(photo du
site du festival)
mon 13 juillet commençant
assez mélancoliquement, se souvenir de la nuit dernière, ne pas
être à la hauteur de ce qu'il y aurait à dire, digestion non faite
et idées en déroute encore par la lenteur du réveil, juste petites
notes.
Partie donc, pas très
sure de moi, suis passée par le cloître Saint Louis pour prendre un
ticket pour la navette – reculé devant la queue (l'ai acheté sur place), mais en ai
profité pour écouter les derniers mots de Dieudonné Niangouna
interviewé par France Inter
Ai rêvé une seconde
d'une place dans sa voiture
et suis allée, tentant de
juguler ma petite panique pour calmer l'inquiétude d'une grande jeune
femme en perdition, à la recherche de la navette (honte à moi j'ai
fini par lui donner la main et lui dire que n'avais pas force de
parler)
cahots surlignés par le
chauffeur, mais beauté pour moi, petite animale de ville (je pensais
rate), de la campagne qui se révèle peu à peu, et de l'avancée,
dans le chant des cigales, en me tordant les chevilles avec bonheur
vers la carrière – en queue de ce qui prend tout de suite une
allure de petite procession, familiarité distante mais groupe même
éphémère.
Une longue attente
(j'avais pris la première navette) en marge des repas, échanges,
après avoir arrosé la poussière avec un infect café, regarder, se
vider intérieurement, être bien
franchir les barrières –
mon amitié, toujours, pour les chèvres, et elle, celle que j'ai mise cette nuit
ci-dessus était tout spécialement belle, fine, élégamment
soulignée de noir - sourire aux deux couples qui m'entourent –
hommes mes contemporains, femmes de dix ou vingt ans plus jeunes,
maturité juvénile et intelligence, quelques phrases risquées,
confort de se sentir en sympathie, de penser qu'il n'y aura pas
d'ondes négatives à refouler...
regarder les machines
bizarres, repérer les instruments de musique (dire tout de suite
qu'un des grands plaisirs de cette soirée m'est venue par eux, les
musiciens Pierre Lambia et Armal Malonga, de leurs très belles
interventions, de leur soutien discret, chercher s'il y a un
enregistrement)
se résigner, tous, quand
on a annoncé qu'une navette était coincée et que le spectacle
commencerait avec vingt minutes de retard – me lève – me campe au
centre de l'espace terreux pour quelques bouffées de cigare,
mauvaise idée, l'éteint, cherche une poubelle … et la navette
arrive plus vite que prévu.
Et voilà que je dis un
peu n'importe quoi, reculant le moment de trouver que dire de ce
spectacle, en panne de mots et d'idée... alors déserte, vais
écouter une lecture...
et reviens après avoir un
peu trop intercalé Shéda et ma situation du jour entre le texte et
moi.
Alors que dire.. d'abord
ces deux tweets d'Arnaud Maïsetti trouvé cette nuit (lui et Candice
Nguyen ont dansé un peu avec les acteurs pendant que trébuchais
vers la navette mais étaient reconnectés avant moi)
C'était magnifique.
"je t'aime toi de
tout ce que j'ai perdu (la direction du vent)" - les derniers
mots du spectacle
(photo du site du
festival)
Et puis, le lieu bien
entendu que, moi, je ne connaissais pas, et qui semble faire partie
du texte (même s'il a été créé à Amsterdam) – Niangouna dit
je savais … que je créerai le spectacle dans ce lieu parfait
pour un tel projet. Je l'ai toujours imaginé se jouant dans un
désert de pierre, aride... Dans un lieu où l'épique et le mystique
peuvent se faire entendre...
les
acteurs, les Niangouna, Fisbach, tous en fait, (et un coup de coeur
pour la grande silhouette et le premier monologue du gardien) et
cette impression que, venus d tous les horizons, ils forment une communauté, pas seulement parce
que je savais qu'ils avaient travaillé, longuement, le spectacle
(rôle important du chorégraphe et préparateur des combats
DeLaVallet Bidiefono qui a un spectacle dans le festival) au Congo,
ni parce qu'on longe leur petit campement sur place et que j'ai vu,
en attendant, une jeune femme promenant son bébé dans les bras.
Le
texte bien sûr, que j'aimerais trouver (il est édité aux éditions
Carnets Livres et fait l'objet d'un dossier pédagogique en ligne que
tenterai de trouver dès que temps aurai)
qui,
même dans la force, ne tombe jamais dans la vocifération
complaisante qui s'oublie vite – théâtre intelligent, écriture
nourrie de références universelles, écriture charriant des mythes
et contes, comme ceux que racontaient la grand-mère de Dieudonné
Niangouna mais enrichis, étendus à tous les continents.. Poésie,
littérature mais oralité, une oralité savoureuse et maitrisée...
Un
mélange de dialogues et de très beaux monologues. Trois parties
(qui ne sont pas marquées, on glisse de l'une à l'autre) dit le
programme et rétrospectivement je les ressens : peur de
s'affirmer, de la censure, de l'histoire de son pays (et son
expérience l'y incite) – solitude qui provoque les plus
belles proférations et urgence.
Des
moments je l'avoue, surtout vers la fin, d'absences brèves de ma
conscience, coupures éclairs qui renforçaient le côté
fragmentaire qui est toujours présent chez lui.
De
belles images, des rires aussi... et puis, à part une réflexion ce
matin et quelques sifflets à la fin qui ont agacé mes voisins, la
communion du public... et tant pis si suis consensuelle (de toute
façon, pourrai être déçue un jour par Dieudonné Niangouna mais
ça n'a pas encore été le cas.)
Vais déjeuner.
P.S. 18 juillet
P.S. 18 juillet
Mais si vous voulez
lire une analyse sensible et intelligente, une dérive poétique à
partir de la pièce aussi c'est Arnaud Maïsetti qu'il vous faut
aller lire http://www.arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article1122
3 commentaires:
Découvre Dieudonné Niangouna grâce à vous. Sheda semble fait pour être vu ici, je ne sais pas si d'autres circonstances contextuelles n'entacheront pas ce plaisir que vous avez ressenti ce soir là.
"tant pis si suis consensuelle" :
quand une consensu-elle se résume en une cireuse de pompes dans une caserne de la pensée, elle se confirme en effet consternante, mais mais mais ce n'est pas votre portrait quand même
vous écrivez en solitaire, un coup de vent vous fait vous retourner et vous n'êtes pas seule ? vous avez marché à votre pas, écrit avec votre seule encre... que d'autres se sentent en harmonie avec vous, il y a plus lugubre
oh ce n'étais pas une accusation méchante et le mot n'était pas employé, juste une demande de dire pourquoi moi, seule, j'avais aimé. Ce qui prouve qu'il y a des clans....
Et comme j'ai l'esprit mal tourné, en fonction d'autres réactions, c'est moi qui ai traduit par consensuelle (serait peut être plutôt cédant aux délices de la révolte enrobée de littérature - enfin suis un peu de mauvais poil aujourd'hui)
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