste, comme, parfois, les téléphones
Très rarement quand
même on entendait plus ou moins distinctement posés sur la bruine
des sons une chose dont on savait immédiatement, à un froissement
de notre intérieur, que c’était une respiration humaine, la
signature d’un autre. On ne parlait pas, on ne bougeait plus, on
écoutait et on savait qu’à l’autre bout du fil quelqu’un
faisait de même, dont les mains certainement devenaient comme les
nôtres moites et brûlantes de haine.
Génuflexions et héros
des temps modernes
Camille
Philibert-Rossignol
http://christopherselac.com/on-ne-peut-se-relever-sans-poser-un-genou-au-sol-par-camille-philibert-rossignol/
On ne peut se relever
sans poser un genou au sol
et
toutes les raisons en sont rappelées, en car...... égrenés
et
puis l'action, le mouvement d'Iron Man se relevant sont décomposés
en jolies rubriques précises et un peu ironiques, avant
Car, suite à cette
démonstration, mettre genou à terre ne sera jamais plus se mettre à
genou et encore moins être mou du genou. Bien au contraire. Et être
sur une rotule deviendra la promesse d’un rebond détonnant.
Car de surcroit et pour
conclure, on n’en sait pas plus sur le curieux X du pluriel de
genou. Ce qui n’est pas très grave en ce qui concerne cette
position qui n’en n’utilise qu’un seul.
et
L'armure
Ce n'est pas l'armure
qui fait le héros et s'ensuit
une série de réflexions
C'est la force avec
laquelle il croit en lui, la valeur qu'il accorde à ce(ux) qu'il
défend, supérieure au sacrifice ultime, consenti sans hésitation,
celui de sa propre vie. La plupart des héros ordinaires n'ont pas
d'armure : ils et elles n'en ont jamais eu besoin.
Très
vrai, mais les héros du quotidien, aussi, sont parfois fatigués.
un texte disant la
justese, l'importance d'écrire
travaux divers - un
beau texte trouvé dans ses archives, et elle explique le sens de
cette recherche
je verse un petit tas
de mots, une coulée d’intense. poésie à l’éponge. j’ai un
lavis sous les paupières et les mains ivres. cela fait un rendu
fragile, suspendu entre le ciel et l’eau dans lequel se
paument des mouches ou des poussières. je verse j’arrose la pousse
au cœur des murs.
et
Giovanni Merloni
http://www.annajouy.ch/article-preliminaires-vases-117524996.html
retiens la nuit avec
une présentation (suis en accord) par Anna
récit,
portrait de ce temps où nous étions jeunes (euh, moi ça devait
être avant, un peu, n'y avait pas de télévision, et j'avais
commencé depuis peu à travailler le jour où Kennedy a été tué)
– aime les ressemblances, les différences avec mon monde, aime
surtout le ton
Le soir, derrière les
annonceurs, la poudre sur le nez et occupés à mettre des rubans aux
mots et à leur signification, les vieux films d’antan s’affichent
au milieu des désastres du monde. Mon père s’énerve pour le
énième premier plan fatal sur Greta Garbo. Il exulte, au contraire,
aux rares apparitions de Doris Day. Tout ce monde en train de me
tomber dessus, qu’il soit vieux ou nouveau, me semble absolument
vrai.
À
partir d'une photo d'une oeuvre de Tatzu Nishi
vacillations
monologue
d'une Gisèle/Giséla/Louise qui raconte dans un micro aux touristes
ce qu'ils voient sur ce bateau entre Nantes et Saint Nazaire... les
souvenirs, du père, des hommes successifs, de lui qui est lien avec
Nantes
Sur le pont du navire
de croisière je trantaille. Employer les mots des siens :
trantailler, comme aurait dit mon père, un bercement des mots qui
fait surgir la voix, parce que la voix des disparus, c'est ce qui est
le plus difficile à extraire des vacillations de la mémoire. Et son
accent, l'accent du sud : mais que faisions nous donc à Nantes
lorsque j'étais enfant ? Il pleut toujours sur Nantes.
et
Dominique Boudou
http://louisevs.blog.lemonde.fr/2013/05/03/le-promontoire/
le promontoire
souvenirs
des promenades là, avec la peur à dix ans, avec des copains à
quinze ans en rêvant de faire une cabane, avec Gisèle pour faire
l'amour sans cabane ni peur mais avec une couverture, et maintenant,
après tant d'années loin de lui, le promontoire
Aujourd'hui, presque
vieux, je suis revenu chez moi. Il y a encore des courts-circuits
dans ma cervelle. Je vais souvent m'asseoir devant le promontoire. Et
je la regarde. C'est une vraie maison. Avec un toit et une cheminée
bien droite comme dans les livres d'images. Des gens viennent la
visiter. On peut même y dormir. Je n'irai pas. Cette maison n'est
pas ma cabane.
