sur mon chemin, face à
moi, la façade nettoyée, que le soleil réchauffe,
et puis dans un coin, à
gauche, en jonction de l'immeuble mitoyen
des signes qui semblent
anciens, pas antiques, juste anciens
comme s'ils étaient neufs
lors du décapage, assez neuf pour avoir l'énergie de résister, de
refuser de disparaître
ce n'est certainement pas
ça, mais ça me plait
ce pourrait aussi être
une tentative sur la pierre rajeunie, mais qui, intimidée par cet
espace redevenu vierge, aurait hésité à se fixer, s'affirmer
comme ils hésitent à
être lettres,
comme très dessinés,
fermes, ils hésitent au bord de l'ordre
programmés pour être
sagement élégants, le refusant
un désordre qui n'ose
être franc, s'afficher comme souillure
un décor qui, découragé,
sait d'avance qu'il ne sera pas considéré comme tel
et mon étonnement de ne
pas l'avoir remarqué plus tôt, là, dans l'axe de mes trajets
et mon absurde impression
d'une fraternité
En début d'après midi,
quand la cour se fait fournaise abrutissante, trouver la chaleur en
belle gloire dans la rue, et la savourer sur le trottoir ensoleillé
et puis se renfermer dans
l'antre, paresseusement, avant la nuit et le beau programme du
concert qui clôturait la saison de l'orchestre (avec le choeur
symphonique Avignon-Provence, et des chanteurs invités, Sabine
Revault d'Allonnes, soprano, Mathilde Rossignol, mezzo, Rémi
Mathieu, ténor et Pierrick Boisseau, baryton, pour la seconde
partie)
concert «spirituel»,
avec
- le Prélude de
Vèzelay (Croisé s'en va-t'en guerre) de
Jacques Berthier (le compositeur de Taizé, mais pas que),
dont le programme m’apprend qu'il a été composé pour un son et
lumière en 1956 (avant que cela devienne la mode ce qui fait que les
habitants auraient protesté de voir leur nuit ainsi troublée) pour
la Pentecôte à Vezelay.. une marche assez sourde pourtant, avec il
est vrai des envolées glorieuses...
mais comme la salle était
nettement plus remplie que pour l'opéra de mardi (Mozart au
programme), et comme la température était, ma foi, de belle
épaisseur, comme apprendre à s'éventer demande application et
temps j'étais derrière une tornade qui m'envoyait air chaud sans
soulager les joues d'une dame et devant un programme qui se prenait,
volume d'air brassé et bruit de rotor, pour un hélicoptère de
combat...
me suis déplacée sans
bruit, installée derrière une femme qui maniait son éventail avec
l'efficacité et réserve nécessaire, seulement je ne voyais presque
rien...
alors c'est en l'écoutant
que j'ai apprécié
- la symphonie n°5,
dite Les lumières de la nuit de
Marcel Landowski (lequel, avec d'autres oeuvres, est au programme de
tous les concerts que l'orchestre donnera en juin au Pontet, à Saint
Martin de Creux, à Monteux, à Avignon...) - un premier mouvement
avec une belle utilisation des cordes et des bois, en accord diapré
avec les cordes, en dialogue, en points d'orgue... des flèches de
lumière, des ruptures sur coups de gong, des tintements de cloche,
une belle phrase du cor anglais.. - un second mouvement toujours
nocturne, mais nuit inquiète, trilles, trémolos – un finale
débutant dans le chant calme des bois, un allegro, une trompette, un
mouvement ample et les applaudissements
entracte,
avec trois bouffées de cigare sur le balcon, et une tentative de
deviner quel serait le bon emplacement pour la suite
ai
cru l'avoir trouvé, la scène s'est remplie et nous nous sommes
calés dans nos sièges (enfin pas moi, je pratique le bout de
fesses, d'autant que je voyais mal sans cela) pour entendre la
messe en ut mineur de Mozart
(dite la grande messe)
beauté
de la musique, beauté du choeur, un avis légèrement mitigé sur la soprano (mon
sale goût), plaisir du laudamus te chanté par la mezzo, de leur duo
etc.. et puis, après le beau et solennel credo, au premier rang un
programme s'est transformé en chasse mouche manié avec une énergie
qui n'aurait pas été toléré par l'émir ainsi assisté, et qui
m'a fait me lever, me reculer, écouter entre suée d'énervement,
équilibre instable pour tenir le strapontin afin qu'il ne se replie
pas en dérangeant tout le monde, et l'écoute captivée du beau et
relativement long et incarnatus est... à la fin duquel ai replié
ledit strapontin, sans bruit finalement, et me suis adossée à la
porte pour écouter la suite, regardant avec admiration le baryton
qui avait fait l'effort de venir, d'endosser habit et noeud papillon
(l'orchestre avait opté pour chemise noire au col ouvert et pantalon
de même ton - et bien entendu décolletés pour les femmes) pour écouter, assis,
avant,
enfin, d'avoir droit de chanter, fort bien, quelques notes dans le
benedictus final…
saluts,
re-saluts, et une Brigetoun qui lâchement, après le troisième, pendant que les ovations continuaient, s'est éclipsée avant tout le monde... fatiguée était.
4 commentaires:
Vézelay... la colline inspirée (il me semble), visité une fois, grande basilique, petites rues qui grimpent, et la maison de Georges Bataille...
Ah!! le piège des strapontins et l'incivilité "programmée"
il vous semble bien…
un beau programme en lutte vraiment avec la calor
Malgré la musique, la nuit restée chaude...
Enregistrer un commentaire