matin, réveil en mélange
de plaisir de ma journée de la veille et découragement devant la
tenue de paumée... et puis broutilles, lavage cheveux, repassage,
déjeuner un peu trop, vraie sieste et humeur quasi guillerette (sauf
prise de conscience de la journée d'enfer, ou presque, que me suis
préparée pour samedi, et recherche de solutions)
et puis vers dix sept
heures, remplacer short et vieux tee-shirt par jean et chemise et
partir au long de la rue Joseph Vernet en me frayant passage dans le
mur de chaleur, en saluant Keith Harin dans le jardin de Lambert (une des expositions à voir en août ou septembre), en trouvant ombre sans beaucoup plus de fraîcheur boulevard Raspail, jusqu'au Lycée Mistral et son gymnase..
un moment d'attente dans
le bruit des cigales, une rencontre agréable,
pénétrer, brumisateur en
main pour franchir choc de cette clim que je redoute (d'autant qu'à
cause du plan terroriste ou plutôt anti.. qui veut que les places
sont numérotées ici aussi je me trouve dans le vers le haut des
gradins et pas très loin du centre - au lieu de ma place habituelle
à côté de la sortie)
mais attente au coeur, pour assister à Scena
Madre d'Ambra
Senatore (derrière ce beau nom une chorégraphe italienne que ne
connaissais pas, shame, patronne du Centre chorégraphique de Nantes,
depuis un an et demi) Dans son travail,
le quotidien - observé à la loupe - travaille et se décale jusqu'à
ce que le geste se «fictionalise» et la dramaturgie de la danse se
«théâtralise»
je reprends une des photos
de Bastien Capela (il y a aussi sur le site du festival une vidéo
avec une dame, enfin avec Ambra Senatore parlant avec force
expressions, un beau visage mobile, mais sans qu'on l'entende,
pendant que des gens s'agitent et qu'on entend des voix venues d'on
ne sait où) qui est plus que je n'en ai vu
et, paresseusement
quelques phrases de la présentation du spectacle sur la même page
http://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2017/scena-madre
Suites de scènes de la
vie. Successions de quotidiennetés et d'insolites. Sur un plateau
presque vide, une rue apparaît, puis un naufrage, puis une cafèt'
d'entreprise ou encore... La chorégraphe italienne Ambra Senatore
cultive la surprise et nous parle des décalages et de l'humour qui
prennent le pas sur le réel mais aussi du mouvement qui se poétise
quand le langage peine à dire... Strates de sens, couches de
dialogues et accumulations de gestes se superposent pour finir par un
éclatement. Il s'agit d'une succession de trop pleins et de silences
qui naissent tous d'une même matrice : la scène-mère...
Tout
ceci, et ce que la chorégraphe dit sur le programme de salle était
fort intéressant me semblait-il, devait l'être d'après la réaction
du public, mais la frustration n'en étzit que plus grande, parce que
si j'ai perçu à partir de la moitié, quand mon humeur était bien
rogue, après des aperçus sur des corps entre les deux nuques et le
chignon qui occupaient à peu près tout mon champ visuel sans
pouvoir avoir la moindre idée des mouvements des danseurs, de leur
nombre sur scène, de leurs interactions et de la chorégraphie des
déplacements.. si donc j'ai fini par percevoir avec la musique, des
bribes de phrases, répétitives qui disaient banalité branchée de
bon ton (un rien rebatu que le traitement, qui continuait à
m'échapper, sauvait) l'exaspération jointe au malaise mal réprimé
de la clim (migraine) me donnait furieuse envie de sortir... ce que
me suis résignée à faire, avec le plus de discrétion possible,
dans un trou et passage au noir, qui s'est révélé être la fin (petite absurdité qui m'a déridée)...
Je ne saurais donc parler de ce spectacle avec objectivité.
Retour
à pas de plus en plus grands et fermes pour évacuer ma rogne.
