réveil sans ressort,
lavage cheveux, lentement,
sortir robe hésitante,
puis aspirateur, cire,
savon sur carreaux, rincer en trouvant délicieux le contact des
dalles mouillés, cuisine, repas rapide, peux pas, peut-être taxi,
et puis s'en aller vers
treize heures et quart en évitant les rues trop passantes, au moins
jusqu'à la fin de Joseph Vernet avant les brasseries et théâtre
non spectacle, colloque entre esprit et carcasse, et peu à peu une
envie de rire se frayant
savourer l'ombre des
derniers cent mètres, avant la gare routière...
Vedène, traversée du petit désert brûlé, forme
renaissante, ne pas y regarder de trop près grâce à quelques
échanges agréables (quoiqu'on commence, comme toujours après le 15
juillet, à rencontrer en majorité des parisiens encore imbus de
l'urgence, et de leur importance, dans les files, les cars etc... –
sais pas pourquoi ils sont toujours charmants au début – et je me
sens alors, maintenant, furieusement avignonnaise)
et mon attente, parce que
n'avais finalement jamais vu de spectacle de Katie Mitchell, et qu'on
en dit généralement le plus grand bien, de voir quel était son
regard sur les bonnes de
Genet
comme
suis encore en petite forme, je me borne ici à reproduire la
présentation sur le site du festival (d'où proviennent également
les deux photos de Jan Versweyveld)
Katie Mitchell donne
une ampleur européenne aux réflexions de Jean Genet et déplace la
situation des fameuses bonnes de l'après-guerre de l'appartement
parisien de Madame au centre d'Amsterdam d'aujourd'hui. Là, elles
sont désormais polonaises. En l'absence de leur maîtresse, Solange
et Claire y jouent toujours à prendre son rôle, sa voix, ses
manières, à se maltraiter et à la maltraiter... Mais si Madame
revêt les attributs et les atours de la puissante patronne,
l'inversion des rôles est posée – dans la lecture de Katie
Mitchell, il s'agit plus de soutenir une réflexion sur
l'exploitation patriarcale que de parler de la domination des femmes
par les femmes. Le destin fatal des soeurs Papin qui inspira sa pièce
à Jean Genet résonne donc cette fois avec la situation de milliers
de femmes d'aujourd'hui, émigrées économiques, sous-payées,
recluses dans la clandestinité ou sous l'écrasante supériorité de
ceux dont elles dépendent. Débarrassées de Monsieur qu'elles ont
réussi à faire emprisonner, les deux bonnes manigancent la
disparition de Madame, son étonnant conjoint travesti. Leur jeu
dangereux, qu'elles agrémentent d'un saisissant suspense, apaise
leur rage jusqu'à ce qu'il prenne un tour plus concret. Le passage à
l'acte est-il possible?
Beau
décor qui pourrait sembler froid comme du papier glacé mais ne
l'est pas, belle interprétation, ai trouvé cela intelligent, y
compris, ma foi, le choix du travesti parce que le genre, parce que
Genet... malgré la stupidité, surprenante compte tenu de
l'ensemble, mais symptomatique de ce qui m'horripile dans la nouvelle
génération des féministes, de cette dernière phrase sur le
programme de salle Et il me faut aussi admettre quelque chose : la
féministe en moi se refusait à raconter l'histoire d'une femme
opprimant d'autres femmes.
En
fait j'ai admiré le travail, regardé, n'ai pas eu mes brusques et
brèves absences qui viennent toujours tôt ou tard me voler quelques
minutes (pas plus) du spectacle, mais suis restée froide.
Car conversant, pas forcément de ce spectacle là, mais aussi...
Retour
à travers l'autre festival, sans m'attarder, pour avoir temps de
faire cuire patates, boire une demie tasse de thé, arroser, entrer
et sortir de la douche, mettre jean et tee-shirt propres, pas très
bien repassés.. préparer ceci et repartir, en choisissant d'oublier
les réserves entendues dans le car – se trompaient forcément ces
jeunes femmes averties – vers la cour du Lycée Saint Joseph.
en
forçant l'allure parce que j'ai réalisé en cours de route que dans
mes calculs je m'étais gourée d'une petite demie-heure... alors
Brigetoun a pris son autorité de vieille femme habituée du grand
festival... et avec des pardons, des sourires mais aussi des gestes
de bras invitant à dégager mon chemin à partir du moment où avec
la rue des Lices j'ai retrouvé des petits attroupements ou des
familles flâneuses,
je suis arrivée juste avant que la longue queue
(mais comme j'avais ma bonne place au milieu du premier rang ça
n'avait pas d'importance) se mette en mouvement.
