commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, septembre 28, 2013

Attendre Venezia


Partir en humeur douce, en maîtrisant bouderie carcasse et malgré le frais (que les journalistes moins désespérément frileux dénommaient chaleur) et la grisaille du ciel, la lumière morte

Remonter le chandail émeraude délavée au plus près du cou pour affronter la climatisation outrancière de Carrefour, y faire les quelques courses-dépannages, presque seule entre les rayons, ne râler que modérément, pour la forme, contre la tactique qui consiste à tout déplacer régulièrement pour nous obliger à chercher, à passer partout, au risque de tentations.

S'arrêter une minute, plaisir anticipé, devant l'affiche annonçant le concert du soir

en tirer un regard capable de trouver du charme à la rencontre du léger feuillage mêlé de jaune et à l'absence pâle du ciel.
Passer le jour, entre petites tâches, lectures, avec des moments de grâce, des gravités, des colères ou navrances que l'on se sent coupable de laisser se recouvrir d'autres ou de sourires, ou d'incursions du soi ou des siens...

Et puis, donc, partir écouter Max Emmanuel Cencic, accompagné par l'orchestre Il Pomo d'oro, chanter les vénitiens, Vivaldi surtout, mais pas que, dans un programme dont l'ordre était totalement bouleversé ce qui m'a demandé un petit travail pour le reconstituer et je suis très fière d'y être arrivée parce que j'étais très loin de tout connaître et que les annonces bredouillées avec fort accent étaient vaguement indicatives.

Comme prévu, en ouverture, de Vivaldi le concerto pour violon en do majeur 181a
(l'étonnante silhouette, maigre et cassée sur son instrument, les mains immensément longues, dignes d'une caricature de Grandville, de l'alto – la belle union de l'ensemble, l'autorité talentueuse du premier violon) – sans doute le morceau orchestral que j'ai le moins aimé) j'avoue m'être évaporée pendant le largo central
(une des vidéos piochée sur Youtube, pour les re-écouter dans la journée)
entrée conquérante de Max-Emmanuel Cencic, portant beau, un petit air vedette de ville d'eau, mais grand talent, belle voix, métier et musicalité, et cette très belle façon d'accompagner son chant par une danse des mains
de Vivaldi encore, une aria Mi vuoi tradir
et puis la belle aria Barbaro non comprendo d'Antonio Caldera, toute en imprécations, violence.. et virtuosité
suivie de la charmante symphonie n°5 en la majeur de Giuseppe Antonio Brescianello, allégresse pure
et de Pianta bella de Tomaso Albinoni, délicieusement plaintive
et Dolce moi ben de Francesco Gasparini
Flavio
Mon doux bien-aimé, ma vie
je te défendrai....

et après un entracte qui s'étirait avec un cigare parce que j'avais pris lecture mais oublié mes lunettes, et pendant lequel un bonhomme assis sur les marches à côté de son litre, nous a appuyant son dire de gestes de ses grandes et belles mains, tenu un discours incompréhensible, dans l'indifférence plus ou moins feinte.
Baldassarre Galuppi (tout de même plus joli que Balthazar, non ?) avec un très joli concerto – un court grave très allegretto qui se fond dans l'allegreto qui suit, un adaggio emporté, et un très allegro final.
Et puis suivent mes morceaux préférés avec
Mormorando quelle fronde de Giovanni Porta où se succèdent murmure des frondaisons accompagné du frémissement de l'onde, et les sombres ténèbres de la nuit,
avec surtout
Sposa de Geminiano Giacometti
Épouse, tu ne me reconnais pas...
et le concerto de Vivaldi en mi mineur, pur délice, judicieusement dénommé il favorito vivaldissime
suivaient deux arias de Vivaldi
A piedi miei svetano,
et
Anche in mezzo aperiglios, introduites quasiment par la même phrase orchestrale, belles, avec une préférence pour la seconde, tiré de l'opéra L'odio vito della constanza – toutes deux pleines de fougue, la seconde un peu plus complexe.

enthousiasme grandissant de la salle (assez peu fournie malheureusement, le baroque fait encore un peu peur ici), un très joli bis dont je ne saurais dire ce qu'il était – juste qu'il est venu après hésitation, et retour dans une douce nuit.

9 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Les arabesques du lettrage de "Venezia", sur la vidéo, sont tout à fait adaptées à la musique dont vous nous donnez un aperçu sonore forcément aimable.

Laura- Solange a dit…

Démarrant, grâce à vous, ma journée par Venise et Vivaldi, il me semble que tout va être beau aujourd'hui!

arlette a dit…

Un régal merveilleux et transport d'allégresse en écoutant Vivaldi
Belle idée de nous trouver d'un clic les sonorités enchanteresses et partager ton plaisir qui rachètent des pérégrinations matérielles

Anonyme a dit…

Belle envolée avec et vers Venezia . Merci . @allearome

Danielle Carlès a dit…

La musique quand vous en parlez,vraiment on croit l'entendre.

Gérard Méry a dit…

Un régal..Vivaldi

Pierre R Chantelois a dit…

Que du baroque. Que de pétillances et de joies à se mettre sous l'ouîe. Des moments d'écoute qui ont comblé une petite heure de lecture et d'écoute quasi religieuse. Instants de grâce. Merci

jeandler a dit…

Où me suis-je égaré et avoir manqué tant de joies musicales ? Ai-je seulement ouvert ma machine ? Je ne sais ! Avec l'espoir d'être pardonné.

Brigetoun a dit…

rien à pardonner voyons !
je m'en voudrais d'être une obligation