Réveil dans la navrance
ou la rage de l'écoute de la radio – petites rafales rodant dans
la cour, lumière qui naît
sortir dans la ville,
trouver un beau fort vent qui fait chanceler et rabroue, par petites
ruées, entre des accalmies
vaquer à petites courses,
ville et esprit entre tentatives d'ordre
et noeuds embrouillés
Dans la nuit descendue,
s'en aller vers musique, vers des jeunes, accompagnés d'un chenu
comme moi, un peu moins chenu, et superbement productif.
Récital de piano d'Adam
Laloum, dans la force et le talent de ses 26 ans, jouant
les six
moments musicaux D780 op 94 composés
par Schubert entre ses 26 et 30 ans
prélude, choral et
fugue d'un César Franck dans
l'épanouissement de ses 62 ans
la
sonate n°1 en fa dièse écrite
par Robert Schumann entre 22 et 25 ans (27 ans lors de la création
par Clara Schumann).
En cherchant, avant de
partir, des vidéos des oeuvres mises au programme dans leur
interprétation par Adam Laloum, j'ai trouvé celle-ci d'une
interview au festival de Verdier, et j'ai été sous le charme (sans
ironie, avec une fraternité admirative) de son anglais
bon, ce n'est
pas son seul charme, et à vingt six ans, il est déjà un grand, un
futur très grand.
Et, pour goûter son jeu,
faute des oeuvres programmées, j'ai trouvé, de Schubert, la sonate
en sol majeur "Fantaisie"
de Schumann les
Davidsbündlertänze
une salle aux
deux-tiers pleine grâce au Rotary et aux je ne sais quoi optimistes
qui patronnaient le concert au profit de l'oeuvre de Soeur
Emmanuelle, des discours, aimablement brefs, et la musique
Adam Laloum
penché sur le clavier, se redressant, se balançant de gauche à
droite, souriant et yeux presque fermés, se rejetant en arrière et
regardant la musique, mais sans théâtralité. Des mimiques presque
imperceptibles, le jeu des sourcils et des paupières, les
frémissements des lèvres.
Et là une
Brigetoun qui baisse les bras, qui a mis presque une heure à
retrouver les impressions ressenties pendant l'écoute des six
moments musicaux de Schubert, succession de bonheurs, et variété –
et de démêler la modernité dans une forme classique de la pièce
de César Franck, découverte, je l'avoue, belle (mon voisin
prétendait qu'il l'avait joué comme du Schumann et ce n'était sans
doute pas complètement faux) et je viens de tout envoyer à la
corbeille.
Je renonce.....
et enchaîne sur la fin qui était déjà en ligne.
un demi
cigarillo dans le frais de la nuit, entre des conversations joyeuses
et la belle et
complexe sonate de Schuman (qui aurait dû être joyeuse puisque cri
du coeur vers Clara, qui est pétrie de tristesse)
l'introduzione
– thème qui tente de s'élever et retombe, une flèche claire qui
retombe – et le premier mouvement allegro vivace nerveux, thème
sautillant exposé trois fois, chute et reprise (passant selon ce que
je vois du coin de l'oeil sur le programme du mi bémol au la),
quelques mesures discrètes d'un second thème
second
mouvement l'aria en la majeur, tendresse, réserve
le scherzo e
intermezzo, extrême variété, presque un patchwork, césures,
thèmes et rythmes différents, syncopes, et petit récitatifs
s'intercalant
et pour le
finale allegro, un poco maestoso, une succession de mouvements, sans
lien apparent, extrêmement virtuoses (mais sans impression de
gratuité)
seconde fois
que je l'entends, toujours un peu déroutée, agréablement.
Salut (rapide,
discret – dans ce style qui lui fait aussi réduire au minimum
l'intervalle entre les mouvements, sans silence théâtral, nous
propulsant de l'un à l'autre presque sans répit)
et le
mouvement/berceuse de Schubert en bis
sortie dans un
petit reste de vent, et un vrai début d'hiver,
et retour vers
l'antre dans une ville endormie.
9 commentaires:
Je n'ai pas encore eu le bonheur d'entendre en concert ou sur disque Adam Laloum mais je dois que les Davidsbündlertänze sont d'une belle facture. Surprenante tout de même cette salle aux deux-tiers pleine... A propos, beaucoup de charme dans cette entrevue en anglais.
He is a young man born in Toulouse in France.
C'est vrai qu'il est "craquant", son talent aussi.
Robert Schuman... sa maison de Düsseldorf était fermée quand nous sommes passés, il y a deux mois, mais ses œuvres restent ouvertes...
Adorables moments de justesse et de sympathie envers ce talentueux pianiste Merci de trouver ainsi le support musical pour notre plus grand plaisir
Justesse c'est bien le mot. Merci pour le partage. Les impressions livrées de la ville sont toujours aussi d'une grande justesse et si évocatrices.
merci à vous les amis (suis simplement vexée d'avoir un peu après minuit détruit mon travail - m'étais applique comme jamais, en m'appuyant légèrement sur programme pour cerner ce qui me plaisait) - juron énergique et murmuré à cause des voisins
C'est merveilleux d'être ainsi déroutée …
j'ai du mal à faire la différence entre ce talentueux pianiste et un autre aussi bon .
ben moi aussi, Gérard, moi aussi
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