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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, septembre 30, 2016

La réalité, le travail, la matière et l'écriture


retomber dans la réalité en réalisant ce matin que les branches suppliantes qui dépassent depuis deux jours le mur de l'Hôtel d'Europe, face à ma porte, et que ne voyais plus, déjà habituée à leur compagnie pendant les mois à venir n'avaient rien de naturel en cette saison
et que le bonhomme dans l'un des grands platanes l'autre jour ne soignait pas avec tendresse la forme de la frondaison au printemps prochain mais intervenait en urgence avant que la chute rousse des feuilles inondent la cour, le tapis rouge, les tables où s’attablent devant des assiettes au contenu raffiné pour des soupers dans la tendresse de la nuit, en écoutant le piano égoutter ses notes.
Bataille avec des petites tâches ordinaires qui dans mon cas, avec ma maladresse que l'âge renforce, prennent un temps démesuré, le repassage de cinq ou six bidules, soigneusement, rageusement, avant de les pendre si serrés sur la tringle qu'ils en sortiront froissés, peut durer plus d'une heure... maugréer avec résignation devant l'habitude que les objets ont de s'échapper de mes mains, enfin pas toujours, les mystérieux fonctionnements ou non de l'électricité… 
et pour le reste partager temps entre des tentatives suivies de retraits pour m'intéresser aux politiques de nos jours, et une plongée, par étapes, parce que tout les billets évoquant ce travail sur le tiers.livre http://www.tierslivre.net m'avait passionnée, dans le dossier de Chant d'acier, (pourriez en faire autant, l'ensemble étant assez copieux) après avoir regardé le teaser du film chez Pages et Images https://vimeo.com/161476177 (jeté aussi coup d'oeil, le soir sur les autres vidéos http://www.pagesimages.com) ; ma fascination devant la beauté grandiose et terrible de la fusion, la beauté horrible de la cokerie, les hommes, leur travail, l'atelier d'écriture
Avec François Bon, l’écrivain, faire écrire sur un monde clos, la plus grande aciérie de France, ArcelorMittal à Fos-sur-mer. Faire écrire aujourd’hui les ouvriers et les cadres d’une usine sidérurgique. Pour faire apparaître un site à la fois bien réel dans ses composants, du minerai en tas jusqu’aux bobines d’acier, et créateur d’un lieu rêvé, celui que se réinvente chacun à partir de son expérience. Elle est faite de micros histoires, de fragments, de points de vue différents. Un monde vu, écouté, respiré et raconté par ceux qui y vivent ou en ont vécu le quotidien.
les entretiens filmés avec François Bon des grands témoins
d'abord les trois syndicalistes (une fois encore me réconcilier, à la base, avec la CFDT) Serge Gearain, Richard Gasquez et leur histoire et Jean-Louis Malys
avant le bel ensemble constitué par les écrivains Thierry Beinstingel et Leslie Kaplan, un dessinateur François Schulten, un philosophe Bernard Stiegler et une architecte Maëlle Tessier
et puis lecture (passionnée) du livret de l'atelier d'écriture mené par François Bon en 2012-2013 à Fos avec des photos de Pierre Bourgeois, paragraphes sans signature, suivant un texte de François Bon
L’aciérie, pour moi, a d’emblée été un choc esthétique autant qu’humain.
Celle de Fos, dans la déclinaison de tous ses noms, Sollac, Solmer, Usinor, Arcelor avant que la vente au magnat indien Mittal en fasse une pièce parmi d’autres d’un puzzle mondialisé, avec tous les risques que cela comporte, je ne la connaissais que du dehors – géant émergeant au bout des digues, avec les minéraliers attendant au large, se détachant sur le ciel de Camargue.
Le Comité d’établissement, alors sous la responsabilité de Richard Gasquez et Serge Geairain, s’était toujours illustré par ses initiatives culturelles. Les hommes qui travaillent ici sont aussi photographes, musiciens, ils voyagent, plongent et certains mêmes publient des romans. L’invitation pour des portraits faite à un peintre incitait à une nouvelle exploration : s’approprier l’écriture... (un … qui dit bien plus que cela en fait)
Textes donc, sans signature (mais la liste des contributeurs est donnée en entrée), et repris, tous ou la plupart je ne sais, dans le film, regroupés par thèmes qui suivent un ordre alphabétique accélération, aciérie, action, alarme, ascenseur, astreinte (là je mets une étoile pour Pas louper), avant etc.... brame (là je me demandais vraiment ce que c'était, en sirédurgie, ai lu, ai cueilli des sigles, des chiffres et ce qui suivait d'inquiétant, pas sûre d'en savoir beaucoup plus, comme lorsqu'on débarque dans une discussion entre gens d'un métier, ou du moins d'avoir saisi la différence avec alarme), by-pass etc... et au détour de certains textes comme cokerie la présence du féminin dans ce monde où on ne l'imagine pas.. etc... et au hasard, presque, un des presque au hasard qui se présentaient à moi (autres au hasard plus lyriques, ou individuels, ou… et cet étonnement, ce regret de n'avoir pas plutôt choisi ceci ou cela)
dégrossisseur
Écran dégrossisseur : extraction en cours. Écran fours : les petits pavés se déplacent par saccade. Vue du four de face, à hauteur d’homme : l’extracteur se faufile sous la porte qui se referme lourdement derrière lui, comme une herse de château fort. Écrans endoscopes : les brames suivantes attendent sagement leur tour. Écran dégrossisseur : RSU OK, GO TABLE – la brame est laminable, on n’a pas perdu l’auto. La brame rouge, lumineuse, s’ébroue lourdement sur les rouleaux. Bruits de martèlements en tribune B4. Jet puissant du décalamineur : la rouille s’écoule en tourbillons noirs sur l’acier rouge. Bruit d’eau vaporisée. La brame s’engouffre dans la presse et disparaît. Plus de visuel, on passe aux écrans. Appel de B4 : dégro OK, pas de refus d’engagement. Vue plongeante sur l’ébauche qui s’éloigne. Appel de B6 : finisseur OK, contrôle qualité OK. Aucun signe extérieur visible, du moins je le crois. Je me sens léger, au ralenti. Je sais, je sens que pour y arriver, tout est en moi, déjà. Rien d’autre n’entrera plus, d’ailleurs. Donc tout y est, tout est làet le etc.. reprend
Voir aussi les vidéos intitulées chant acier – cahier que François Bon poste actuellement sur sa chaine YouTube https://www.youtube.com/channel/UCyhmq2FXs8JxwkFLUgQ2n4w

2 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

L'acier demandait ce lyrisme, on ne pense pas souvent à ceux qui l'ont fabriqué de leurs mains presque nues.

Brigetoun a dit…

et puis c'est somptueux, fascinant vraiment (déjà je ne résiste pas à un feu de bois dans une cheminée, alors - sourire)