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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, octobre 31, 2013

Mercredi


Réveil dans la navrance ou la rage de l'écoute de la radio – petites rafales rodant dans la cour, lumière qui naît

sortir dans la ville, trouver un beau fort vent qui fait chanceler et rabroue, par petites ruées, entre des accalmies
vaquer à petites courses, ville et esprit entre tentatives d'ordre

et noeuds embrouillés

Dans la nuit descendue, s'en aller vers musique, vers des jeunes, accompagnés d'un chenu comme moi, un peu moins chenu, et superbement productif.
Récital de piano d'Adam Laloum, dans la force et le talent de ses 26 ans, jouant
les six moments musicaux D780 op 94 composés par Schubert entre ses 26 et 30 ans
prélude, choral et fugue d'un César Franck dans l'épanouissement de ses 62 ans
la sonate n°1 en fa dièse écrite par Robert Schumann entre 22 et 25 ans (27 ans lors de la création par Clara Schumann).

En cherchant, avant de partir, des vidéos des oeuvres mises au programme dans leur interprétation par Adam Laloum, j'ai trouvé celle-ci d'une interview au festival de Verdier, et j'ai été sous le charme (sans ironie, avec une fraternité admirative) de son anglais
bon, ce n'est pas son seul charme, et à vingt six ans, il est déjà un grand, un futur très grand.
Et, pour goûter son jeu, faute des oeuvres programmées, j'ai trouvé, de Schubert, la sonate en sol majeur "Fantaisie"
de Schumann les Davidsbündlertänze

une salle aux deux-tiers pleine grâce au Rotary et aux je ne sais quoi optimistes qui patronnaient le concert au profit de l'oeuvre de Soeur Emmanuelle, des discours, aimablement brefs, et la musique
Adam Laloum penché sur le clavier, se redressant, se balançant de gauche à droite, souriant et yeux presque fermés, se rejetant en arrière et regardant la musique, mais sans théâtralité. Des mimiques presque imperceptibles, le jeu des sourcils et des paupières, les frémissements des lèvres.
Et là une Brigetoun qui baisse les bras, qui a mis presque une heure à retrouver les impressions ressenties pendant l'écoute des six moments musicaux de Schubert, succession de bonheurs, et variété – et de démêler la modernité dans une forme classique de la pièce de César Franck, découverte, je l'avoue, belle (mon voisin prétendait qu'il l'avait joué comme du Schumann et ce n'était sans doute pas complètement faux) et je viens de tout envoyer à la corbeille.
Je renonce..... et enchaîne sur la fin qui était déjà en ligne.

un demi cigarillo dans le frais de la nuit, entre des conversations joyeuses
et la belle et complexe sonate de Schuman (qui aurait dû être joyeuse puisque cri du coeur vers Clara, qui est pétrie de tristesse)
l'introduzione – thème qui tente de s'élever et retombe, une flèche claire qui retombe – et le premier mouvement allegro vivace nerveux, thème sautillant exposé trois fois, chute et reprise (passant selon ce que je vois du coin de l'oeil sur le programme du mi bémol au la), quelques mesures discrètes d'un second thème
second mouvement l'aria en la majeur, tendresse, réserve
le scherzo e intermezzo, extrême variété, presque un patchwork, césures, thèmes et rythmes différents, syncopes, et petit récitatifs s'intercalant
et pour le finale allegro, un poco maestoso, une succession de mouvements, sans lien apparent, extrêmement virtuoses (mais sans impression de gratuité)
seconde fois que je l'entends, toujours un peu déroutée, agréablement.

Salut (rapide, discret – dans ce style qui lui fait aussi réduire au minimum l'intervalle entre les mouvements, sans silence théâtral, nous propulsant de l'un à l'autre presque sans répit)
et le mouvement/berceuse de Schubert en bis

sortie dans un petit reste de vent, et un vrai début d'hiver,

et retour vers l'antre dans une ville endormie.

9 commentaires:

Pierre R Chantelois a dit…

Je n'ai pas encore eu le bonheur d'entendre en concert ou sur disque Adam Laloum mais je dois que les Davidsbündlertänze sont d'une belle facture. Surprenante tout de même cette salle aux deux-tiers pleine... A propos, beaucoup de charme dans cette entrevue en anglais.

Anonyme a dit…

He is a young man born in Toulouse in France.

C'est vrai qu'il est "craquant", son talent aussi.

Dominique Hasselmann a dit…

Robert Schuman... sa maison de Düsseldorf était fermée quand nous sommes passés, il y a deux mois, mais ses œuvres restent ouvertes...

arlette a dit…

Adorables moments de justesse et de sympathie envers ce talentueux pianiste Merci de trouver ainsi le support musical pour notre plus grand plaisir

Fardoise a dit…

Justesse c'est bien le mot. Merci pour le partage. Les impressions livrées de la ville sont toujours aussi d'une grande justesse et si évocatrices.

Brigetoun a dit…

merci à vous les amis (suis simplement vexée d'avoir un peu après minuit détruit mon travail - m'étais applique comme jamais, en m'appuyant légèrement sur programme pour cerner ce qui me plaisait) - juron énergique et murmuré à cause des voisins

Isabelle Pariente-Butterlin a dit…

C'est merveilleux d'être ainsi déroutée …

Gérard Méry a dit…

j'ai du mal à faire la différence entre ce talentueux pianiste et un autre aussi bon .

Brigetoun a dit…

ben moi aussi, Gérard, moi aussi