Sortir dans le plaisir de
la lumière et des ombres,
malgré les premières
rousseurs des platanes ternis…
passer à la Fnac, pour
des billets,
continuer dans le petit
reste de vent qui se faisait joueur, enflait ma jupe, balançait
doucement les branches,
dans la tiédeur qui me
donnait envie de paresse sur toute terrasse rencontrée,... jusque chez
teinturier
et comme, au retour,
j'étais en avance sur mon horaire, savourer un bon café
nicaraguayen en m'amusant d'un rien, d'une plante coiffée de toile -
avec un sourire jaune et résigné à la lecture des premières
colonnes du Canard,
avant de passer à l'opéra
dès l'ouverture des portes..
descendre vers l'antre -
calme de la ville que la rentrée a vidé de bon nombre des flâneurs.
Etaler, avant de les
ranger, les billets qui annoncent mon hiver musical,
et la promesse de mes
trois soirs parisiens - pause sur le chemin du retour des Pays-Bas,
fin novembre...
et puisque Pays-Bas il y
a, puisque nous fêtions l'anniversaire du cosaque batave, puisque
surtout j'ai passé l'après midi en lectures dans la cour avec, puis
sans, la caresse du soleil sur ma vieille peau, je reprends un des
souvenirs fictifs de ce pays qu'ont accueillis les cosaques des
frontières http://lescosaquesdesfrontieres.com
Souvenir
virtuel
Souviens toi, c'était
après un carrefour, un peu avant Etten-Leur, où nous avions décidé
de dormir.
Souviens toi, nous nous
étions disputés, je crois, ou ça y ressemblait,
Souviens toi, c'était
pour une raison qui n'en était pas une, ou petite, ou que nous avons
oubliée, immédiatement, mais c'était rupture, besoin
d'éloignement, immédiat.
Souviens toi, c'était
sans doute le point culminant, venu insensiblement, d'une lente
accumulation de petits faits, une lassitude, une sottise...
Quoi qu'il en soit je t'ai
dit arrête toi, souviens toi j'ai ouvert la porte, souviens toi tu
m'as dit je te rappelle que nous sommes à l'hôtel X, souviens toi
j'ai claqué la porte et, mais ça tu ne le sais pas, ma rage idiote
s'est évanouie dans mon geste.
Souviens toi, tu as
démarré,
Et je suis resté là au
bord de l'étang, un peu perdue, la colère glissant lentement hors
de moi.
J'ai senti la bruine si
fine que ne l'avais pas vue, j'ai frissonné un peu, j'ai regardé
autour de moi.
J'ai vu la jolie forme du
petit étang – sa courbe faite pour m'accueillir.
J'ai vu la tendresse des
teintes, de ce vert humide, de son mariage au gris du ciel dans le
miroitement de l'eau - les taches d'ocre et de roux de l'automne
naissant.
Et puis j'ai vu les
parapluies, bien ronds, bien posés, petits mondes séparés sans
être isolés, et les hommes assis dans leur abri, entre rêve et
attention rivée au fil plongeant dans l'argent que les gouttes de la
pluie trouaient.
Me suis demandée s'ils
avaient l'espoir de voir, au coeur d'un de ces remous, la trace d'un
contact, une plongée du fil, ai attendu d'assister à cet instant
d'activité fébrile que tout le calme de l'étang, des parapluies,
de l'herbe, de la pluie lente attendait.
Et je me suis assise dans
l'herbe trempée, un peu plus loin, terminant la ligne après le dôme
vert, après le dôme gris, j'ai fermé mon parapluie qui était
devenu inutile sans qu'ils jugent utile de s'en apercevoir.
J'ai attendu, je suis
entrée dans leur monde sans durée, détaché de tout ce qui n'était
pas ce petit univers où m'étais imposée sans l'émouvoir.
La nuit est descendue peu
à peu, nous nous sommes levés dans les teintes qui palissaient et
se noyaient dans une union crépusculaire.
Nous sommes partis sur la
route, moi les suivant, leur parapluies roulés, leurs pliants sous
le bras, sans le moindre seau ou récipient contenant une pêche,
jusqu'aux premières maisons.
Lorsque tu es entré après
moi dans le restaurant de l'hôtel, tu es venu me rejoindre à ma
table, et nous avons dîné dans un silence qui s'est dissipé peu à
peu.
8 commentaires:
Merci pour ces prémices souriantes de l'été indien et de votre hiver musical, où nous vous suivrons avec plaisir jusqu'en cosaquie batave !
Le festival ne s'arrête jamais, pour vous !
Après-midi dans ta cour, moi sur ma terrasse, l'été s'enfuit et m'ennuie.
mais pour retrouver metteurs en scène que j'ai beaucoup aimé, il me faut maintenant passer outre mon refus de revenir à Paris en touriste
Avoir un moment pour revenir flâner chez brige, tu parles d'un plaisir !
Belles perspectives!!c'est doux au moral comme le soleil léger qui revient se faire pardonner
J'aime ton ombre en chemin vers la Fnac pour des billets prometteurs de beaux spectacles. Et cette perspective de voyage vers Pays-Bas et vers Paris..que je te souhaite déjà, très agréable.
J'aime bien l'ombre à la taille fine !!!!
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