Donner forme à
l'informe.. par deux écrivains que lis avec plaisir respectueux
Claude Favre
http://www.fibrillations.net/05-13-Claude-Favre
bêtes non castrées
les
mots qui se heurtent, violents, qui coulent rapides, qui se font
tendres,
bêtes
qui refusent, bêtes en fêtes communes, bêtes animales, et bêtes à
manger du foin,
libres
qu'à se tuer... bêtes embourgeoisées
bon,
inutiles efforts Brigetoun, laisser faire la langue de Claude Favre,
tout et ces lignes
De guingois mais
Fermement Accroupies sur les talons ou les mains qui s’agitent dans
le dos Un chien mort sous la langue et l’œil fou Fou À ne pas
croire à ne pas suivre pour les enfants pour les vieillards pourvu
Que l’on respecte Pour les bêtes en nous qu’à ne pas vouloir à
peurs ne pas voir Reviennent les chiens sommes suivant la piste du
faon gémissant Quand s’exténuent nues vouloir non castrées
libres jusqu’à puisque libres qu’à se tuer qu’à ne ployer Et
malgré Qu’à vivre puisque la vie la vie la vie fait l’ homme en
faire et des pires trop on a connu
et
Jean-Marc Undriener
http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article1986
écrire, ce drame
millimétrique
là
vraiment impossible de risquer paraphrase, c'est récit de ce soin
qu'est écrire, de la recherche du mot, de ce qui prend mal, qu'il
faut jeter, pour remettre...
Langue
simple, au plus près de ce qui se raconte là
ce geste qui ne répare
pas grand chose parce qu’au fond, au fond on sait bien. on ne sait
que trop. c’est écrire – cet acte qu’on commet et qu’on ne
peut pas ne pas commettre. cet acte de rien. pour rien
et
puis la vérité est ailleurs, même si
c’est faux
et puis l'ultime (piocher
dans le blog de l'autre, et c'est très bien) entre
la poétesse, traductrice,
passeuse Danielle Carlès qui a gentiment, et avec un talent qu'ils
ne méritaient pas, tressé des fragments de Paumée en un beau poème
en forme de vases (ci-dessous)
dans la
lumière qui descend vers moi
me suis
installée me suis oubliée
éloquence
et rapidité des vents
le reste
devait rester secret
pendant
que chez elle
http://fonsbandusiae.over-blog.com/vases-communicants-avec-brigitte-celerier-mieux-vaut-horace
je
m'arrêtais à quelques mots de deux vers d'Horace et dérivais comme
pouvais (avec au moins une belle faute d'orthographe pour signer)
Elle rit,
elle se dit qu'Horace et sa passeuse sont loin, elle se dit que les
troubadours ne le sont pas moins, elle se dit que son mirliton est un
peu trop longuement poussé, que n'a ni sens, ni rythme, ni chanson,
que pauvret ne connaît pas la musique, que nigaud n'a rien à dire,
que perdus se sont les herbes, la rive, les saules, les cailloux dans
l'eau verte
suis
toujours surprise par les longueurs variablse de mes notes, sans
aucun rapport avec l'importance du texte, juste avec le moment de la
lecture, le plus ou moins de difficulté à m'abstraire de ce qui
m'entoure, quel que soit mon goût ou mon intérêt un peu trop léger
pour ce que je lis.
9 commentaires:
Vous disiez qu'il y avait peu de participants... on a l'impression du contraire !
Merci, une fois de plus, pour l'anthologie cultivée avec grand soin.
Un bon moment de lectures et retenu qq phrases
Merci du partage en grande diversité
La rareté crée la richesse, et l'abondance crée un appauvrissement. Je remarque l'éclectisme de plus en plus marqué des vases découlant à mon avis d'une certaine rareté dans l'ensemble de la blogosphère. Le nombre des vases est juste ce qu'il faut pour les parcourir en entier et en tirer un bel enrichissement.
merci pour ce survol, et pour tout ce que vous faites, vous, pour que ces vases continuent... Très amicalement (et à bientôt)
PCH
Ne veux-tu pas appeler ta prochaine publication "Coladeira, funana, samba" ?
Merci Brigetoun !
;D)
ah ces vieilles cruches !
bon je crois que vais essayer
Merci Brigitte pour cette nouvelle lecture-synchronisée. Le rendez vous sur scène jeudi soir était très chouette. Je te sens déçue que la session ait eu lieu à Paris plutôt qu en province et avec une partie seulement des auteurs, qui plus est qui n avaient pas tous participé à cette session la des vases ! Nous avons fait au plus simple et au plus souple au niveau de l organisations et avec nos moyens du bord. J espère que ton œil s adoucira sur cette formule si elle est amenée à se renouveler. Bises
pas besoin de s'adoucir, et ne vois pas où cela aurait été plus pratique (en plus j'aurais été terrorisée) mais j'attends avec petite impatience les photos prises par Christophe Grossi (lui il était déjà chez Daniel Hasselmann ce matin)
Merci pour la mention Brigitte et pour cette mise en bouche des vases co de mai ! J'étais à la soirée et je trouve ces rencontres magiques car alors l'auteur qu'on a lu, prend corps et voix, chair et os, vie et mort. Je suis d'accord avec toi lire son texte est terrorisant, mais heureusement ça ne dure qu'un instant ! ;-) Au plaisir de t'endentre donc !
Je maintiens mon "moribonds" ;-)car il frappe nos esprits et souligne les conditions de vie extrème de ces hommes et ces femmes. Amicalement. Chris
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