Arroser, faire cuire patates, rédiger et mettre en place ceci, me
rafraîchir, endosser une tunique un peu plus raffinée que le coutil bleu pour le sourire, et repartir
en
flânant presque pour être une demi-heure à l'avance comme
recommandé,vers un spectacle qui me semblait désirable, dans le
cloître de... (et là ma foi j'ai fait se télescoper le Cloître
des Carmes et une conversation de l'après-midi au sujet des
Célestins, vers lesquels suis partie tranquillement)
Passées
les tables et l'animation de la place des Corps Saints, n'ai pas vu
l'ombre d'un spectateur, ai plongé la main dans mon sac et en même
temps pensé = -o courge, c'étaient les Carmes – bon affolement,
maîtrisé et tous records battus,
suis arrivée à dix heures moins
dix, avec sans doute bouille de travers – et en fait à cause des
retardataires le spectacle a commencé à dix heures 20 –
l'heureuse surprise de découvrir que j'étais au premier rang,
devant les arcades voilées de toile grège, entre les contreforts,
un plancher irrégulier, entre les lattes duquel poussaient des
herbes filles, que le vent qui nous visitait à ce moment, bruissait,
mais nous touchait à peine, faisait danser mollement.
C'était
Sopro ou souffle un spectacle de Tiago Rodriguez dont
suis bien trop lasse (et puis pas envie de faire le détail au risque
de détruire, parce que j'ai senti quelques passages un peu long)
pour dire simplement qu'il avait la grâce, que c'était souvent
drôle, souvent profond, intelligent, que les acteurs étaient beaux
et très bons, que des fragments de pièces s'invitaient et
intervenaient peut être dans la vie de la directrice , des
acteurs... que la souffleuse pouvait être l'une des trois actrices
qui prenaient en charge une de ses facettes, mais pouvait également
devenir Ismène ou la petite fille qu'elle avait été (la
souffleuse) et que le portugais est une si belle langue que, ne le
comprenant pas, on trouve encore plus miraculeux les mots de la
traduction qui s'affiche.
Pour
éclairer un peu la chose, je reprends une partie du texte
Quand le théâtre
serait en ruines, quand ne resterait rien des murs, des bureaux, des
coulisses, des machines, du décor, quelqu'un subsisterait : le
poumon du lieu mais aussi du geste théâtral, le souffleur. Les
voix, les sons, les musiques qui d'habitude habillent la scène sont
maintenant en retrait et la respiration du théâtre entier, ce que
personne n'entend, pour une fois, est devant. Gardienne de la mémoire
et de la continuation, une femme a passé toute sa vie dans ce
bâtiment où chaque jour on a joué, où on s'est réuni. Ce soir,
elle souffle ses histoires, des vraies, des fausses, toutes écloses
au théâtre. Elle est à vue, en scène. Tiago Rodrigues sort de sa
boîte, de sa «maison», ce métier en voie d'extinction et convainc
celle qui n'a toujours eu que le bout des doigts sur scène de venir
«souffler» une époque disparue... On en vient à avant ;
avant que le texte existe, avant que la voix porte, dans un jeu
d'avant-jeu où le théâtre prend sa grande inspiration.
Il
y a aussi une vidéo, de la création hors
Avignon sur http://www.festival-avignon.com/fr/spectacles/2017/sopro
Saluts, et une Brigetoun
toute joyeuse et requinquée revenant vers l'antre à travers la
ville s'attardant dans la chaleur de l'été
Demain une
journée qui me fait un peu peur, pas certains de ne pas offrir mon
billet pour le spectacle Py à la Fabrica si quelqu'un assistant au
premier spectacle le désire...
4 commentaires:
Des hauts et des bas et déjà la tête tourne. Courage, ça ne fait que débuter !
Le théâtre demande du souffle (mais il me semble que cette fonction a quasi disparu, non ?)... vous avez pu rattraper votre confusion entre deux cloîtres, il y en a trop à Avignon !
Quitter une pièce en cours de route, pourquoi pas ? On n'est pas là pour se faire suer (bon courage pour la chaleur !)...
mon problème n'est pas tellement la chaleur que le passage brusque de la chaleur au froid rigoureux et la crispation d'angoisse de carcasse quand je sais qu'en cas de brusque besoin de m'échapper (depuis opération d'il y a onze ans) je dérangerais quinze personnes... plus la non tenue en compte de mes forces plus toutes jeunes pour un marathon de vingt deux heures comme celui prévu aujourd'hui, bon je go (et vais peut être donner un billet pour le plus gros)
Deux mots me viennent en vous lisant :
Ténacité et Liberté
Belle journée à vous
et beau festival
Enregistrer un commentaire