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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, septembre 27, 2013

Fragments de jours


Lundi, une sortie pour des courses, un rien chancelante, dans la douceur de la ville. La lumière frisante sur les façades, caresse d'un blanc lumineux - "poudre de papillon".... j'ai noté ces mots... «Ça pourra me servir. That will be useful» comme le pense Bernard dans les Vagues de Virginia Wolf, comme le disent Bernard et Christine Jeanney dans sa traduction http://christinejeanney.net/spip.php?article784

Vivre doucement, sans réaliser ses projets, le temps de voir s'épanouir et mourir une rose (oui, je sais, mais je n'ai qu'un rosier et chacune de ses fleurs m'est un cadeau merveilleux..) que la tiédeur de cette fin d'été laisse s'épanouir à loisir.
Un peu de nettoyage des endroits qu'on oublie... des idées fulgurantes le matin, des débuts de lecture, de recherche, et puis... céder au microbe que m'a passé Olivier Hodasava http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/ et partir en longs voyages, se heurter aux zones piétonnières, à mon envie de suivre les routes en terre, se contenter des entrées de ville et y prendre goût, regarder des êtres sans visage ouvrir des coffres de voiture, se régaler en descendant les petites rues de Valparaiso, de la fantaisie et l'invention des poteaux électriques peints, découvrir que pour grand nombre de pays il faut se contenter d'une collection de photos... se rabattre sur les endroits où Google est le bienvenu ou qu'il juge fréquentable..
s'endormir lundi avec le ferme projet d'aller à Marseille.

S'éveiller tout doux, dire Marseille, penser non.

respirer la rose, recevoir chaque jour un peu moins du soleil qui ne daigne plus descendre jusqu'à moi, et y baigner, comme peux, mon front avec l'avidité délicieuse du manque à venir...
tenter de freiner en lisant la conjuration de Philippe Vasset, faire des petits retours en arrière, déguster le regard de côté du narrateur avant d'en arriver à l'effacement, pour plus de fluidité invisible, du groupe qui se coule dans la vie formatée de la ville, en en refusant les règles.
s'endormir mardi en caressant l'idée d'aller à Manosque.

Mercredi, marcher à la jonction entre un ciel de coton sale et de frais nuages flottant sur du bleu très doux... s'extirper des lignes au nom de Borislava, apprentie cosaquesser des cosaques des frontières (je conseille sur le blog http://lescosaquesdesfrontieres.com/ la lecture de la traduction par Jan Doets de «la bague» de F.C. Terbogh entre autres, ou les billets pour l'apatride d'Anh Mat).. 

avoir de plus en plus de mal à lire en silence, puisque je n'ai pas su couper complètement, les billets de quelques blogs.. penser revenir encombrer twitter,
recevoir le texte et les très belles photos destinés à l'échange des vases communicants le 4 octobre, se sentir idiote et paralysée devant cela... et donc sortir et faire une bêtise, joyeusement, mais stupidement. Ranger la bêtise.

Et jeudi, penser regagner les terres internet, s'affairer un peu, sentir douleur oubliée qui s'installe, laisser un couteau, en bute avec une grosse arête du bloc de morue, lui préférer le bout de l'index gauche, prélever un bon bout de peau, faire une faible entaille, petit bobo sans gravité mais qui ajoute une maladresse vrillante lors des tentatives de frappe sur le clavier.
Vouloir penser vase communicant. Laisser, à contre volonté, le brouillard de mal-être se mêler à l'incongruité de ma présence chez Angèle Paoli, http://terresdefemmes.blogs.com/, écrivain, poète, directrice de revue, et corse, en harmonie réelle avec la terre que n'ai fait qu'effleurer, qu'aimerais connaître, retenue par l'idée que mes fantasmes d'accord avec la mer, la terre, le maquis, se ramèneraient à la compagnie des habitants de Neuilly, la Celle Saint Cloud, Croissy ou autres lieux. Je préfère en rester à mon berceau, à mes premiers pas, à la compagnie de ceux d'Erbalunga perdus de vue depuis si longtemps, à de brefs séjours à Ajaccio, à une nuit au Club nautique de Bonifaccio, à quelques souvenirs fugaces de la montagne, il y a non moins longtemps.
À défaut, me battre un bon moment avec une tentative de mise en page de ce texte et la recherche d'emplacements pour les photos reçues...
Jeter la rose. Secouer l'hébétude. Regarder mon doigt esquinté. Taper avec un seul.
Une incursion dans des lettres sans trouver ce que je voulais, et un vagabondage entre le numéro Proust d'Europe et le numéro sur l'école de Manière de voir avec les petites poussées de rage navrées qui résultent de la lecture de ce dernier... le calme qui vient, le jour qui descend doucement.

10 commentaires:

Pierre R Chantelois a dit…

Je m'étais habitué à lire accompagné de musique. Mais le besoin de concentration me fait éloigner un peu les vagues sons d'une musique que je souhaitais naguère envoûtants.

Fidèle lectrice a dit…

..."je n'ai qu'un rosier et chacune de ses fleurs m'est un cadeau merveilleux...", écrivez-vous...

Ca, c'est une vraie leçon de vie.

Fardoise a dit…

Ai aussi l'impression d'être fragmentée, mais pour moi c'est passager, je te souhaite de fédérer les parcelles et si tu as besoin de quoi que ce soit, moi cela va déjà bien mieux. Amicalement, Françoise

Michel Benoit a dit…

Absence courte et belle rose.
Tout va bien !

Brigetoun a dit…

tout va bien - j'ai faim - vais faire course - et belle musique (je crois, j'en suis certaine) cette nuit

arlette a dit…

Petits bouts de vie ,
genre de puzzle
en valse hésitation
en désir et non -désir
un peu comme la mer ...toujours recommencée
Pensée pour une rose

jeandler a dit…

Les roses n'ont qu'un projet : embaumer.

Dominique Hasselmann a dit…

Votre absence aura duré plus que ce que durent les roses... mais vous revoici et déjà les Vases communicants se remplissent d'autres fleurs que vous allez jardiner...

Brigetoun a dit…

auparavant il faudrait que je le fasse mon vase.

Gérard Méry a dit…

Ronsard a écrit ce texte à 2 kms de chez moi.

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vêprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! Voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ! Ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.