Une
petite attente pendant que l'on vendait les places non occupées et
ont commencé les un peu moins des quatre heures prévues à
l'origine (en fait de 21 heures à un peu moins d'une heure) d'Ibsen
Huis de Simon Stones, acteur, auteur et metteur en scène
australien dont n'avais jamais entendu parler... spectacle à nouveau
en néerdlandais (c'était le jour) avec six panneaux différents
pour le sous-titrage ce qui facilitait les choses pour ne pas trop
perdre de vue l'action ou ne pas être dans un brouillard quand au
sens des échanges.
Comme
les jeunes femmes le disaient dans le car cela brasse à peu près
tous les sujets (enfin tout de même pas) qu'on retrouve dans les
spectacles actuels, il faut un certain temps - mais en fait pas
tellement, c'est très bien fait - pour savoir qui est qui, d'autant
que comme cela se déroule en sautant en avant, en arrière, dans le
temps de trois générations, une actrice peut jouer plusieurs rôles
de jeunes femmes, un acteur être un père, un ami etc... mais ma foi
je n'ai pas eu à mettre en jeu mon esprit de contradiction pour, non
pas crier au chef-d'oeuvre, mais aimer, beaucoup et me sentir bien,
comme on aime un roman choral de belle qualité.
photo
de Christophe Raynaud de Lage prise sur le site (pour en voir
davantage si le coeur vous en dit
http://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2017/ibsen-huis
sur lequel je recopie, pour une idée assez faible de ce qu'est ce
spectacle :
Les personnages qui
arrivent au plateau incarnent la même silhouette. Sont-ils cousins,
soeurs, filles et fils d'un unique personnage imaginé par Henrik
Ibsen ? Que révèle la maison-mère pensée par Simon Stone ? À
partir d'un lieu central, d'un centre nourricier qui trône sur
l'immensité du plateau de la cour du lycée Saint-Joseph, le metteur
en scène australien décide de proposer une architecture en kit à
l'image d'une généalogie : chaque chapitre de la vie de cette
famille est une pièce, la maison se pèle et s'ouvre comme un fruit,
les spectateurs passent d'une oeuvre à l'autre. (en
fait il n'est absolument pas nécessaire, si même c'est possible, ou
désirable, puisque la construction implacable de la pièce d'Ibsen a
disparue dans ce prélèvement, de chercher à quelle pièce
correspond telle ou telle situation, qui reprennent les thèmes les
plus fréquents, mais il est préférable, en tout cas plus simple, de suivre instinctivement le spectacle pour
lui-même et la façon dont les époques s'entrelacent, venant dans
un désordre apparent qui permet de comprendre par le passé ou
de réaliser par le futur ce qui se joue, puisque, malgré quelques
emportements, le plus grave, comme dans toute famille, n'est pas dit
crument).. Avec
une continuité dramaturgique réexplorée, il questionne, dans
cette Ibsen huis,les problématiques familiales par temps de
crise, les blessures qui n'ont pas guéri. Chambre, cuisine ou encore
grenier de cette maison de vacances portent en eux les traumas et les
affrontements, mais aussi les souvenirs heureux. À partir de sa
propre expérience, Simon Stone mêle la vie d'individus croisés
aujourd'hui et le bestiaire de personnages si chers à Ibsen : ceux
qui soulèvent le drap recouvrant les mensonges de la vie
quotidienne. Écriture au plateau, performances d'acteurs choisis
avec soin, dramaturgies plurielles se jouant des deux derniers
siècles, Ibsen huis est une pièce qui emprunte de
nouvelles trajectoires théâtrales pour continuer à questionner
l'Homme et son instinct de survie
et
après avoir suivi les personnages pendant un peu moins de deux
heures dans diverses péripéties liées à leurs séjours, leurs
retours, dans cette maison construite par Cees, (même si l'idée
qui a fait sa renommée tient beaucoup d'un autre personnage),l'architecte,
le grand homme, qui aime tant les jeunes filles de la famille.
après
un long – trente minutes – entracte dans le jardin du Lycée qui
prend des allures de fête dans un conte, avec petites bouchées,
tartes, vin, bière ou eau si on le désire...
on retrouve la maison
en construction, en kit, (photo de Christophe Raynaud de Lage) et
puis vide, à la fin, reconstruite après avoir brûlée...
Brigetoun,
heureuse d'avoir tenu le coup et heureuse de ce qu'elle avait vu, et
tant pis si je prévoie qu'on va se gendarmer au nom d'Ibsen et de la
profondeur de ses personnages, était un tantinet lasse et s'est tout de même levée pour applaudir debout sur le côté, et
même s'échapper, la seconde environ, pendant le troisième salut,
honte à elle.
5 commentaires:
Merci pour l'ambiance, les photos et les mots !
Bon courage pour la suite et la chaleur...
Bon appétit en joyeuse compagnie
fraternelle oui, et douce espérons, surement en fait
joyeuse oui, un peu mais je suis une étape sur chemin vers amie hospitalisée alors..
Ibsen ..regal j'aurais aimé
c'était sa maison, mais n'était pas là.. on pensait à lui seulement
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